Depuis les années 2000 en France, un nouveau type d’environnement résidentiel sécurisé (et souvent fermé mais pas de façon systématique) se développe, incarné par les multiples figures du village senior. Ce phénomène soulève l’hypothèse d’une transposition d’un modèle d’entre-soi générationnel des États-Unis, où, dès les années 1950, des retirement communities ou active adults communities sont apparues, qui ont depuis proliféré vers la France. Il pose aussi la question de la construction d’un entre-soi et de sa confrontation à la mixité mais aussi à l’altérité. C’est cette interrogation qui sous-tend cet article. Celui-ci observe les modes d’habiter dans une résidence construite à l’origine exclusivement pour les seniors mais ouverte depuis à des ménages plus jeunes pour combattre la vacance d’une partie des logements. Il s’agit de la Villa Vermeil de Biscarrosse (Landes), complexe résidentiel fermé avec contrôle des accès, composé d’une résidence locative de 108 maisons gérée par le groupe Omnium Finance. Des entretiens longs et semi-directifs ont été conduits en 2008 auprès de résidants de cet ensemble d’habitat et du gestionnaire du club Villa Vermeil. Cette méthode permet de faire émerger les discours d’existence, donnant accès aux images et aux représentations des habitants dans la construction de leur rapport à l’habiter. L’intérêt de cette approche monographique est de bien illustrer la façon dont peut se construire ou non l’entre-soi générationnel et le rapport aux autres classes d’âge, dans un contexte où la mixité intergénérationnelle, étrangère à la conception du projet, a été imposée « après coup », ce qui n’est pas toujours bien perçu par les seniors, loin s’en faut, certains vivant cette mixité imposée comme une trahison et en décalage avec ce qu’ils étaient venus chercher en s’installant dans ce lieu. Since the years 2000 in France, a new type of protected residential environment (often fenced, but not always) develops, embodied by the multiple facets of the “retirement community.” This phenomenon raises the hypothesis of the transposition of a model of generation communities (retirement communities or active adults communities) from the Usa , where this type of communities appeared in the 1950s, and has since proliferated towards France. It begs also the question of community building confronted with diversity and otherness. This question underlies this paper, which observes the residential ways of living in a retirement community that has been opened to younger households in order to mitigate the effects of partial vacancy. The focus is the Villa Vermeil of Biscarrosse (Landes, France), a set of 108 rental houses managed by the Omnium Finance group. In-depth interviews were carried out with the inhabitants and the local administrator of this fenced and protected residence. The dwellers’ discourses on their state of living emerge clearly through this method, giving access to their representation and use of the residential space. This monographic approach illustrates how different generations may or may not find their way to cohabitate in the context of an intergenerational mix that was imposed “after the fact.” Some senior people perceive and resent this diversity as treason and in disharmony with what they were seeking in the first place when moving there.