Dans A Long Day’s Journey into Night, un personnage déclare: “[s]tammering is the native eloquence of us fog people”. Cette réplique d’Edmund nous amènera à nous interroger sur la septième proposition de Wittgenstein selon laquelle “ce dont on ne peut pas parler, il faut le passer sous silence” et à considérer alors les rapports entre l’intuition sombre, mais néanmoins perspicace, d’O’Neill et ce que Sandage nomme “l’idéologie de la finitude identitaire” propre aux Etats Unis se traduisant soit par la réussite matérielle soit par l’échec existentiel et la dépossession de l’être comme conséquence de son aveuglement. Afin de mettre en évidence ces différents rapports, j’étudierai deux figures majeures qui hantent non seulement l’œuvre d’O’Neill mais également la culture américaine dans sa quête d’identité : l’homme d’affaire qui, sans relâche, tente de s’acheter une âme et le vendeur qui est, à l’inverse, toujours prêt à vendre la sienne. Mon étude portera sur les mélodrames de jeunesse d’O’Neill puis à “Tales of Possessors Self-Dispossed”, ambitieux cycle de pièces qui s’avéra être un échec dramatique, et enfin sur The Iceman Cometh, où l’auteur parvient alors à maîtriser ce que Matthew Roudané appelle “le pouvoir talismanique du théâtre qui engendre une prise de conscience chez le spectateur et lui ouvre des perspectives de perception qui lui sont personnelles.” Taking my cue from Edmund’s remark in A Long Day’s Journey Into Night that “[s]tammering is the native eloquence of us fog people”, in the pages that follow I will be questioning Wittgenstein’s seventh proposition. “What we cannot speak of we must pass over in silence” by concerning myself with O’Neill’s insightful, if dim, intuition as to the connection that that exists between what Scott Sandage calls America’s “ideology of achieved identity”, whose outcome is either tangible success or existential failure, and the self-dispossession that comes as a consequence of self-deception. I will do this by outlining the development of two key figures that haunt both O’Neill’s work and his country’s identity quest, namely, the businessman—who restlessly tries to buy his soul—and the salesman—who is equally eager to sell his—from their initial rendering in early one-act melodramas, through the failure of O’Neill’s ambitious cycle of plays “Tales of Possessors Self-Dispossessed”, all the way to The Iceman Cometh, in which the playwright could finally master what Matthew Roudané calls the “talismanic power of the theatre to trigger public awareness and private insight.”