Jerome Ros, Sophie Gilotte, Philippe Senac, Sébastien Gasc, Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (UMR ISEM), École pratique des hautes études (EPHE), Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université de Montpellier (UM)-Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Institut de recherche pour le développement [IRD] : UR226, Histoire, Archéologie et Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (CIHAM), École normale supérieure - Lyon (ENS Lyon)-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Université Jean Moulin - Lyon 3 (UJML), Université de Lyon-Université de Lyon-Avignon Université (AU)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), France, Amériques, Espagne – Sociétés, pouvoirs, acteurs (FRAMESPA), Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad)-École Pratique des Hautes Études (EPHE), Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université de Montpellier (UM)-Institut de recherche pour le développement [IRD] : UR226-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), École normale supérieure de Lyon (ENS de Lyon)-Université Lumière - Lyon 2 (UL2)-École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-Université Jean Moulin - Lyon 3 (UJML), Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J), Université de Toulouse (UT)-Université de Toulouse (UT)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad)-École pratique des hautes études (EPHE), and Ros, Jerome
International audience; Certains travaux conduits à partir de la lecture des sources écrites sur l’agriculture arabo-musulmane en al-Andalus (par ex. Watson 1983 réed. 2008) rappellent que le début de la période islamique en Occident (VIIe s.) correspond à une diversification de la gamme disponible des plantes utilitaires, accrue par l’innovation agronomique et technique (nouvelles techniques d’irrigation, valorisation des sols pauvres, usage intensif d’engrais organiques, art de la greffe, essor des cultures d’été), la diffusion de nouvelles espèces et la diversification des variétés. Une récente compilation des cultures pratiquées en al-Andalus à partir des sources textuelles recense ainsi quarante-sept plantes introduites ou diffusées par les Arabes (Albertini 2013). Cette diffusion vers l’ouest de plantes et de techniques agraires considérées comme nouvelles sont perçues comme une « révolution » agricole, engagée d’abord au Moyen–Orient, en Afrique du Nord, puis en Espagne. Des travaux postérieurs (Aubaile-Sallenave 1984 ; Decker 2009) ont modéré cette interprétation, en reprochant le parti pris d’A. Watson sur le rôle novateur des techniques agricoles arabes et sa vision trop linéaire sur la diffusion des idées et des biens qui dévalue les savoirs techniques et botaniques hérités des agronomies gréco-romaine, byzantine et babylonienne (Bolens 1974 ; Butzer et al. 1985 ; El Faïz 2000). Actuellement, la majeure partie des connaissances concernant l’agriculture en al-Andalus repose sur deux types de sources : les mentions textuelles, de toute nature (i.e. traités agronomiques, culinaires, médicaux, etc.) et les sources iconographiques (i.e. illustrations de textes bibliques, de récits de voyage, de traités d’agriculture, de cuisine, etc.). Cette documentation, d’une grande diversité, ne permet d’aborder l’alimentation et l’agriculture que par une vision partielle, à savoir celle de l’élite sociale (aristocratie) et intellectuelle (savants, agronomes, médecins, etc.). A l’inverse, peu de sources écrites décrivent les comportements alimentaires et les pratiques agropastorales du monde rural en al-Andalus. En cela, l’étude des vestiges matériels, en l’occurrence archéobotaniques, semble être la piste la plus prometteuse pour documenter ces questions. Depuis 2013, des études carpologiques et anthracologiques sont menées dans deux établissements ruraux islamiques : Albalat (Estrémadure, Espagne) et Las Sillas (Aragon, Espagne). Ces études, reposant sur près de 150 échantillons extraits de contextes variés, domestiques (cuisines, fours, greniers, patios) et artisanaux (forges), permettent de proposer une première lecture des spectres et pratiques agro-pastorales passés. Au total, 22 plantes cultivées/cueillies ont été identifiées : 8 céréales, 2 légumineuses, 1 plante oléagineuse/technique, 11 fruitiers, auxquelles s’ajoutent près d’une quarantaine de taxons sauvages. Cette communication visera (1) à caractériser les pratiques alimentaires, agraires et les espaces exploités en al-Andalus rural, et (2) à mettre en évidence les signes d’une éventuelle « révolution » agricole islamique.