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Le parcours retracé dans cet ouvrage permet d'appréhender la complexité du monde médical européen des Lumières par l'échelle humaine. En confrontant le contexte médical de la fin de l'Ancien Régime au corpus extraordinaire de documents professionnels et privés laissés par le grand médecin suisse Louis Odier (1748-1817), défenseur de la vaccination, ce livre explore ce que signifiait alors une vocation médicale, ce qu'était la vie quotidienne du médecin, ses difficultés économiques, sa posture politique, ses relations avec ses patients, ses conceptions médicales et déontologiques. La vie médicale d'Odier est placée en regard de ceux d'autres médecins de son époque afin de proposer une histoire incarnée, fondée sur des données sociales, économiques et culturelles. Le monde médical se donne ainsi à voir sous un angle neuf, dévoilant des aspects peu étudiés. Le médecin peut-il gagner sa vie ? Comment le soignant s'intègre-t-il socialement ? Quelle était son attitude face à ses patients ? Et finalement, une question toujours d'actualité : comment le soignant parvient-il à convaincre ses concitoyens de sa capacité à guérir ?

Remède qui « se prend par la bouche, ou qui s'applique par dehors pour la guérison », le médicament occupe une place essentielle dans les soins du corps et de l'esprit avant la biomédecine. Alternativement soutien face aux difficultés quotidiennes et source d'espoir en cas de malaise inquiétant, entre le XIe et la fin du XVIIIe siècle, il est produit et consommé dans des espaces privés et publics, réinvesti sans cesse par des malades comme des soignants. Placé dans cet ouvrage au centre de l'investigation historique, le médicament révèle des appropriations culturelles et des réalités sociales complexes. Ce livre propose une série d'études qui interrogent à la fois les sources d'autorité et les modalités de justification qui permettent de redéfinir sans cesse ce qu'est un médicament reconnu dans une communauté, de retrouver la rationalité de produits apparemment fantastiques, d'interroger les liens entre culture savante et culture orale, de reconsidérer la réception faite à des nouveautés et de reconstituer les lieux de son élaboration, son économie, son appropriation en fonction du genre et sa place centrale dans l'histoire des métiers de la santé.

En partant de la découverte d’une entité nosologique à la fin du xviie siècle – la nostalgie –, ce chapitre explore les interactions entre le corps et l’environnement jusqu’à la fin du xixe siècle. Les interprétations et les réinterprétations de ces interactions sont développées dans la littérature médicale. Les patients ont eux aussi intégré le principe de l’existence d’un lien de causalité entre la santé individuelle et l’environnement physique. Pour les médecins comme pour leurs malades, le dépaysement pouvait être soit pathologique soit thérapeutique : la difficulté était de trouver le bon environnement pour chaque corps ! La réinterprétation constante des effets de l’environnement sur la santé conditionnait à la fois les stratégies thérapeutiques, les choix de vie et jusqu’à l’identité propre aux individus. Ici, les Suisses se distinguent des habitants d’autres états européens : chez eux, identité, nostalgie et santé étaient étroitement corrélées.

Ce chapitre recense les exemples Genevois d'ouvertures cadavériques privées. En explorant ces cas, il interroge les modalités et les raisons de ces investigations post-mortems. Quel sens pouvait-il y avoir pour les proches de connaître "la cause" d'une mort particulière? Cet intérêt pour la connaissance de la pathologie ne rapproche-t-elle pas les considérations des laïcs de celles des médecins?

Cette introduction retrace l'état de l'historiographie sur l'histoire des remèdes en mettant en valeur le peu de place accordée à cette histoire dans l'histoire sociale et culturelle de la médecine. Elle met en valeur l'importance de poursuivre des recherches sur l'histoire matérielle et culturelle des remèdes pour mieux saisir quelle était le rapport à la santé dans le passé.

Cet article cherche à reconstituer le rôle important joué par l'apothicaire dans la pratique médicale au cours de l'époque moderne. En prenant appui sur une étude de cas portant sur Genève, il explore les rapports des apothicaires avec le savoir, le rôle qu'ils jouent dans le le commerce, dans l'organisation de la consommation de remèdes et leur rôle plus ou moins actif dans la prise en charge des soins. La trame qui émerge est celle d'un entrepreneur polyvalent, un artisan très actif dans les soins et la prise en charge des malades qui, au gré du temps, se spécialise davantage dans la science chimique et pharmaceutique qui se développe tout en se concentrant sur sa boutique.

Ce chapitre décrypte la série "The Knick" à partir de deux points de vue complémentaires: une analyse historiographique et esthétique.

En partant de fonds d'archives laissés par un médecin actif à la fin de l'Ancien Régime, l'objectif de cet article est d'explorer les pistes de recherche et les apports heuristiques d'une analyse de type biographique de ces fonds. Des problématiques quant au statut de la médecine, à l'économie de la pratique, à la relation thérapeutique et au rapport entretenu par le praticien avec le savoir médical seront abordées. Au cours du travail, des questions méthodologiques émergent. Quelle est la spécificité des données issues de la confrontation des données individuelles avec un contexte spécifique ? Est-il possible, à partir du cas singulier, de penser autrement l'histoire du groupe social dont il fait partie ? Quelles autres réalités historiques sont accessibles à partir de l'histoire d'un sujet ?

Cet article a pour objectif de conférer une idée concise des conceptions et des pratiques de santé au siècle des Lumières

Cet article aborde à la fois des savoirs sur le corps (d'un point de vu médical, d'un point de vue genre) et des expériences corporelles vécues au 18e siècle.

La medecine pratique etait une discipline medicale au cap du 19e siecle. En partant de l'analyse statistique des publications et de l'analyse detaillee de la production scientifique d'un medecin, l'objectif de l'article est de montrer que ce champ a joue un role important dans l'evolution des idees medicales en permettant la mise en avant d'un savoir medical libre, selon ses concepteurs, d'heritages historiques. L'analyse signale le role joue par la medecine pratique dans la rationalisation de la pharmacopee, suggere l'importance de cette discipline dans la transformation des pratiques medicales et interroge le role fondamental de l'ecole medicale d'Edimbourg dans la genese de la figure moderne de medecin.

Cet article retrace l'histoire de la relation thérapeutique au cours de l'Ancien Régime en mettant en évidence l'importance de l'amitié entre le médecin et son malade. Une explication est proposée à la transition, au 19e siècle, vers une relation thérapeutique professionnelle.

Les travaux récents sur l'histoire de la médecine révèlent une pluralité d'acteurs pendant l'époque moderne. Cet article revient sur ces acquis historiographiques tout en interrogeant les lacunes: pourquoi si peu de travaux sont consacrés à l'apothicaire? En revenant sur le pluralisme médical, cet article propose de repenser les métiers de la santé avant la médecine moderne.

Le médecin Ballexerd publie un livre sur l'éducation des enfants alors même que Jean-Jacques Rousseau sort l'Emile. Ce court article discute la proximité des textes et confère quelques informations sur les idées pédagogiques de Ballexerd.

Ce article propose une lecture anthropologique d'un corpus de lettres du 18e siècle dans lequel il est possible de débusquer non seulement des informations sur la santé d'individus, mais également des informations sur les stratégies et représentations individuelles en matière de santé.

Correspondance between physicians reveals much about their medical practices and the theoretical frame within which they evolve. Concentrating on a correspondance between Daniel De la Roche and Louis Odier, this chapter explores the uses these authors make of case histories and the different cultural genres to which they refer.

L'observateur contemporain peine à concevoir que les remèdes et thérapies d'avant la médecine moderne soient efficaces. Doit-il désigner le savoir ancien comme une "croyance"? Est-il en droit de mettre les convictions médicales et les convictions médicales au même niveau? En partant de ces questionnements, cet article explore les limites entre médecine et religion dans la Genève de l'époque moderne.

Cet article revient sur le concept de médicalisation qui est employé pour désigner des transformations à partir de la fin du 18e siècle. En analysant la situation médicale à Genève entre la Renaissance et la Révolution, force est de constater que cette société est largement médicalisée et que la culture médicale conditionne nombre de décisions sociales... Ne faudrait-il pas considérer cette société comme largement "médicalisée"?

A l'occasion du tricentenaire de la naissance de l'illustre citoyen de Genève, Pulsations s'est essayé à l'interview d'histoire-fiction.

Le médicament est un objet d'histoire qui s'impose aujourd'hui par sa capacité à révéler des pans négligés de l'histoire de la santé. L'étude du médicament permet de restituer les fondements épistémologiques, les croyances et les attentes des usagers comme des vendeurs. Dans ce dossier spécial, une série d'études de cas sur les 17e et 18e siècles sont réunis et offrent une perspective originale sur les stratégies de santé dans des hôpitaux, dans des communautés religieuses et dans la sphère privée. L'ensemble participe au renouveau d'un champ trop longtemps classé dans la catégorie de l'inefficace ou, au mieux, du désuet.

Cet article historiographique fait le point de la recherche sur l'histoire des remèdes et explore les possibilités heuristiques qu'offrent des études qui s'intéressent à la place prise par le remède dans l'univers social, économique et culturel des soins.

Cet article reprend le concept de la médicalisation à travers l'histoire du marché thérapeutique genevois. En procédant à un inventaire des soignants présents sur le marché thérapeutique et de l'évolution de leur activité, l'auteur montre que la société d'Ancien Régime était profondément médicalisée et propose un modèle historique plus nuancé.

En partant de l'historiographie récente sur l'histoire du patient, l'auteur reconstruit le contexte et redessine les enjeux sociaux de la relation thérapeutique avant la clinique.

Contribution à l'histoire de la naissance de l'éthique médicale à la fin de l'Ancien Régime.

Exploring the medical marketplace in early modern Geneva reveals an active town with a high density of both regular and irregular healers. The aim of this article is to assess just how ordinary and poor people used these services and to what extent medical commodities were available to the destitute. Using both court records, private and public sources, this article explores traces of practices highlighting the flexibility with which practitioners were admitted, the high tolerance to irregular practices and the continuity of the recourse to supernatural and catholic healing traditions by Protestants living within the city walls. Data on self-help and medical support offered by family, friends and neighbours is discussed, suggesting the importance of informal medical services in everyday life. Examples demonstrate that to some extent the poor managed to elect strategies and to control therapies, whereas expensive treatment was regularly offered by charities interested in getting the ill back to work.

Is there such a thing as an enlightenment body ? Over the past few decades, the multiplication of objectifying perspectives on the body in history tends to the extreme fragmentation of such a topic. This article defends an exploration of the body as a singular and experienced reality which remains situated in a given historical context. The case of Horace-Bénédict de Saussure, studied thanks to a particularly rich set of archives (diaries, letters, various notes) bears witness to the fact that Saussure, as an individual, elaborates and affirms the meaning of his private body according to experiences and to intimate knowledge and conviction which are forever being revised during his life. The historian can thus analyse the relationship between the scale of the singular body and that of the Enlightenment body., Barras Vincent, Rieder Philip. Corps et subjectivité à l'époque des Lumières. In: Dix-huitième Siècle, n°37, 2005. Politiques et cultures des Lumières. pp. 211-223.

Le terme «marche therapeutique» est regulierement invoque dans les ouvrages issus de l’histoire sociale de la medecine a l’epoque moderne. Un des principaux avantages de son utilisation est d’elargir les limites de ce qui fait partie du monde medical. L’objectif de cet article est d’analyser les implications de l’emploi de ce concept sur notre comprehension de la medecine dans le passe. Penser en fonction de marche permet de poser un regard neuf sur des acteurs et des pratiques extraits des categories medicales traditionnelles. En prenant appui sur des donnees portant sur le monde medical genevois, cet article explore comment le modele de marche peut etre utilise pour comprendre des pratiques medicales dans l’espace, dans le temps et telles qu’elles sont percues du point de vue du patient.