Retière, Morgane, Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces (LADYSS), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (UP8)-Université Paris Nanterre (UPN)-Université Paris Diderot - Paris 7 (UPD7)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Escola Superior de Agricultura 'Luiz de Queiroz' (ESALQ), Universidade de São Paulo = University of São Paulo (USP), Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (UP8), Conselho Nacional de Desenvolvimento Científico e Tecnológico (CNPQ), Université paris 8, Universidade de São Paulo, Nathalie Lemarchand, and Paulo Eduardo Moruzzi Marques
Faced with the crisis of the agro-industrial model, school feeding offers the promise of an ecological agrifood transition, in particular through the introduction of organic, local or family farming products into the menus. However, many constraints weigh on this local public service, particularly in large urban areas. The thesis therefore addresses the following question: to what extent do public policies that encourage the sustainable supply of school food allow for the scaling up of alternative agri-food systems? To answer this question, we analyze two laws enacted in 2009. In Brazil, Law No. 11.947 reforms the National School Feeding Program (PNAE) and imposes 30% of direct purchases from family farmers, with preference for local products. In France, the Grenelle 1 law sets the goal of favoring a minimum of 20% organic products, as well as those with low environmental impact, without arbitrating between the different types of systems from which they come. Our interdisciplinary approach combines geography with institutional economics, public policy studies, and rural sociology. The analysis, based on international comparison, is conducted at two scales: the construction of public policies at the national level in Brazil and France, and their implementation in two metropolitan regions, São Paulo and Île-de-France. The first part of the thesis presents the theoretical framework we have constructed to understand the relationship between alternative food systems and the dominant agro-industrial regime. In the second part, based on a bibliographical study, we trace the evolution of school feeding public policies in Brazil and France. In order to understand the role of the institutional market as an instrument for structuring alternative food chains, we mobilize the concept of public policy referential for social construction of markets in favor of sustainable territorial development. The third part addresses the implementation of public policies by local authorities. We conducted semi-structured interviews with municipal public servants in charge of school feeding and some of their suppliers between 2016 and 2018. Based on the results of the fieldwork and on the scientific literature, we designed an interpretation grid consisting in the modeling of three ideal types of alternative supply systems. The first ideal type corresponds to a renewed agro-industrial system, marked by weak coordination between the school feeding sector and the agricultural world. On the contrary, the second and third ideal types refer to the implementation of territorialized supply systems, on a regional and local scale, respectively. To this end, local authorities articulate the different dimensions of agrifood alternatives (family farming, organic production, local anchoring) and rely on strong coordination among actors. The results of the field research show that the concrete cases manifest hybridizations between different ideal types. In the French case, we observe a trend towards renewed agro-industrial logics that is more accentuated than in the Brazilian case. Based on a reflection that is transversal to the three parts of the thesis, we conclude that the trajectories towards territorialized systems can be explained by the combination between institutional frameworks that encourage the social construction of markets in favor of sustainable territorial development and the activation of local resources that are propitious to relocalization.; Face à la crise du modèle agro-industriel, la restauration scolaire est porteuse d’une promesse de transition agroalimentaire écologique, notamment par l’introduction de produits issus de l’agriculture biologique, locale ou familiale dans les menus. Pourtant, de nombreuses contraintes pèsent sur ce service public local, en particulier dans les grandes agglomérations. La thèse porte donc sur la question suivante : dans quelle mesure les politiques publiques qui incitent à l’approvisionnement durable de la restauration scolaire permettent-elles de faire changer d’échelle les systèmes agroalimentaires alternatifs ? Pour y répondre, nous sommes intéressée à deux lois promulguées en 2009. Au Brésil, la loi n° 11.947 réforme le Programme national d’alimentation scolaire (PNAE) et impose 30 % d’achats directs auprès de l’agriculture familiale, en privilégiant les produits locaux. En France, la loi Grenelle 1 fixe l’objectif de favoriser les produits biologiques à hauteur de 20 % ainsi que ceux à faible impact environnemental, sans arbitrer entre les différents types de systèmes dont ils sont issus. Notre approche, interdisciplinaire, combine la géographie avec l’économie institutionnelle, l’étude des politiques publiques et la sociologie rurale. L’analyse, fondée sur la comparaison internationale, se déploie sur deux échelles : la construction des politiques publiques au niveau national au Brésil et en France, et leur mise en œuvre au sein de deux régions métropolitaines, celle de São Paulo et l’Île-de-France. Une première partie présente le cadre théorique que nous avons construit afin d’appréhender les relations entre les systèmes agroalimentaires alternatifs et le régime agro-industriel dominant. Dans la deuxième partie de la thèse, basée sur un travail bibliographique, nous retraçons l’évolution des politiques publiques de la restauration scolaire au Brésil et en France. Pour comprendre le rôle d’instrument de structuration des filières alternatives attribué à la commande publique, nous avons mobilisé le concept de référentiel de construction sociale des marchés en faveur du développement territorial durable. La troisième partie porte sur la mise en œuvre des politiques publiques par les collectivités territoriales. Nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de responsables municipaux de la restauration scolaire et de certains de leurs fournisseurs dans deux régions, São Paulo et l’Île-de-France. A partir des résultats de terrain et par des allers-retours avec la littérature, nous avons conçu une grille de lecture fondée sur la modélisation de trois idéaux-types de systèmes d’approvisionnement alternatif. Le premier idéal-type correspond à un système agro-industriel renouvelé, marqué par des coordinations faibles entre secteurs de la restauration scolaire et monde agricole. Au contraire, les deuxième et troisième idéaux-types désignent la mise en place de systèmes d’approvisionnement territorialisés, à une échelle régionale et locale respectivement. Pour cela, les collectivités s’appuient sur une mise en cohérence des différentes dimensions des alternatives agroalimentaires (agriculture familiale, production biologique, ancrage local) et par une coordination forte entre les acteurs. Les résultats issus du terrain montrent que les cas concrets témoignent d’hybridations entre les différents idéaux-types. Nous avons observé, sur le terrain français, un tropisme plus fort vers des logiques agro-industrielles renouvelées que sur le terrain brésilien. À partir d’une réflexion transversale aux trois parties de la thèse, nous concluons que les trajectoires vers des systèmes territorialisés s’expliquent par la combinaison entre un cadre institutionnel qui incitent à la construction sociale des marchés en faveur du développement territorial durable et l’activation de ressources locales propices à la relocalisation.