International audience; La généralisation de l’usage des technologies connectées en réseau ouvre sur un foisonnement d’initiatives et de pratiques sociales permettant de diversifier les possibilités d’apprendre avec les autres. Cependant, partant du constat que la recherche en SHS/SE s’intéresse le plus souvent, soit aux outils techniques et à la conception des ressources, soit aux usages et aux processus d’apprentissage des sujets (Albero, 2003, 2010a/b/c ; Lameul, 2016), il semble plus que jamais opportun, à la suite des travaux de Linard (1989, 1994, 2001), d’envisager une approche de la technique centrée sur l’activité humaine. Plus particulièrement, il s’agit de questionner les conditions par lesquelles ces outils peuvent devenir les instruments favorables d’émergence d’activités collectives (Albero, Guerin, 2014) permettant le renforcement de la persistance à vouloir comprendre, seul, mais jamais sans les autres (carré, 2005, Heutte, 2014, 2017b). Ainsi dans la perspective écologique (Simonian, 2015), notamment dans la prise en compte de la construction d’affordances socioculturelles (ibid.), on peut se demander si les communautés peuvent être potentiellement perçue comme des écosystèmes favorables au déploiement de l’apprenance (Carré, 2005), comme un ensemble de compossibles (Simondon,1956 ; Simonian, 2014), porteuses d’autoproduction cognitive socialement co-construite dans un processus qui « dépend par définition, et des dispositions personnelles internes des acteurs et des conditions externes, physiques, sociales, interpersonnelles de l’environnement » (Albero, Linard, Robin, 2009, cités par Lameul, 2016, p. 29). De ce fait, les théories qui s’accordent pour faire de l'action et de l'interaction entre sujets, objets et environnement les deux moteurs essentiels des processus psychiques de l’activité cognitive (Linard, 2001) constituent un cadre organisateur robuste (ibid.), y compris pour l’étude des formes contemporaines des collectifs pour apprendre. Après un focus sur les types de communautés favorisant l’émergence, la croissance et/ou le maintien d’un ensemble stable de dispositions favorables à l’acte d’apprendre, une deuxième partie de ce chapitre sera l’occasion de présenter de quelques exemples emblématiques de collectifs pour apprendre en contexte de e-learning informel au sens de Las Vergnas (2017). Poursuivant la réflexion initiée par Linard, en 2003, concernant les enjeux et paradoxes de l’autonomie, la dernière partie de ce chapitre ouvrira la réflexion sur les éléments constitutifs d’une ingénierie autotélique (Heutte, 2017c), c’est à dire une ingénierie dont le fonctionnement est pour ainsi dire principalement « alimenté » par l’énergie résultant de l’autotélisme-Flow (Csikszentmihalyi, 1975, 2014) des apprenants.