Ballier, Nicolas, Fournier, Jean-Michel, BALLIER, Nicolas, Centre de Linguistique Inter-langues, de Lexicologie, de Linguistique Anglaise et de Corpus (CLILLAC-ARP (EA_3967)), and Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7)
International audience; Une lecture sociologique de l’agrégation et de ses évolutions est possible, notamment dans l’émergence de disciplines "nouvelles", nous dirions minoritaires, à l’agrégation d’anglais, face à la Littérature, comme la civilisation puis la linguistique. Dernière en date, la « phonologie » (en 2000), côtoie dans une épreuve la « linguistique », comme si elle constituait une discipline à part, étrangère au linguiste. Paradoxe amusant pour un domaine qui a longtemps fait figure de « modèle » dans les sciences humaines et dans la linguistique en particulier, la phonologie est un appendice hors linguistique. Autre paradoxe, l’évaluation de la phonologie, prise aussi comme représentante d’un savoir sur la langue orale, se fait à l’écrit du concours. Dernier paradoxe, même appliquée à l’anglais, la phonologie suppose un savoir théorique dont l’intérêt ne se comprend vraiment que si l’on regarde d’autres langues et si l’on prend acte de la capacité à analyser n’importe quelle autre langue avec les mêmes méthodes, par exemple en dressant son inventaire phonologique ou en repérant sa structure syllabique privilégiée. La démarche grammaticale semble moins immédiatement transférable, si l’on prétendait par exemple à partir d’un savoir sur l’anglais chercher des articles en latin ou un auxiliaire de modalité en français. Former les esprits en linguiste(s), c’est préparer à ce type de contrastivité et de repérage des différences et des difficultés probables. De manière flagrante pour des enseignants souvent francophones amenés à enseigner à des élèves souvent majoritairement francophones, le rôle du français n’est pas évoqué dans les réalisations prévisibles des élèves dans les questions posées en phonologie à l’agrégation d’anglais.Fondé notamment sur nos expériences de préparateurs à l’épreuve de phonologie de l’agrégation d’anglais, cet article se propose de revenir sur les compétences évaluées par ce concours, en signalant les omissions ou les prolongements possibles de cette épreuve. L’article comprendra une présentation analytique des différents domaines de la phonologie puis cherchera à repérer ce que la typologie des questions posées à l’agrégation en retient. La dernière partie soulignera les limites d’une épreuve fondée essentiellement sur le dictionnaire de prononciation et sa minoration des phénomènes liés au discours. Au total, cette contribution reflètera quelques-unes des réflexions qui ont animé les discussions de l’ALOES. Il s’agira de montrer, en phonologue, ce qui nous paraît important dans la présentation de cette partie du système linguistique sans que cela soit actuellement évalué.