Andres, E., Von Hunolstein, J.J., Talha, S., Khalil, F., Bilbault, P., Vogel, T., Gény, B., and Roul, G.
Introduction L’insuffisance cardiaque (IC) pose un problème de santé publique. En France, plus de 1M de patients présentent une IC chronique. En dépit des progrès thérapeutiques réalisés, son pronostic reste mauvais, avec une mortalité proche de 30 % à 5 ans dans les études les plus récentes. L’IC est également une source majeure de ré-hospitalisation, 40 % des IC de stade III–IV de la NYHA étant ré-hospitalisés une ou plusieurs fois chaque année. Sur le territoire national, 120 à 150 hospitalisations chaque année sont en rapport avec une IC. Dans la majorité des cas, ces hospitalisations se font en urgence et les patients hospitalisés au gré des places dans les divers services des hôpitaux. Dans l’idée d’optimiser le parcours et la prise en charge de ces patients IC dans notre hôpital, nous avons mis en place une filière dédiée à ces patients admis pour décompensation aiguë, faisant notamment intervenir les Internistes. Patients et méthodes Courant 2015, une filière dédiée à la prise en charge des patients présentant une IC (Fil-HF) a été mise en place aux hôpitaux universitaires de Strasbourg. Cette dernière s’appuie essentiellement sur les services de médecine interne et cardiologie, avec le support des services d’explorations fonctionnelles, pour le plateau technique, et de gériatrie via son SSR. Dans Fil-HF, les patients sont identifiés dès les urgences et bénéficient des explorations idoines de l’IC (cf. les recommandations de l’European Society of Cardiology [ESC]), dont une échographie par un cardiologue confirmé et de l’avis d’un senior cardiologue. À partir de novembre 2015, une étude prospective a été mise en place dans le cadre d’un projet national sur l’IC : REZICA (porté par le laboratoire NOVARTIS) incluant tous les patients présentant une IC aiguë (selon la définition de l’ESC) et bénéficiant de Fil-HF. L’ensemble des données cliniques de ces patients a été colligé dans une base de données. Les caractéristiques de ces patients ont été analysées, en particulier une analyse statistique univariée a été réalisée au regard de leur prise en charge par les internistes ou les cardiologues. Résultats Dans le cadre d’une analyse préliminaire, 157 patients ont été inclus dans le présent travail entre novembre 2015 et janvier 2016. L’âge moyen de ces patients était de 82,5 ans (45 à 96), 65 % des patients ayant plus de 80 ans. Le ratio H/F était de 1,1. L’étiologie de l’IC était principalement en rapport avec une cardiopathie : ischémique (48,7 %), hypertensive (30,5 %), rythmique (21,4 %) et valvulaire (20,1 %). Dans 66,9 % des cas l’IC était connue et dans 43,4 % des cas le patient déjà hospitalisé pour IC dans les 12 mois précédents. L’épisode d’IC aiguë était principalement lié à une arythmie auriculaire (35,1 %), un sepsis (35,1 %), une poussée hypertensive (11 %), une non-observance thérapeutique (9,7 %) et une arythmie ventriculaire (0,6 %). Les principales comorbidités identifiées étaient : HTA (85,2 %), dyslipidémie (66,2 %), fibrillation auriculaire (64,4 %), diabète (43,8 %), BPCO (17,1 %), et syndrome apnée du sommeil (9,4 %). Le score moyen de Charlson était de 3,8. Le traitement de l’IC de ces patients comportait : des diurétiques (78,8 %), des bêtabloquants (72,7 %), des IEC (48,6 %), des anti-aldostérone (25,9 %), et des Ara-II (20,7 %). Respectivement 93,9 % et 79,7 % des patients avaient un score NYHA > 3 et KILLIP > 2. Parmi les patients, 43,1 % des patients avec une FEVG > 45 % signant une IC diastolique. Trente-quatre pour cent des patients nécessitaient au cours de l’hospitalisation un passage en unité de soins intensifs. Huit décès étaient observés. La comparaison de ces diverses caractéristiques suivant l’hospitalisation du patient en médecine interne ou cardiologie montrait que : les patients pris en charge en médecine interne était significativement plus âgés (85,1 vs 81,2 ; p : S) ; le score de Charlson était plus important chez patients hospitalisés en médecine interne (5,3 vs 2,3 ; p : S) ; les patients présentant une IC aiguë de cause cardiaque étaient préférentiellement hospitalisés en cardiologie (40 vs 12 ; p : S), alors que ceux dont l’origine de cette décompensation était de cause infectieuse en médecine interne (30 vs 7 ; p : S). Les autres paramètres étudiés montraient des tendance mais sans significativité statistique. Conclusion Ce travail illustre la place de la médecine interne dans la prise en charge des patients IC suite à une décompensation aiguë, en particulier pour les sujets âgés, avec de nombreuses comorbidités et en présence d’un facteur déclenchant infectieux. Il illustre également l’intérêt de la mise en place d’une filière pluridisciplinaire dédiée à la prise en charge de ces patients. [ABSTRACT FROM AUTHOR]