In a house in ruins near the Ptolemaic temple of Deir al-Medina, on the Theban West Bank, the Italian Archaeological Mission (MAI), leaded by Ernesto Schiaparelli, discovered in February 1905 two sealed jars, containing 33 rolls. They revealed 44 papyri in Demotic writing, 8 in Greek and 4 bilinguals; among the linen bands wrapping them, 5 were inscribed. Altogether, these 61 documents formed the family archive of a priest attached to this temple, named Totoes son of Zmanres, and of his wife Tatehathyris. The whole was sent to the Egyptian Museum in Turin, of which Schiaparelli was the director. The Greek texts were published in 1929, whereas the edition of the Demotic papyri appeared only in 1967. Later, six of them were republished between 1978 and 1985, while four were re-examined in 1997 in a study on field leasing in the Ptolemaic period. Most of these documents are legal acts and can be dated with the help of their protocols, which name several sovereigns ruling Upper Egypt during the 2nd century BCE. The oldest one, dated 194, is counted among the rare attestations of the rebel pharaoh Chaonnophris; the three most recent ones, between 101 and 100, are the only ones giving evidence of a coregency between Ptolemy X Alexander I, his wife Cleopatra Berenice III and the heir Alexander II, the future Ptolemy XI. Moreover, they are the first evidences concerning the death of Cleopatra III. The contracts are of different types. Most of them deal with the sale or the rent of days of liturgical service in many temples on the Theban West Bank, and of their related salaries. They were an important part of the capital of these priests: a deed of covenant from this archive shows that they could have been transferred from father to son. Other legal acts concern field leasing, real estate purchases, wheat or money loans: in particular, two documents relate to a form of lease not easy to understand, another one to an exchange of animals. Family law is represented by five marriage contracts and one divorce; one last text deals with funeral expenses. The dissertation focuses on the new edition of all the documents, including the jars containing them. Direct access to the originals in Turin, as well as to archival records concerning their discovery and publication, have allowed the identification of two unpublished fragments and of the inventory numbers of the Greek papyri, the reconstruction of the exact circumstances of the finding and the assignation of the most part of the texts to their rolls of origin. The philological study has established connections between Demotic and Greek for a lot of personal and place names, has improved readings and has led to new interpretations for some texts. Notably, two legal acts and two temple oaths have revealed the transfer of the duties as agent of the goddess Hathor from a father to his three sons, with the consent of the temple clergy of Deir al-Medina. Moreover, the way of sharing their father's inheritance between Tatehathyris and her brother Pikos, with the action of Totoes as intermediary, is now better understandable. The attention paid to the scribes from a palaeographical point of view permitted to ascribe for the first time or to assign some papyri to their author and to unveil the arbitrary scribal practice of cutting protocols. Finally, the analysis of the prosopographical and topographical data has led to a family tree over many generations of the family of Totoes and Tatehathyris, as well as to a more precise picture on the one hand of the local community, and on the other hand of some religious and civilian buildings and fields in the village of Djeme, called Memnoneia in Greek., Dans les ruines d'une maison proche du temple ptolémaïque de Deir al-Medina, sur la rive gauche de Thèbes, la Mission Archéologique Italienne dirigée par Ernesto Schiaparelli découvrit en février 1905 deux jarres encore scellées, desquelles on retira 33 rouleaux. Ils décelèrent 44 papyrus en écriture démotique, 8 en grec et 4 bilingues ; de plus, parmi les bandelettes de lin qui les enveloppaient, 5 étaient inscrites. Au total, 61 documents constituaient les archives familiales d'un prêtre attaché à ce temple, nommé Totoès fils de Zmanrès, et de son épouse Tatéhathyris. Le lot complet fut envoyé au Musée Égyptien de Turin, dont Schiaparelli était le directeur. Les textes grecs furent publiés en 1929, alors que l'édition des papyrus démotiques ne vit le jour qu'en 1967. Six d'entre eux furent republiés entre 1978 et 1985, tandis que quatre autres furent examinés à nouveau en 1997 dans une étude sur l'affermage à l'époque ptolémaïque. La plupart des documents sont des actes légaux et comportent donc des protocoles de datation mentionnant les différents souverains qui ont régné en Haute Égypte tout au long du IIe siècle avant notre ère. Le plus ancien, daté de 194, compte parmi les rares attestations du pharaon rebelle Chaonnophris ; les trois plus récents, datés entre 101 et 100, non seulement sont les premiers à révéler le décès de Cléopâtre III, mais sont aussi les seuls à témoigner de la corégence de Ptolémée X Alexandre Ier, de sa femme Cléopâtre Bérénice III, et de l'héritier Alexandre II, le futur Ptolémée XI. Les contrats sont de nature très variée. La plupart concernent la vente ou la location de jours de service liturgique, qui donnaient droit à une part proportionnelle des revenus des différents temples de la rive gauche thébaine. Ils représentaient une partie importante du patrimoine de ces prêtres : une donation issue de ces archives montre en effet qu'ils pouvaient être transmis de père en fils. D'autres actes mentionnent l'affermage de champs, l'achat d'immeubles, le prêt de céréales ou d'argent ; deux documents se rapportent à une forme de bail difficile à déchiffrer, un autre à un échange d'animaux. Le droit de la famille est représenté par cinq contrats de mariage et un de divorce ; un dernier fait état de frais d'enterrement. La thèse a pour objet la réédition intégrale de ces documents, y compris les jarres qui les contenaient. L'accès direct aux papyrus originaux conservés à Turin, ainsi qu'aux archives de leur mise au jour et de leur publication, a permis de détecter deux fragments inédits, de retrouver les numéros d'inventaire des papyrus grecs, de reconstituer les circonstances exactes de leur découverte et de retracer les rouleaux d'origine, pour la plupart des textes. L'étude philologique a établi des correspondances entre démotique et grec pour de nombreux noms de personnes et de lieux, a amélioré la lecture et mené à une nouvelle interprétation de certains textes. Deux actes et deux serments ont notamment révélé la dévolution des fonctions de mandataire de la déesse Hathor d'un père à ses trois fils, avec le consentement du clergé du temple de Deir al-Medina. Les modalités de partage de l'héritage paternel entre Tatéhathyris et son frère Pikos, où Totoès a joué un rôle d'intermédiaire, ont également été mieux saisies. Une étude paléographique menée, pour la première fois, sur l'ensemble du corpus a conduit à reconnaître la main de certains scribes auxquels ont été attribués certains papyrus, tandis que d'autres textes ont été réassignés. L'analyse des protocoles a dévoilé également une pratique locale visant à les raccourcir de manière arbitraire. Enfin, l'analyse des données prosopographiques et topographiques a mené à dresser un arbre généalogique de plusieurs générations de la famille de Totoès et de Tatéhathyris, ainsi qu'un portrait plus fidèle tantôt de la population, tantôt de lieux de culte, terrains et bâtiments de la ville de Djémê, les Memnoneïa grecs.