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La financiarisation, en fractionnant le salariat, en généralisant l'endettement et en laissant à penser que la propriété s’était universalisée, a modifié les rapports entre groupes sociaux, transformé les formes de conflits, ainsi que les modes de représentation politique. L’objectif de cette introduction est de suggérer, à partir d’enquêtes empiriques, des pistes de réflexion sur ce que fait la financiarisation aux modes de division du monde social. L’analyse de la société en termes de classes antagonistes, longtemps centrale en sciences humaines, s’est estompée. Or, depuis la crise économique, la question de la dette – sa marchandisation par le capital financier tout comme les formes d’ascension sociale ou de surendettement populaire qu’elle engendre – ravive le vieux problème de la définition des classes sociales et permet de comprendre comment les rapports entre les classes ont évolué sous l’action du capital financier. Il s’agit d’analyser les dynamiques de formation des groupes sociaux mais aussi les jeux de consolidation et de déstabilisation de ces groupes. Mais cet exercice réflexif sur les catégories en jeu s’accompagne, dans le même mouvement, d’une visée descriptive réaliste, c’est-à-dire capable de distinguer les degrés de réalité pris par tel ou tel groupe, d’évaluer les asymétries, et d’analyser les rapports de force entre groupes et catégories sociales. Les conditions d’existence des populations, brouillées par le recours massif au crédit dans de nombreux pays, ont largement été transformées par la financiarisation de l’économie. Celle-ci donne une consistance, temporaire et fragile, à l’idéal politique – porté notamment par les gouvernements successifs de centre-gauche et de centre-droite – d’une société sans classes, dont l’un des centres de gravité serait la petite propriété et la classe moyenne étendue à tout le corps social. By dividing wages, generalizing indebtedness and creating the illusion that ownership has become universal, financialization has changed the relationship between social groups, forms of conflict, and political representation. The purpose of this introduction, relying on empirical and sociological fieldworks, is to suggest a way to conduct researches on the consequences of financialization to class relationships. If class analysis was unavoidable in social sciences for a time, it then withered. However, since the economic crisis, the question of debt – its commodification by financial capital, as well as the forms of upward mobility, or popular over-indebtedness, that it makes possible – revives the old problem of the definition of social classes and makes it possible to understand how the relations between classes have evolved under the action of financial capital. We analyze the dynamics of construction – the work of social classification and « taxonomic surgery » – but also the social games of consolidation and destabilization of these groups. But this exercise goes with a realistic description, i.e., it also develops an analysis able to distinguish the degrees of reality taken by such groups, evaluating the asymmetries, and finally analyzing the balance of power between different social classes. While explaining the issues specific to the definition of a social class, as well as the controversies regarding their realization (or de-realization) in the social and political world, we analyze the manufacturing processes of these classes by the various operations of financialization: indebtedness, financialized savings and asset accumulation. The living conditions of populations, blurred by the massive use of credit in many countries, have largely been transformed by the financialization of the economy. This gives a temporary and fragile consistency to the political ideal – promoted by successive center-left and center-right governments – of a classless society, whose centers of gravity would be the small property and the middle-class extended to the entire social world. La financiarización, al fraccionar los asalariados y generalizar el endeudamiento y dejando pensar que la propiedad se ha universalizado, ha modificado las relaciones entre los grupos sociales, ha trannformado las formas de los conflictos, y los modos de representación política. El objetivo de esta introducción es sugerir, a partir de encuestas empiricas, pistas de reflexión sobre lo que hace la financiariación sobre los modos de división del mundo social. El analisis de la sociedad en términos de clases antagónicas, problema central durante mucho tiempo para las ciencias sociales y humanas se ha detenido. Despues de la crisis económica, la cuestion de la deuda, -su mercantilizacion por el capial financiero asi como las formas de movilidad social y el sobreendeudamiento popular que ella ha engendrado- da nueva vida a los viejos problemas de la definición de las clases sociales y permite comprender como las relaciones entre las clases han evolucionado bajo la acción del capital financiero. Se trata de analizar las dinámicas de la formación de grupos sociales pero tambien los juegos de consolidación y desestabilización de esos grupos. Pero este ejercicio que reflexiona sobre las categorías que están en cuestión, se acompaña en el mismo movimiento de una visión descriptiva realista, es decir capaz de distinguir los grados de realidad que ha tomado tal o cual grupo, evaluar las asimetrías, y analizar las relaciones de fuerza entre grupos y categorias sociales. Las condiciones de existencia de las poblaciones, caracterizadas por el recurso masivo al crédito en numerosos paises, han estado ampliamente transformadas por la financiarización de la economía. Ello da una consistencia, temporaria y frágil, al ideal politico –que ha sido adoptado por los sucesivos gobiernos de centro-izquierda y de centro-derecha- de una sociedad sin clases en la cual uno de los centros de gravedad sería la pequeña propiedad y la clase media extendida a todo el cuerpo social.

Cet ouvrage collectif qui réunit des articles d’universitaires de Liège (sauf A.Vaillant, de Paris) revient sur un mot employé par tous, chacun se permettant d’en redéfinir le sens dans ce qui est nommé une « instabilité référentielle fondamentale ". Résolument interdisciplinaire, il revisite les diverses et nouvelles approches des sciences sociales, de la philosophie politique, la sociologie à la littérature et au cinéma, affichant l’ambition de « situer les questionnements actuels » sur la notion en les replaçant dans des perspectives larges. Il ne s’agit donc pas d’analyser des œuvres ou des idéologies pour elles-mêmes mais de revenir sur l'usage de la notion, appelée « catégorie » de peuple.

International audience

International audience; Adopting a "sociology of art works" approach, this paper attempts a study of some contemporary representations of relations of domination starting from the analysis of rap productions made in France during the 2000s. Thanks to the works of Richard Hoggart on the enunciative oppositions made by the working classes between the pronouns "us" and "them", I note that the dramatization of these social confrontations have a continuing presence in "protest" rap songs. Even if the meaning of these pronouns seems to shift, major trends seem to emerge nonetheless : the agents involved in fighting symbolically seem to correspond to postcolonial power issues. Then, implicitly, stylistic processes and formulations seem to be related to critiques of class relations, which would help to understand the potential appropriation of those rap songs by a heterogeneous public.; Desde una perspectiva de sociología de las obras, este artículo propone estudiar algunas representaciones contemporáneas de las relaciones de dominación a partir del análisis de varias obras de rap producidas en Francia en los años 2000. Gracias a los estudios de Richard Hoggart sobre las oposiciones enunciativas hechas par los clases populares entre los pronombres "nosotros” y "ellos”, observo que las puestas en escena de estos enfrentamientos sociales persisten en el seno de un corpus de obras de rap "contestatario”. Si lo que estos pronombres encierran aparece movedizo, grandes tendencias parecen sin embargo desprenderse: los actores movilizados en el enfrentamiento simbólico se relacionan con posiciones poscoloniales de poder. Luego, implícitamente, los procedimientos estilísticos y las formulaciones parecen aludir a criticas de las relaciones de clases, lo que permite comprender la potencial apropiación de las canciones de esos raperos por un público heterogéneo.; Dans une perspective de sociologie des œuvres, cet article propose d’étudier certaines représentations contemporaines des rapports de domination à partir de l’analyse d’œuvres de rap produites en France au cours des années 2000. Grâce aux travaux de Richard Hoggart sur les oppositions énonciatives faites par les classes populaires entre les pronoms « nous » et « eux », j’observe que les mises en scène de ces affrontements sociaux persistent au sein d’un corpus d’œuvres de rap « contestataires ». Si ce que renferment ces pronoms paraît mouvant, il semble pourtant se dégager de grandes tendances : les acteurs mobilisés s’affrontant symboliquement relèveraient d’enjeux de pouvoir postcoloniaux. Puis, en filigrane, les procédés stylistiques et les formulations paraissent renvoyer à des critiques des rapports de classes, permettant de comprendre la potentielle appropriation des chansons de ces rappeurs par un public hétérogène.

Avec son Retour à Reims publié en 2009, Didier Eribon mobilise sa propre expérience biographique pour traiter du monde ouvrier qu’il a quitté, des transformations des classes populaires, de la domination de classe, et de la manière dont la réussite scolaire lui a permis de l’éprouver et de la contredire. La présentation de ce livre est l’occasion de discuter une grille de lecture sociologique étroitement inspirée des travaux de Pierre Bourdieu et de l’actualité de la question des classes sociales et de la mobilité sociale. With Retour à Reims [“Return to Reims”], which is published in 2009, Didier Eribon used his own biographical experience to talk about the working-class world he left behind; transformations in working classes; the domination of class; and how academic success helped him to get a sense for this state of affairs and argue against it. The book’s presentation is an occasion to discuss a grid of sociological analysis inspired from the work of Pierre Bourdieu, along with topical questions such as social class and social mobility. En su libro Retour à Reims, publicado en 2009, Didier Eribon moviliza su propia experiencia biográfica para abordar el mundo obrero que dejó atrás, las transformaciones de las clases populares, la dominación de clase y la forma en que el éxito escolar le permitió ponerla a prueba y contradecirla. La presentación de este libro es la ocasión de discutir una pauta de lectura sociológica profundamente inspirada de los estudios de Pierre Bourdieu y de la actualidad del tema de las clases sociales y la movilidad social.

Quito, Guayaquil (Ecuador) - Tradition and modernity: towards an internationalization of architecture. The architectural evolution study of Quito and Guayaquil allows to highlight the internationalization of the architecture since the twenties, whichever social classes considered. In fact, some common points can be bring out. In Quito, as in Guayaquil the architectural witnesses study put in a prominent position the « importation » of European patterns that are sometimes interpreted in a different way in the Sierra and in the Costa by the well-off classes, each region suiting to the styles according to his « mentality » and to the climate. The internationalist trend is all the more pronounced because the penetration of the North American influence emerges like the most important since the fifties. The economic and social changes and the way of life transformations that they create give birth to a new architectural order that gives a specific way to these two Latin-American metropolises., L'étude de l'évolution architecturale de Quito et de Guayaquil permet de mettre en valeur l'internationalisation de l'architecture à partir des années 20, quelles que soient les catégories sociales considérées. Un certain nombre de points communs relatifs à l'architecture des deux métropoles peuvent être dégagés. À Quito comme à Guayaquil, l'étude des témoins architecturaux met en évidence l’« importation » par les catégories aisées et les pouvoirs publics des modèles européens parfois interprétés de façon un peu différente dans la Sierra et sur la Costa, chaque région adaptant les styles en fonction de sa « mentalité » et de son climat. La tendance internationaliste s'accentue à partir de 1950 lorsque s'impose la pénétration de l'influence nord-américaine en Équateur. Les mutations économiques et sociales et les transformations des modes de vie qu'elles engendrent donnent naissance à un nouvel ordre architectural qui marque de manière spécifique ces deux métropoles latino-américaines., Quito, Guayaquil (Ecuador) - Tradición y modernidad: ¿hacia una internacionalización de la arquitectura? El estudio de la evolución arquitectural de Quito y Guayaquil permite poner de relieve la internacionalización de la arquitectura a partir de los años 20, cuales sean las categorías sociales consideradas. En efecto se pueden destacar algunos puntos comunes. Tanto en Quito como en Guayaquil, el estudio de los testigos arquitecturales permite evidenciar la «importación» de modelos europeos por parte de las categorías acaudaladas, aunque estos modelos han sido, a veces interpretados de manera un poco distinta en la Sierra y en la Costa, ya que cada región adaptó los estilos a su propia «mentalidad» y a su clima. La tendencia internacionalista aparece con más claridad al imponerse la penetración de la influencia norteamericana, a partir de 1950. Las mutaciones económicas y sociales, así como los cambios de mentalidad y de forma de vida generan un nuevo orden arquitectural que ha marcado de manera específica estas dos aglomeraciones latinoamericanas., Bock Godard Marie S. Quito, Guayaquil (Équateur) - Tradition et modernité : vers une internationalisation de l'architecture ?. In: Bulletin de l'Institut Français d'Études Andines, tome 20, N°1, 1991. pp. 163-179.

L’auteur aborde les épineuses questions nationale, ethnique, autochtone, de classe au Canada/Québec sur trois registres : personnel, historiographique et épistémologique. Tout en se servant de « son vécu personnel et familial », il réfléchit sur la justesse des analyses qui ont été avancées sur ces questions au cours des soixante dernières années. Il suggère des pistes de réflexion sur le rapport entre la domination de classe, les nations, la démocratie et les rapports égalitaires. En terminant il affirme la valeur heuristique pour traiter de ces sujets de l’approche multidisciplinaire, particulièrement de la socio-historique qui pourrait permettre de mieux cerner le réel en l’expliquant., The author treats the complex issues of nation, ethnicity, native peoples, and class in Quebec/Canada at three levels: personal, historiographical, and epistemological. With reference to his "personal and family experience", he reflects on the "validity" of the analyses of these issues offered over the past sixty years. He suggests certain avenues of reflection on the relationship between class domination, nations, democracy, and egalitarian relations. In closing, he underlines the heuristic value of treating these issue through an interdisciplinary approach, particularly a socio-historical one that allows a better circumscription of the real in explaining it., El autor aborda las espinosas cuestiones nacional, étnica, autóctona y de clase en Canadá/Quebec en tres registros: personal, historiográfico y epistemológico. Remitiéndose a sus "vivencias personales y familiares", éste reflexiona sobre la adecuación de los análisis efectuados en torno a esas cuestiones durante los últimos sesenta años. El autor sugiere vías de reflexión sobre la relación entre la dominación de clase, las naciones, la democracia y las relaciones igualitarias. Finalmente, el autor afirma el valor heurístico que posee para tratar estos temas el enfoque multidisciplinano, y particularmente el socio-histórico, que podría permitir una mejor aprehensión y explicación de la realidad.