Cadre de la recherche : Les inégalités d’accès aux modes d’accueil des jeunes enfants sont particulièrement fortes en France. Nous les analysons à travers la question du non-recours aux droits et aux services (Warin, 2016), afin de penser les bricolages de garde des familles vis-à-vis d’une offre publique locale. Objectifs : L’objectif est d’analyser les différents bricolages de garde qu’opèrent les mères des milieux populaires confrontées à une offre publique très insuffisante d’accueil de la petite enfance et à des critères d’attribution qui ne leur sont pas favorables. Méthodologie : L’enquête empirique repose sur des entretiens de type compréhensif réalisés auprès de mères (N = 27), dans trois quartiers populaires, d’une ville très faiblement dotée en modes d’accueil formel des jeunes enfants. Résultats : L’analyse montre les différentes formes de non-recours qu’ont les mères aux modes d’accueil de jeunes enfants. Ces formes sont connectées aux situations sociales et professionnelles auxquelles elles sont confrontées en lien avec une insuffisance de l’offre locale : une non-demande assumée ou revendiquée ; une non-information et une méconnaissance de l’offre et des démarches administratives ; une non-proposition et une non-réception face à des propositions alternatives à la crèche, des gardes informelles par des proches ou au noir. Avec l’avancée en âge des enfants, les mères expriment des besoins croissants d’accueil qui visent spécifiquement leur développement et leur socialisation, et non seulement les nécessités liées à leur insertion et activité professionnelle. Conclusion : Les difficultés rencontrées par les mères interrogent l’offre municipale dans le domaine de la petite enfance, d’un point de vue quantitatif et qualitatif, ainsi que les bricolages de garde combinant des solutions de garde formelles et informelles. Contribution : Pour comprendre le recours ou non des mères à un accueil extrafamilial, nous soulignons l’importance de prendre en compte simultanément la situation de l’offre locale à laquelle elles sont directement confrontées et leur propre situation sociale et professionnelle. Research Framework: Inequalities in access to childcare for young children are particularly strong in France. We analyze them through the question of the non-recourse to rights and services (Warin, 2016) in order to think about families’ childcare arrangements in relation to a local public offer. Objectives: The objective is to research the different ways in which working-class mothers choose to care for their children when faced with a very inadequate public supply of early childhood care and an allocation criteria that are not favourable to them. Methodology: The empirical survey is based on comprehensive interviews that were carried out with mothers (N = 27) in three working-class neighbourhoods in a city with very few childcare facilities. Results: The analysis shows different forms of non-use that mothers have of childcare facilities. These forms are linked to the social and professional situations they are confronted with, that is in connection with an inadequate local supply: an assumed or asserted non-demand; a lack of information and knowledge of the supply and administrative procedures; a failure to offer and receive alternative proposals to the crèche, informal childcare by relatives or under the table. As their children grow older, mothers express increasing needs for care that are specifically at their development and socialization, and not only the needs related to their professional activity. Conclusions: The difficulties encountered by mothers raise questions about the quantity and quality of municipal childcare provision, as well as the cobbling together of formal and informal childcare solutions. Contribution: To understand whether or not mothers have recourse to extra-familial childcare, we emphasize the importance of simultaneously taking into account the situation of the local supply with which they are directly confronted and their own social and professional situation. Marco de la investigación : Las desigualdades en el acceso a las guarderías para niños pequeños son particularmente fuertes en Francia. Las analizamos a través de la cuestión de la no utilización de derechos y servicios (Warin, 2016), para pensar la relación entre las demandas de las familias y las ofertas públicas locales. Objetivos : El objetivo es analizar las diferentes soluciones adoptadas por madres de sectores populares frente a una oferta pública de cuidado infantil muy insuficiente y con criterios de asignación que no les favorecen. Metodología : El estudio empírico se basa en entrevistas exhaustivas realizadas a madres (N = 27), en tres barrios populares de una ciudad con muy escasa oferta formal de guarderías. Resultados : El análisis muestra diferentes formas de no-recurso a los servicios de guardería por parte de las madres. Estas formas están vinculadas a las situaciones sociales y profesionales a las que se enfrentan, en relación con la falta de oferta local: una no-solicitud autoasumida o afirmada; una falta de información y un desconocimiento de la oferta y de los procedimientos administrativos; la falta de oferta y recepción de propuestas alternativas a la guardería, el cuidado informal de los niños por familiares o fuera del sistema oficial. A medida que los niños crecen, las madres manifiestan necesidades crecientes de cuidados dirigidos específicamente a su desarrollo y su socialización, y no sólo a las necesidades vinculadas a su actividad profesional. Conclusiones : Las dificultades encontradas por las madres ponen en tela de juicio la cantidad y la calidad de la oferta y la política municipal en el ámbito de la primera infancia, así como las posibilidades de combinar soluciones de cuidado formales e informales. Contribución : Para comprender si las madres recurren o no a los cuidados extrafamiliares, se destaca la importancia de tener en cuenta simultáneamente la situación de la oferta local a la que se enfrentan directamente y su propia situación social y profesional.