L’évaluation des apprentissages des élèves n’est aujourd’hui plus uniquement interne à la classe (au niveau micro), elle est aussi externe et à grande échelle (au niveau macro). Avec les nouveaux modes de gouvernance des systèmes éducatifs, ces deux niveaux se rencontrent. Il est attendu des enseignants qu’ils prennent en compte les résultats d’épreuves externes afin d’améliorer leurs pratiques. Toutefois, la littérature montre un faible usage de ces données externes sur le terrain. Notre analyse du regard de 41 enseignants (entretiens semi-directifs) issus de trois juridictions distinctes quant à leur dispositif et à leur politique d’évaluation externe – au Québec, en Ontario et en Suisse – permet d’identifier les raisons de ce « découplage » spécifique. Notre analyse semi-inductive s’inspire du concept de « validité unifiée d’un test » de Messick (1989) pour comprendre le point de vue des enseignants. Notre analyse montre que le faible usage des résultats d’évaluation externe peut s’expliquer par le fait que les enseignants des trois contextes étudiés accordent peu de validité(s) à ces données externes. Les enseignants remettent en cause non seulement la mesure à large échelle, mais aussi le manque d’implication pratique des résultats d’évaluation externe et leurs conséquences sur les acteurs de l’École. Des différences sont identifiées, liées à certaines caractéristiques des dispositifs d’évaluation externe (finalités, suivi, conséquences) et au profil des enseignants (ancienneté professionnelle, confrontation directe aux tests). Finalement, alors que l’évaluation des acquis des élèves est devenue un enjeu aussi bien politique que pédagogique, notre contribution montre que, aux yeux des enseignants, les différentes approches d’évaluation (interne et externe) sont trop éloignées. D’importantes dissonances les séparent tant sur le plan de leurs méthodes, de leurs usages et de leurs finalités. The assessment of students learning is nowadays not only internal to the classroom (at the micro level), but also external and on a large scale (at the macro level). With the new modes of governance of the educational systems, these two levels meet. Teachers are expected to take into account the results of external tests in order to improve their teaching practices. However, the literature shows little use of these external data in the classrooms. Our analysis of the perceptions of 41 teachers (semi-directive interviews) from three different contexts as to their tools and policy of external evaluation – in Quebec, Ontario and Switzerland – helps to identify the reasons for this specific "decoupling". Our semi-inductive analysis uses the concept of "unified validity of a test" by Messick (1989) to understand the point of view of teachers. Our analysis shows that the low use of external testing results is due to the fact that teachers, in the three contexts studied, give little validity to this external data. It is not only the large-scale measure that is questioned, but also the lack of practical implications of the results of external tests and their consequences on school stakeholders. Differences are identified according to certain characteristics of the external evaluation devices (purposes, follow-up, consequences) and to the profile of teachers (professional experience, direct confrontation with the tests). Finally, while the assessment of students’ learning has become both a political and an educational issue, our contribution shows that the different approaches of assessment (internal and external) are too different for teachers. Significant dissonances separate them in terms of their methods, their uses and their aims.