Version revue par l'auteur en 2015; International audience; All the languages of the Vietic group are tonal. Since the diachronic development of tone in Vietic followed the same overall pattern, tone categories are expected to show regular correspondences. Yet there are many cases where certain words in one of the languages (or in a group of languages) do not carry the tone that is expected in view of the regular historical-phonetic laws. These irregular tone correspondences constitute a real issue, which the linguist needs to address. Three types of irregular correspondences are examined. (i) The first type is due to the devoicing of sonorants in sesquisyllables in Proto-Việt-Mường, resulting in high-register reflexes in Northern Vietic (Vietnamese and Mường) vs. low-register in Southern Vietic (all the other languages of the group). For example, sesquisyllabic Proto-Vietic *k.ma ‘rain’ yielded a high-series tone (A1) in Vietnamese: /mɯəA1/ (orthography: mưa). The proposed explanation is that, under the influence of Chinese (which had already undergone monosyllabicization), *k and *m came to be articulated as an initial consonant cluster *km-, and their strong coarticulation detracted from the voicing of the nasal, so that it patterned together with voiceless onsets at the stage when a consonant shift among initials took place (Haudricourt 1965, 1972). In Southern Vietic, on the other hand, voicing of the *m was preserved through the sesquisyllabic realization of *k.ma as [*kəma], hence the development of a low-series tone, e.g. Pong /kəmaA2/ and Liha /maA2/.(ii) The second type is due to the voicing of medial stops in Vietnamese after an initial *r, resulting in low-register reflexes in Vietnamese vs. high-register in all the other languages (including Mường). For example, *r.ka ‘chicken’ yields Vietnamese gà [ɣaA2], vs. Mường, Cuối, Pong and Thavung /kaA1/, Sách/Rục /rəkaA1/, Arem /ləkæ(1)/, and Mã Liềng /ŭkaA1/. (iii) The third type is due to the loss of Proto-Austroasiatic initial voicing in Northern Vietic languages, resulting in high-register reflexes, as against the expected low-register reflexes in Southern Vietic. This is interpreted as a substratum effect dating back to the time when Proto-Vietic spread northwards onto an Austroasiatic substratum of languages that lacked voiced stops (a set of languages of which the Khmuic language Ksing Mul arguably constitutes a remnant).; Toutes les langues du groupe vietique sont des langues tonales. Les tons en vietique s'étant formés selon un même processus historique et rentrant dans un même schéma général doivent normalement se correspondre d'une langue à l'autre dans les mots provenant d'un même étymon. Cependant on peut observer de nombreux cas où le ton de certains mots dans une langue, ou un groupe de langues, n'est pas le ton attendu d'après les lois phonétiques régissant ces correspondances. Ces disharmonies tonales posent un réel problème de phonétique historique des langues vietiques que le linguiste se doit d'essayer d'élucider. Trois types de disharmonies tonales sont examinés.(i) Le premier provient du dévoisement des sonantes dans les sesquisyllabes au stade du proto-việt-mường, qui a pour aboutissement des tons du registre haut dans les langues nord-vietiques (vietnamien et mường) face à des tons du registre bas en sud-vietique (tout le reste du groupe vietique). Par exemple, la forme sesquisyllabique *k.ma ‘pluie’ du proto-vietique est reflétée par un ton de série haute (A1) en vietnamien: /mɯəA1/ (orthographe: mưa). L'explication proposée est que, sous l'influence du chinois monosyllabique, *k et *m ont été articulés comme un groupe *km-, dont la forte coarticulation a abouti au dévoisement de la nasale, d'où le traitement du groupe comme une initiale non voisée au stade de la mutation consonantique des initiales (Haudricourt 1965, 1972). En sud-vietique, en revanche, le voisement du *m a été conservé, le sesquisyllabe *k.ma ayant une réalisation phonétique qu'on peut reconstruire comme [*kəma], d'où le développement d'un ton de série basse, par exemple /kəmaA2/ en pong, et /maA2/ en liha.(ii) Le second type s'explique par le voisement des obstruentes médiales sourdes en vietnamien lorsque la présyllabe était *r, ce qui aboutit à des tons de série basse en vietnamien correspondant à des tons de série haute dans toutes les autres langues, y compris le mường. Par exemple, *r.ka ‘poulet’ donne gà [ɣaA2] en vietnamien, tandis que les autres langues ont un ton A1: /kaA1/ en mường, cuối, pong et thavung, /rəkaA1/ en sách/rục, /ləkæ(1)/ en arem, et /ŭkaA1/ en mã liềng. (iii) Le troisième type tient à la perte du voisement de la consonne initiale dans les langues nord-vietiques, d'où des tons de série haute, face à des tons de série basse dans le reste du groupe vietique. L'interprétation proposée est que la perte du voisement est due à un effet de substrat, remontant à l'époque à laquelle le proto-vietique s'est étendu vers le nord, recouvrant un substrat de langues austroasiatiques dépourvues d'occlusives voisées; le ksing mul, langue khmuique, constituerait un représentant moderne de ce groupe de langues en partie recouvertes par l'expansion du proto-vietique.