Cette thèse doctorale s’intéresse à la gestion du changement de 21 directions d’école appelées à mettre en œuvre une organisation en cycles d’apprentissage dans leur milieu. Ce changement complexe, prescrit par le Gouvernement du Québec dans le cadre de la réforme de l’éducation, implique des modifications majeures au niveau de l’organisation scolaire, des pratiques pédagogiques et des pratiques professionnelles. Afin de réaliser l’implantation de cette réforme au début des années 2000, le gouvernement favorisa une approche hybride qui offre de la marge de manœuvre aux écoles pour qu’elles adaptent le projet de changement en fonction de leurs besoins et des conditions spécifiques du milieu. Or, selon toute vraisemblance, l’implantation des cycles d’apprentissage reste à faire dans la plupart des écoles primaires québécoises. Les difficultés d’implanter les cycles d’apprentissage sont aussi observées en France et en Belgique francophone. Comment expliquer ces difficultés d’implantation ? Notre recherche apporte des éléments de réponse à cette question, en proposant une analyse exhaustive de ce qu’implique un fonctionnement en cycles d’apprentissage, un concept relativement nouveau et flou pour de nombreux acteurs scolaires. La portée de ce changement qui touche, entre autres, à la forme et au travail scolaire, nécessite une révision en profondeur des pratiques dans les écoles. Un changement de cette envergure est difficile à réaliser selon les écrits présentés dans cette thèse, particulièrement s’il ne constitue pas une priorité pour les autorités en place aux divers paliers du système (école, commission scolaire, ministère de l’Éducation). Ceci étant, certaines écoles primaires de l’étude sont plus avancées que d’autres dans la mise en œuvre des cycles d’apprentissage, bien qu’aucune ne fonctionne complètement en cycles. Afin d’en apprendre davantage sur les raisons pouvant expliquer ces différences, nous nous sommes intéressé à divers facteurs de réussite des réformes que nous avons regroupés en cinq catégories, soit : la vision du changement des directions d’école, les initiatives et les stratégies de gestion des directions, les conditions générales et spécifiques susceptibles d’influencer la mise en œuvre des cycles, puis les effets des cycles d’apprentissage dans ces écoles. Il ressort de notre étude que seule une minorité de directions estiment ce changement obligatoire et ont une vision conforme de ce qu’est un fonctionnement en cycles d’apprentissage. Outre ces constats, la complexité du changement a été sous-estimée. De plus, la gestion de ce changement a manqué de planification et de suivi, ce qui fait en sorte que l’implantation des cycles d’apprentissage reste à faire. Dans ce sens, cette thèse constitue aussi une forme d’évaluation de la mise en œuvre de la dernière réforme en éducation au Québec., This doctoral thesis focuses on the change management of 21 school administrator’s mandated to implement learning cycles in their school. This complex change, prescribed by the Quebec government in the context of large-scale educational reform, involves major changes in school organization, teaching practices, and professional practices. In order to achieve the implementation of this reform in the early 2000s, the government selected a hybrid implementation model that gives schools leeway to adapt the change to their needs and the specific conditions. However, it seems that implementation of learning cycles remains to be done in most Quebec elementary schools. Difficulties in implementing learning cycles are also present in France and French-speaking Belgium. How to explain such difficulties? Our research suggests some answers to this question by providing a comprehensive analysis of what is involved in learning cycles organization, a relatively new and unclear concept for many school stakeholders. The scope of this change, which affects, among other things, school organization and teachers’ work habits, requires a deep review of practices in schools. A change of this magnitude is difficult to achieve according to the literature presented in this thesis, especially if it’s not a priority for the authorities in place at the various levels of the system (school, school board, Ministry of Education). That being said, some elementary schools in the study are more advanced than others in implementing learning cycles, although none of them work completely in cycles. To learn more about the reasons of these differences, we looked at various reform success factors grouped into five categories: the school principals’ vision of change, their initiatives and strategies to implement the cycles, the general and specific conditions that can influence the process, and the effects of learning cycles in these schools. It appears from this study, that only a minority of school principals consider this change mandatory and have a consistent view of what is a learning cycles organization on a daily basis. Also, the complexity of change has been underestimated, and the implementation’s planning and monitoring was poor. Those findings may explain why this change hasn’t occurred yet.