Cette thèse a pour objectif d’étudier certains aspects du traitement et de l’acquisition de la morphologie verbale du russe. Le but de ce travail est double. Premièrement, nous avons étudié le traitement d’une alternance consonantique, la palatalisation, par des adultes russophones. Ce processus morphonologique mène à l’allomorphie des radicaux dans plusieurs classes verbales dont les verbes subissent la surgénéralisation dans le langage des enfants. Deuxièmement, nous avons testé l’effet de la rétroaction négative présentée dans l’input, surtout l’effet durable, sur l’élimination des erreurs de surgénéralisation fréquentes chez les enfants en russe. Dans la première étude, nous présentons des données expérimentales sur le traitement des emprunts et des non-mots. Plus particulièrement, cette étude vise à répondre à la question de savoir comment la palatalisation de consonnes dentales et vélaires est traitée par des locuteurs adultes du russe. Les résultats montrent que la palatalisation est semi-productive en fonction des facteurs suivants: a) la distribution des allomorphes à l’intérieur du paradigme, et b) la productivité des classes verbales. Nous supposons que la différence dans le traitement de la palatalisation chez les adultes devrait être reflétée dans le langage des enfants. Notre deuxième article présente les résultats de l’étude sur les effets de la rétroaction négative dans l’acquisition de la morphologie flexionnelle en russe. Pour ce faire nous avons mené une série de tâches induites auprès d’enfants russophones âgés de 3 à 4 ans. Des verbes sensibles à la surgénéralisation en yod /j/, une erreur typique des enfants de cet âge, ont été utilisés comme stimuli. Les participants ont été divisés en quatre groupes selon le type de rétroaction (correction, question de clarification et répétition) auquel ils étaient exposés. Dans chaque groupe de participants, nous avons observé une amélioration significative en production cible de formes verbales avec le temps. Cependant aucune différence significative n’a été trouvée concernant le type de rétroaction. Ces résultats suggèrent que la rétroaction négative ne joue pas un rôle important dans le processus d’acquisition. Ensemble, les deux études représentent une nouvelle contribution à la discussion sur les processus irréguliers en morphologie et le phénomène de surgénéralisation, ainsi que sur le (non) rôle de la rétroaction dans l’élimination des formes surgénéralisées dans le langage des enfants., This thesis aims at studying certain aspects of Russian verb morphology processing and acquisition. The goal was two-fold: first, we investigated the productivity of morphonological alternations that lead to irregular verb stem allomorphy among adult speakers of Russian. The verbs in the study are known to undergo overregularization in Russian child speech. Second, we tested the (potentially) lasting effect of negative feedback on the retreat from overregularization errors in children. In the first paper, we present experimental data on the processing of loanwords and nonce words that focus on a morphonological alternation (palatalization) in Russian. This study addresses the issue of how stem allomorphy involving palatalization of the velar/palatal and dental/palatal types in the Russian verb system is processed by adults. Processing of palatalization is shown to be quite variable and to depend on: (i) different distribution of allomorphs (past/non-past or 1Sg./other forms) within the verb paradigm, and (ii) overall productivity of verbal classes. We also hypothesized that these differences should be reflected in child language verb morphology acquisition. The study presented in the second article investigates negative feedback effects on inflectional morphology acquisition in Russian. With that goal in mind, we conducted a series of elicited tasks with Russian speaking children aged from 3 to 4 years. Verbs which undergo overregularization in the non-past tense resulting from applying the yod /j/-pattern (typical errors for children of this age) were used as stimuli. Four groups of participants were formed accordingly to three types of feedback (Correction, Clarification question and Repetition), and a control group without feedback. Our results revealed a significant effect of time on target verb form production. However, no significant difference was observed as a function of feedback type, or even where there was no feedback. This finding supports the general hypothesis that negative feedback is not an important factor of language acquisition. Altogether, the results presented in this thesis provide new insights on irregular processes in Russian verb morphology, as well as on the inefficiency of negative feedback in the acquisition of L1 morphology.