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Le deuxième vicomte de Santarém, Manuel Francisco de Barros e Sousa de Mesquita de Macedo Leitão e Carvalhosa (Lisbonne, 1791 - Paris, 1856), érudit historien et diplomate, a développé une vaste étude sur le rôle des explorations géographiques des Portugais aux xve-xviie siècles, en se fondant sur des sources historiques, géographiques et cartographiques. Membre de nombreuses institutions savantes européennes, particulièrement françaises, ami d’académiciens, de diplomates et de politiciens, S...

Dès sa fondation à Londres en 1788, l’African Association entreprend d’envoyer des voyageurs dans l’intérieur de l’Afrique, et rédige pour eux des instructions assez laconiques. L’un d’entre eux, John Ledyard, envoyé au Caire, se voit confier la « tâche […] de traverser de l’est à l’ouest, dans la latitude attribuée au Niger, tout le continent d’Afrique dans sa plus grande largeur » (Ledyard et Lucas, 1804, p. 12). Henry Beaufoy, le secrétaire de l’association, relate ainsi la manière dont il...

Cette présentation de la création d’un département des Cartes géographiques à la Bibliothèque royale, en 1828, s’appuie sur un certain nombre de travaux, plus ou moins récents, qu’il s’agisse de synthèses ou d’articles au propos plus spécifique. En premier lieu, je citerai l’importante biographie publiée par Yves Laissus, Jomard, le dernier des Égyptiens, parue en 2004. C’est un travail de dépouillement considérable, qui s’intéresse aux multiples activités d’Edme-François Jomard. La création ...

En 1801, Jean-Baptiste Pujoulx, un écrivain français (1762-1821) auteur de plusieurs pièces de théâtre et d’ouvrages de vulgarisation, fait paraître une description de Paris sous le titre : Paris à la fin du xviiie siècle… (Pujoulx 1801). Le livre se présente comme un prolongement de celui de Louis-Sébastien Mercier, Le nouveau Paris, publié quelques années auparavant (Mercier 1798). Et comme lui il contient un certain nombre d’observations concernant les transformations que la Révolution fra...

Berlin sur la lagune de Courlande Dans une lettre du 29 avril 1829 envoyée de Narva, Alexandre von Humboldt rapporte à son frère Wilhelm, sur le ton de l’ironie et de l’autodérision qui le caractérise si bien, que l’on est certes en chemin depuis seize jours mais qu’on n’est toujours pas arrivé à Saint-Pétersbourg. On profite bien plus de « toutes les horreurs de l’hiver » – « de la neige et de la glace à perte de vue » – et les diligences s’embourbent tant « que l’on voit presque disparaître...

À la fin du xviiie siècle, avec l’invention de l’aérostation par les frères Montgolfier et les premières expériences de ballons en 1783 et 1784 (Gillispie 1983), le survol est possible. Le regard du géographe a-t-il pour autant pris de la hauteur ? Lors des premiers vols, les conditions de possibilités (pratiques, épistémologiques, sociales) ne sont pas vraiment réunies pour que la production de vue aérienne directe ait un sens quelconque. L’ascension et la mise en équilibre du ballon à une h...

La période 1760-1860 est marquée en France par l’apparition des premières formes d’une institutionnalisation de la géographie. De nombreux débats animent alors les mondes académiques et professionnels sur la nature et les fonctions sociales de la géographie. Mais les savoirs auxquels renvoie la géographie durant toute cette période se caractérisent par une grande diversité, et parfois par des contradictions, du point de vue des formes qu’ils adoptent, des pratiques dont ils sont l’expression, des intentions qui les animent, voire des parcours individuels qui les portent. En réalité ce sont des cultures géographiques différentes qui se fréquentent, et s’affrontent parfois, au sein de ce qui est appelé « la géographie ». La diversité de ces cultures savantes apparaît dans les objets étudiés, mais aussi dans les langages, les instruments, les pratiques cognitives et sociales, voire dans les projets politiques où la géographie est impliquée. Comment, dès lors, la géographie a-t-elle mis en ordre les formes de savoir qui la traversent ? Quelles ont été les cultures géographiques qui se sont croisées à cette époque et comment peut-on les caractériser ? Dans quels dispositifs épistémiques, mais aussi matériels et institutionnels les pratiques géographiques se sont-elles rencontrées, reconnues, ignorées, repoussées et mélangées ? Est-il possible d’identifier divers modes de rationalité savante et divers types de savoirs de l’espace, qui auraient coexisté au sein de la géographie moderne ? Telles sont les questions qui sont au point de départ de ce livre, dans une approche qui souhaite ne pas figer a priori l’image et la définition de la géographie.

L’acte cartographique occupe une place certes centrale, mais aussi mouvante, dans la culture géographique moderne. En effet, au tournant des xviiie et xixe siècles, lorsque émerge la cartographie thématique, de nouveaux types de cartes apparaissent. C’est la manifestation de ce que Gilles Palsky a désigné comme un raffinement de la description (Palsky 1996, p. 32). Ces cartes d’un genre nouveau participent d’un renouvellement fondamental de la cartographie : la carte n’est alors plus seulemen...

En 1801, dans un discours lu à la Société d’institution de Paris réunissant des instituteurs et des professeurs des écoles centrales, Auguste-Savinien Leblond tente de tracer les contours d’une géographie dont il peine pourtant à définir l’objet et la cohérence : Déjà, on a fait des traités isolés de cosmographie, de géologie, de géodésie, de géographie économique ou commerciale, de géographie politique, de statistique, de géographie historique, de géographie physique. C’est au milieu de tout...

Le présent livre est issu d’une recherche sur la naissance de la géographie moderne en France, durant la période 1760-1860. Cette période, qui voit les premières formes d’une institutionnalisation de la géographie, dans le contexte d’une recomposition générale des savoirs, est marquée par l’existence de nombreux débats au sein des mondes académiques, scolaires et professionnels, sur la nature du savoir géographique, sur son identité et sur les fonctions sociales de la géographie. Cependant, à...

Pourquoi proposer une problématique individuelle lorsque nous étudions les lieux, les modalités et les objectifs de la rencontre entre production de savoirs géographiques et public ? Parce qu’à « hauteur d’homme », de nombreuses dimensions du travail géographique nous deviendront relativement plus accessibles. D’abord, nous pourrons cerner la formation, la stature, les compétences et les ambitions de celui qui participe à la présentation de ces savoirs géographiques – des savoirs qu’il nous f...

Le terrain est au géographe ce que les archives sont à l’historien : un élément central dans la définition que les praticiens donnent eux-mêmes de leur discipline. Mais ce rapport des géographes à leur terrain, souvent présenté comme constitutif de leur pratique, a une histoire. Au cours du siècle qui va de 1750 à 1850, la géographie apparaît au carrefour de plusieurs distinctions qui s’affinent dans l’ordre des savoirs : elle se situe entre les sciences de la nature et les sciences de l’homm...

Dans les années 1920, une théorie mathématique (la diagonalisation des matrices) et une question physique (la détermination du spectre des atomes), nées indépendamment, se sont rejointes pour donner naissance à la mécanique quantique et à la branche des mathématiques appelée « théorie spectrale ». Celle-ci intervient dans toute équation d’évolution linéaire, dont elle décompose les solutions en une superposition de solutions stationnaires dites « modes propres », qui vibrent à des « fréquences propres » : ces fréquences constituent le « spectre ». Située à l’intersection de plusieurs communautés mathématiques, la géométrie spectrale vise à comprendre le lien entre la géométrie initiale d’un objet et son spectre de vibration. L’auteure entreprend de retracer l’histoire de ce domaine très actif à travers quelques grands thèmes de recherche passés et actuels.

Monsieur l’Administrateur,Mesdames et Messieurs les Professeurs,Chers collègues,Chère famille, chers amis,Mesdames et Messieurs, La semaine prochaine auront lieu à la Maison de l’Unesco les assises des mathématiques, organisées par l’Insmi, l’institut de mathématiques du CNRS. Cet événement sera l’occasion de réfléchir à la place des mathématiques dans les sciences, à la perception de la figure du mathématicien, au rôle des mathématiques dans la société contemporaine, ainsi qu’à leur enseigne...

C’est une chose assez étrange, qu’en ce siècle où les esprits sont plus curieux et peut-être plus subtils qu’ils ne furent jamais, où la physique est traitée avec plus d’exactitude qu’elle ne l’a été dans les siècles passés, où tant de gens habiles qui composent les illustres Académies que nous voyons dans plusieurs royaumes de l’Europe, ont depuis quelques années fait tant d’admirables observations avec un soin et une diligence incroyables, soit du cours des astres, de leur situation et de l...

Pierre Perrault fut incontestablement (avec Bernard Palissy) le fondateur de l’hydrologie continentale moderne. Avant lui, ce n’était que supputations métaphysiques, avec lui on entra dans la démonstration scientifique. À l’origine, cet honnête homme n’était pourtant pas un scientifique. En effet, c’était un juriste qui avait suivi une formation d’avocat, avant de faire carrière dans l’administration fiscale. Selon les méthodes de l’époque, il œuvrait en homme d’affaires en avançant l’impôt a...

Dès 1674, Pierre Perrault publiait De l’origine des fontaines, un ouvrage en deux parties : une critique des concepts émis avant le xviie siècle, suivie d’observations et d’expériences conduisant aux bases de l’hydrologie continentale. Les deux premiers chapitres de notre ouvrage sont la transcription, annotée, du texte de Pierre Perrault en français moderne. Le troisième chapitre est entièrement consacré à la critique de ses expériences vis-à-vis des connaissances d’aujourd’hui, trois siècles plus tard.

Un article de l’Encyclopedia Universalis est consacré à l’Hydrologie et commence par un historique très documenté. Il apparaît que la notion de « cycle de l’eau » est évoquée une première fois par Homère dans l’Iliade (ouvrage écrit à une date mal déterminée, d’après des « poèmes » plus ancien de plusieurs siècles). Au cours de la Grèce classique et hellénistique, des savants « reconnus comme tels » se sont intéressés au processus : Thalès de Milet (vers 625-vers 545 avant J.-C.), Platon (ver...

Claude-Pierre Molard est une figure clé de la technologie au tournant des xviiie et xixe siècles. Il est le premier administrateur du Conservatoire des arts et métiers. À ce jour, il n’avait pas fait l’objet d’une étude approfondie de son itinéraire, du Jura natal à l’École d’artillerie de La Fère, ni de ses fonctions, multiples car il participe à toutes les institutions technologiques créées depuis la fin de l’Ancien Régime. Mais plus qu’un technologue, Molard est un praticien et un promoteur de la technique à un moment où l’idée de progrès est un sujet d’intérêt politique et social. Dans cette synthèse, c’est une histoire incarnée des politiques techniciennes qui est proposée. Claude-Pierre Molard is a key figure in technology at the turn of the 18th and 19th centuries. He was the first administrator of the Conservatoire des arts et métiers. To date, there has been no in-depth study of his career, from his native Jura to the École d'artillerie de La Fère, nor of his many functions, since he participated in all the technological institutions created since the end of the Ancien Régime. But more than a technologist, Molard was a practitioner and promoter of technology at a time when the idea of progress was a subject of political and social interest. Through this synthesis, an incarnate history of technical policies is proposed. Claude-Pierre Molard es una figura clave de la tecnología en el cambio de los siglos XVIII y XIX. Fue el primer administrador del Conservatoire des arts et métiers. Hasta la fecha no se ha estudiado en profundidad su trayectoria, desde su Jura natal hasta la Escuela de Artillería de La Fère, ni sus múltiples funciones, ya que participó en todas las instituciones tecnológicas creadas desde el final del Antiguo Régimen. Pero más que un tecnólogo, Molard fue un practicante y promotor de la tecnología en una época en la que la idea de progreso era un tema de interés político y social. A través de esta síntesis, se propone una historia encarnada de las políticas técnicas.

Le battage désigne l’opération consistant à séparer les grains de leur paille après les récoltes. Pour réaliser cette tâche essentielle, il faut une main-d’œuvre abondante qui travaille en général au moyen d’un fléau, objet composé d’un long manche mince et bien droit, auquel était fixé par une boucle en cuir un battant en bois dur, en chêne ou en châtaignier. Difficile et coûteuse, l’opération du battage au fléau était pourtant essentielle à la qualité et à l’approvisionnement en grains, com...

Le 6 février 1808, au Palais des Tuileries, l’astronome Jean-Baptiste Delambre, secrétaire perpétuel de la première classe de l’Institut impérial, pour les « sciences mathématiques », présente à Napoléon Ier son Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques depuis 1789 et sur leur état actuel. Le Discours qu’il prononce à cette occasion n’étant destiné qu’à donner un bref aperçu du long Rapport remis à l’Empereur, il n’a pas vocation à en détailler le contenu. Aussi, la sectio...

Claude Pierre Molard appartient aux réformateurs des arts et métiers, portés par la politisation de la technique qui caractérise le xviiie siècle et la période révolutionnaire. Il réunit les premières collections du Conservatoire des arts et métiers au nom d’une « conviction républicaine » et s’inscrit dans le sillage d’une acceptation encyclopédique et humaniste des arts. Bien qu’étant avant tout un praticien et un expert technique, il entend aussi encourager une « technologie des arts », so...

L’objectif principal de cette contribution est de proposer un premier essai de synthèse concernant les fabriques de matériels agricoles en France durant la Restauration et les premières années de la Monarchie de Juillet. Or le temps de la synthèse proprement dite n’est pas encore venu faute de travaux suffisants sur ces fabriques mal connues à cette époque, le premier xixe siècle. C’est d’ailleurs le cas de la fabrique des faubourgs parisiens des frères Molard dont le fonctionnement est encor...

Le duc de Rochefoucauld-Liancourt est membre d’une famille de la haute noblesse ralliée aux Lumières. Persuadé que la monarchie constitutionnelle est le meilleur régime pour la France, le duc considère aussi qu’un aristocrate doit justifier les privilèges que lui confèrent sa naissance, sa fortune et son instruction en se mettant au service de la nation. Pour cela, il se fait à la fois industriel, agronome, directeur d’école, inspecteur des hôpitaux et des prisons, président du comité de la v...

Claude Pierre Molard naît le 6 juin 1759 aux Bouchoux, à la frontière des départements actuels du Jura et de l’Ain, à mi-chemin entre les villes de Saint-Claude et d’Oyonnax, dans la vallée du Tacon (fig. 1, 2). Avec une altitude moyenne de 950 mètres, le village des Bouchoux est entouré de hauts contreforts rocheux. Le climat y est continental et il faut imaginer qu’en cette fin de xviiie siècle, au moment où Claude-Pierre Molard y a vécu, l’hiver dure alors six à sept mois et se caractérise...

On peine à dessiner une image « intime » de Claude Pierre Molard tant il apparaît discret, laborieux et absorbé dans ses travaux, et guindé et austère dans l’exercice officiel de ses nombreuses responsabilités administratives ou para-administratives. Pourtant, il a été un homme de chair et de sang et il doit bien exister une voie pour saisir un Molard plus familier, « en pantoufles », oserait-on dire, ou plutôt « en redingote grise et [avec] aux pieds des sabots », selon le portrait que croqu...

C’est pendant les Cent Jours, le 8 mai 1815, que Claude Pierre Molard est élu membre de ce qu’on appelle alors la première classe de l’Institut national, celle des sciences physiques et mathématiques ; au sein de la classe, il intègre la section de mécanique. Avec la Restauration, dès 1816, la classe des sciences physiques et mathématiques retrouve sa dénomination traditionnelle d’Académie des sciences. La même année, Molard, politiquement suspect aux yeux du nouveau régime, quitte la directi...

Sans être une figure majeure de l’histoire des techniques, Claude Pierre Molard est un de ces personnages omniprésents que l’on rencontre partout où l’on se tourne. Laborieux et discret, il n’est pas pour autant un personnage de second plan du paysage technique et industriel français de la fin du xviiie et du début au xixe siècle ; il en est même sans doute, par l’éventail de ses compétences et de ses connaissances, par la diversité de ses réseaux et par l’éminence des fonctions qu’il a occup...

Au début du xixe siècle, le Conservatoire royal des arts et métiers s’inscrit dans une dynamique nationale de promotion d’une industrie perfectionnée. L’industrie, comprise au sens large d’« arts utiles » ou d’habileté, est le sujet central de la politique de l’institution créée en 1794 dans un contexte de rivalité franco-anglaise. En 1819, le conseil de perfectionnement du Conservatoire décide d’intégrer pour la première fois des produits étrangers à l’exposition des produits de l’industrie ...

Une relation de deux décennies Le lien entre Claude Pierre Molard, salué au moment de son décès comme le tout premier à avoir eu l’idée d’une Société voué à la promotion des inventions utiles, et la Société d’encouragement pour l’industrie nationale se noue concrètement dès la création de cette dernière à l’automne de l’an X : il figure parmi les 65 noms des fondateurs que l’on grave solennellement, à l’occasion du cinquantenaire de la Société, sur une table de marbre placée dans la grande sa...

Durant l’automne 1822, Charles Weiss qui dirige alors la Bibliothèque municipale de Besançon rend visite à son compatriote Claude Pierre Molard. Ce dernier réside dans l’hôtel de Mortagne à l’extrémité du faubourg Saint-Antoine, au cœur du Paris artisanal de l’époque. L’érudit bisontin témoigne de sa joie de rencontrer ce savant réputé, inventeur de nombreuses machines, et est frappé par la simplicité de son discours et de sa tenue – l’académicien était en effet vêtu d’une simple « redingote ...

Dans la continuité du Directoire, mais avec davantage de moyens exécutifs et finalement de résultats, l’État napoléonien s’est constamment préoccupé de l’amélioration de l’agriculture. Réduire le risque de crise frumentaire équivalait à ancrer l’acceptation politique du régime auprès des milieux populaires ; habiller, nourrir et fournir de bons chevaux à la Grande Armée était un des gages de ses succès ; garantir la propriété foncière, en accroître le revenu, offrait une solide assise sociale...

Le 19 messidor an x (8 juillet 1802), Claude Pierre Molard, membre du Comité des arts mécaniques de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, est invité par le Secrétaire de la dite Société, Joseph-Marie de Gérando, à porter son attention en premier lieu « sur les modèles qu’il conviendrait de faire exécuter et de répandre dans les départements » et en second lieu « sur les découvertes faites depuis quelques années chez les nations étrangères, qu’il conviendrait d’importer en Fra...

En hommage à Dominique De Place et à Jean-Louis Eytier La figure de Claude Pierre Molard domine l’histoire des deux premières décennies du Conservatoire des arts et métiers avant de s’effacer avec les réformes de la Restauration. Par les archives qu’il a laissées et les collections qu’il a gérées, constituées et inventoriées de 1784 à 1816, elle s’est même longtemps imposée, à bien des égards, comme une figure incontournable pour les spécialistes de l’histoire des techniques en France pendant...

Tommaso Ceva SJ. (1648-1737), teacher of Mathematics and Rhetoric at the Brera collegium in Milan, was the author of a De natura gravium and varions other works in poetry and prose. In the short poem Philosophia novo-antiqua he attacked Gassendi’s atomism and Descartes’ physics (the materialistic outcome of which he anticipated with fear) on the basis of a theory which attempted to conciliate the Aristotelian tradition with Galilean teachings. This study examines the main points of criticism which Ceva made against corpuscular doctrines – with particular reference to the theory of movement – and considers at length the debate (highly polemical at times) which he conducted on this subject with G. Grandi – a teacher at the University of Pisa and an attentive observer of the most innovative currents in European science between the end of the 17th century and the early decades of the 18th.

The early diffusion of Gassendi’s philosophy in England took place between the end of the 1640s and the beginning of the 1650s. Boyle was not satisfied with Gassendi’s revision of Epicurean atomism. He also opposed the idea that atoms had an internal principle of motion. Nonetheless, Boyle’s corpusuclar philosophy has much more in common with Gassendi’s atomism than with Descartes’ philosophy. Like Gassendi, Boyle imposed severe restrictions on the use of the mechanical principles in the explanation of natural phenomena. Rather than deviations in respect of a supposed linear progress of atomism towards a fully mechanistic view of the universe, the atomism of Gassendi and Boyle’s corpuscularianism constituted two corpuscular theories of matter which were not strictly mechanistic, but which played nonetheless a fundamental rôle in seventeenth century natural philosophy.

As the assassination of King Henry the IVth of France provoked a new strategy in the defense of absolutism and forced the libertines to wear a mask, secrecy became a crucial issue, and understatement a means of communication among the happy few – a characteristic evolution from the Baroque to the Classical. The very complex and sophisticated relationship between State and Court, Roman Catholicism and the Reformation, and the censorship prevailing in France at that particular moment, all called for new approaches: instead of founding a new science (politics), Gabriel Naudé offered a kind of « Discours de la méthode » for the education of the Prince, e.g. a System of references embodied in a prejudice-free library – and provided the necessary clue for understanding the function and mechanisms of the Reason of State.

As has been pointed out before, François Bernier’s Abregé must have been the only access the learned public had to Gassendi’s written work, front the last third of the XVIIth. century onwards. Bernier thus appears to personify the « followers » of Gassendi, not only as one of his most dedicated disciples, but as the only deliberate and self-conscious interpreter of his doctrine, and hence the source of the gassendism of a large portion of Gassendi’s later « followers ». It seems therefore of central relevance for this conference to compare the gassendism he presents as the « genuine » one, with Gassendi’s text. The purpose of this paper is to try and to assessthe various aspects of the differences between the three versions of Bernier’s Abrégé (considered as a whole) and what can be assumed to be, to a certain -controversial- extent, the body of Gassendi’s intended philosophical teaching, namely his posthumous Syntagma Philosophicum (1658). The hypothesis of an unreflexive « deviationist » twist in Bernier’s transmission to the Enlightenment of Gassendi’s spirit and intent is finally proposed, qualified, and discussed.

Dom Robert Desgabets (1610-1678) has been reckoned Gassendist by a few authors, among whom Victor Cousin. Yet Desgabets himself claims to be Cartesian, and even more Cartesian than Descartes! The evidence provided by his own texts is herewith analysed in order to attempt an answer to the question « Is Desgabets a Gassendist? ». Theese texts seem to show that he is indeed only a Gassendist insofar as he considers Gassendi as a the co-founder, along with Descartes, of the mechanistic « New philosophy ». But when the question arises as to which of the two parties he choses to belong, he will follow Descartes, condemning explicitly the doctrine of void and atoms. Desgabet’s apparent affinities with Gassendi may be explained by a cause other than influence: namely his own, often paradoxical, insight finding precisely in Descartes the means to maximize the fulfillment of whatever good is to be found in any other philosophy.

There are analogies in the theories of sensitive knowledge as explained by Gassendi, especially in the Disquisitio, and by Locke in the Essay and Drafts A and B. They concern not only the terminology and explanation of that theory, but also the examples illustrating it. The specimina in the Drafts (1671) cannot have been suggested by Bernier’s Abrégé. It is clear that analogies are not proofs. But if systematic research could show that there are as many of them in other parts of the Essay, the supposition of close relations between Gassendi’s and Locke’s philosophies should get some credence.

LIVRE I : DE SPACIO PHYSICO Introduction La Nova de universis philosophia qui reproduit presque textuellement le même texte que le De spacio physico et mathematico est cependant précédée d’une introduction différente. Nous la reproduisons, car elle représente un effort pour situer le problème de l’espace à l’intérieur de la métaphysique de Patrizi. « Quid autem illud fuit, quod Summus Opifex, primum omnium extra se producit ? Quid aut debuit, aut expediit prius produci, quam id quo omnia alia...

A strong current of Epicureanism had appeared in England during the XVIIth. century and strengthened throughout the XVIIIth. century, when the influence of hedonism in morals and politics kept increasing. The point is to determine Gassendi’s influence on Hume’s philosophy. Gassendi was not directly quoted; but, among the twelve Essays, moral and political, published in 1742, Hume sketched four « portraits », the first of which is « the Epicurean » (the three others being « the Stoïc, the Platonist and the Sceptic »). Indeed, « the intention of the essay on the Epicurean and the other following essays is not so much to explain accurately the sentiments of the ancient sects of philosophy, as to deliver the sentiments of sects that naturally form themselves in the work »; but I have tried to determine the indirect influence of Gassendi on the first essay and in other quotations of Epicurus.

This paper relies on the unpublished lectures taught at the Collège Royal in Aix-en-Provence by Father Fezaye, Gassendi’s teacher in Philosophy. Following the philosophical tradition of his Order, the « Great Carmelites », Fezaye referred to John Baconthorpe, the so called « princeps averroistarum », whose main features in metaphysics and physics explain some of Gassendi’s original ideas. By a close comparison between Gassendi’s later writings and Carmelite teaching in Philosophy, we suggest more extensive research upon this specifie tradition in XVIIth and XVIIIth centuries.

It is not always easy to understand how and why the philosophy of P. Gassendi came to be a key-reference for a certain kind of French writer towards the end of the seventeenth century or to describe its new meanings and functions in contexts which seem so remote from its original background. The writings of Saint-Evremond may provide some enlightening insight into this historical enigma, for they unveil, in very subtle ways, some of the diffuse hermeneutic procedures which led to a « frivolous », non-speculative – but aesthetically inspiring and fruitful – approach to epicureanism. In this paper, we concentrate on two kinds of such typical shifts in focus, namely: – in the field of knowlege, on the image of « skepticism » associated with Gassendi’s philosophical writings and oral teaching; and – in the realm of ethics, on the reappraisal of the epicurean philosophy of pleasure.

The reception of Gassendi’s ideas in Poland during the 17th. and 18th. centuries can be found among those philosophical circles representing Socianianism, Copernicanism, the « Philosophia recentiorum », and libertine Epicureanism. Some Socinians – such as A. Wiszowaty – met Gassendi in Paris. They were mainly interested in his Natural Philosophy. J. L. Wolzogen wrote a set of « eighth objections to Descartes’ Meditations » which are deeply influenced by Gassendi’s own « Objections ». J. Hevelius is one of the the Polish astronomers who exchanged a correspondence with the French philosopher. As for Gassendi’s heliocentrism, it was circulated, in a milder form, by the learned Natural Philosophers of Thorń and Dantzig/Gdańsk. The Piarist scientists like S. Konarski and A. Wiśniewski took interest not only in his occasionalist atomism, but in his logic as well. His Epicurean ethics met enthusiastic followers amidst the « Libertines » of the 17th. and 18th. centuries.

Gassendi began to be known in Neaples after 1650, when Tommaso Cornelio – the founder, with Lionardo di Capua, of the scientific Academy of the Investigators – introduced his works in South Italy. Cornelio feels a great admiration for Descartes’ Principles, but he doesn’t agree with Descartes’s metaphysical views and physical rejection of the « vacuum »; so, in his Progymnasmata physica, a series of scientifïcal essays focusing its main interests on human physiology, he proposes a modem version of Atomism, where the notion of « œther » is the terminus medium between Cartesian plenism and Democritean vacuum.

Among the authors Vico mentions in his autobiography as having played a decisive part in his intellectual education, Gassendi holds a prominent rank, although the neapolitan philosopher – to conform to doctrinal « correctness » – takes care in his mature age to minimize the influence exerted upon his youth by the philosophy of the Kêpos and by its modem revivers. Through a close examination of Vico’s juridical works and of the different extant versions of Scienza nuova, the present paper attempts to rebuild the – often concealed – conceptual frame of Vico’s références to his Gassendian source in the fields of juridical and political philosophy, namely the notions of « prudentia », « utilitas », and « socialitas ». Gassendi himself had already revamped the Epicurean juridical utilitarianism not only in his commentary to Epicurus’ Ratœ Sententiœ, but also in the ethical part of his Animadversiones as well as of his Syntagma Philosophicum. Vico transforms this epicurean heritage in order to weave its key notions into the fabric of his own System.

Before 1650 philosophy teachers in France were Thomist Aristotelians who paid little attention to atomist explanations of natural phenomena. In the period 1650 to 1690 physics courses continued to be predominantly Aristotelian in tone, but some attempt was made to discuss, albeit always critically, Gassendi’s atomist theories, as part of a wider evaluation of the new mechanical philosophy. From 1690 philosophy professors were converted to the Cartesian version of the mechanical philosophy, and the Gassendist alternative continued to be dismissed as absurd. It would seem therefore that Gassendi’s reformulation of classical atomism left little mark on classroom teaching in the France of Louis XIV. In fact, only a handful of professors can be found who ever championed even a form of Gassendist atomism. Gassendi’s lack of influence in the classroom is difficult to explain completely but can be attributed in part to the increasing Cartesian prejudice of the opinion-forming Académie des Sciences and to atomism’s association with materialism, novelty and the scientific culture of an enemy power, England.

Prof. André Robinet, editor of the Œuvres complètes de Malebranche for the CNRS and of a number of texts written by Leibniz, describes and transcribes here the Leibniz’s manuscript « reading notes » on Gassendi’s Opera omnia (1658). These (hardly legible) notes appear to have been written between 1673 and 1675, while he was working on his invention of infinitesimal calculus; they cover two pages only and are kept at the Landesbibliothek Hannover (Germany).

The chimist physician G. B. de Saint Romain, who had attended the Great Experiment of the Puy-de-Dôme performed upon the instructions of B. Pascal, has been a correspondent of Nicolas de Blégny. Like him too, he displays in his main work, La Science naturelle degagée des chicanes de l’École (Paris, 1679), an atomistic philosophy of which the frame is provided by Gassendi. Discarding both the formal and the exemplary causes, brushing away de facto the final causes by never even mentioning them. Saint Romain uses only material and efficient causes.. In this view, occult qualities must be banished from the field of natural sciences, where all is reduced to matter – made of indivisible atoms –, and material composite bodies. Yet, Saint Romain sets down the existence of a primal cause (God) given as necessary and demonstrable, and he further postulates that of such immaterial beings as angels and reasonable souls.