Revenir sur ses pas. Le pèlerinage à Chalma (Mexique) et l’intégration d’un ethnologue « porteur ». La plupart des études ethnologiques du pèlerinage se focalisent sur le point de vue des dévots qui font le parcours pour aller à la rencontre d’un saint, d’un dieu, etc. Or, à Milpa Alta, c’est la Vierge sous la forme d’une statue qui est supposée faire le pèlerinage en allant à la rencontre du Seigneur de Chalma. Pour essayer de saisir la logique des comportements dans l’espace et dans le social, j’ai participé à trois reprises au pèlerinage et j’ai réalisé un film. Ces moments précis de l’enquête ont contribué à définir mon expérience ethnographique et notamment mon intégration dans le village. En effet, lors des entretiens, mes interlocuteurs parlaient du pèlerinage comme d’une activité qui n’est pas transmissible par la description verbalisée mais uniquement par la réalisation concrète du parcours pèlerin. Autrement dit, pour comprendre certaines séquences rituelles du pèlerinage, il fallait y participer personnellement. Je reviens ici sur les étapes de mon intégration qui ont permis que j’accède au déploiement de la hiérarchie sociale, au rapport entre les vivants et les morts, au mouvement structurel qui anime le village de Milpa Alta vers l’extérieur.Retracing one’s steps. The pilgrimage to Chalma (Mexico) and the integration of a “bearer” ethnologist. Most ethnological studies of pilgrimage focus on the point of view of the pilgrims who make the journey to visit a saint, a god, etc. But in Milpa Alta, it is the Virgin in the form of a statue who is supposed to do the pilgrimage by going to meet the Lord of Chalma. I took part in the pilgrimage three times and made a film, in an attempt to understand the logic of behaviours on both the spatial and social levels. These precise moments of the survey played a part in defining my ethnographic experience and, in particular, my integration into the village. For during interviews, my informers spoke of the pilgrimage as an activity that cannot be communicated through the spoken word, but only by actually physically doing the pilgrimage. In other words, certain ritual sequences of the pilgrimage can only be understood by personally taking part in it. In this article, I retrace the stages of my integration that gave me access to the deployment of the social hierarchy, the relation between the living and the dead, and the structural movement that animates the village of Milpa Alta towards the outside world.