Au croisement du travail social interculturel et de la gérontologie sociale, cette recherche porte sur les parcours migratoires d’aînés immigrants et leurs aspirations quant au lieu où ils souhaitent vieillir. Appréhendée à partir de la perspective du parcours de vie que nous croisons à une analyse intersectionnelle, transnationale et interculturelle, cette recherche met en contexte les parcours migratoires d’aînés pour comprendre leurs aspirations futures. La méthodologie qualitative de recherche s’appuie sur le récit de vie – plus précisément le récit migratoire – comme outil principal de collecte des données. Pour ce faire, neuf (9) aînés nés à l’extérieur du Canada ont été rencontrés individuellement à deux reprises. Les parcours migratoires ont été reconstitués par la chercheure à partir du récit fait par les aînés lors de la première rencontre, puis discutés et validés par ces derniers lors de la seconde rencontre avant d’aborder leurs aspirations quant au « où vieillir » pour le futur. En ce qui concerne les parcours migratoires, les résultats mettent en lumière qu’ils sont très diversifiés, notamment selon le genre, le statut matrimonial, l’âge et les circonstances au moment de la migration. À ces facteurs de diversification, s’ajoutent ceux qui relèvent de l’histoire sociale et familiale que les aînés mettent en toile de fond lorsqu’ils racontent leur parcours. Ces histoires rendent compte de manière éloquente que les parcours de vie et de migration des aînés rencontrés sont transnationaux. Cela se constate, sans s’y limiter, à travers les liens sociaux et familiaux que les aînés ont entretenus (ou tenté d’entretenir) durant leur parcours migratoire ; leurs engagements familiaux, professionnels et militants ; leurs pratiques de mobilité et enfin, les multiples déclinaisons du « chez soi » auxquelles leur parcours a donné lieu. Ainsi, les récits de ces parcours sont des récits de migrations et surtout de vies qui ont eu lieu et lien – à la fois ou parfois – ici, là-bas, partout, nulle part, voire au-delà des frontières. C’est à la lumière de ces parcours migratoires transnationaux que se comprennent les aspirations des aînés quant à où vieillir. De fait, ces aspirations dépassent largement la question de lieu. Il s’agit d’une question de liberté, entre autres celle de pouvoir librement choisir de partir ou de rester, et ce, notamment pour être entouré. En effet, pour les aînés rencontrés, la question « où vieillir ? » est presque indissociable de la question « avec qui ? ». De même, ils expriment les souhaits de vieillir là où ils pourront poursuivre leurs engagements et être utiles. Enfin, le besoin d’être en sécurité (physique et financière) vient conditionner leurs possibilités de concrétiser ces souhaits. À partir de ces résultats, la thèse ouvre une discussion sur les multiples usages du récit migratoire auprès des aînés immigrants : pour se raconter, faire un bilan, témoigner et aussi transmettre aux autres générations, etc. Ainsi, cette recherche permet d’identifier plusieurs réalités spécifiques aux aînés immigrants et d’envisager des pistes pour une offre de services sociaux et de santé adaptés aux besoins qui en découlent. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : parcours migratoire, aînés immigrants, parcours de vie, perspective transnationale, intersectionnalité, travail social interculturel