Résumé L’Est de la Roumanie est une région étendue sur 87 500 km 2 , ouverte vers les steppes orientales, et le lieu de la plus grande concentration connue des sites gravettiens et épigravettiens du pays. Les recherches archéologiques y ont commencé dès les années 1930 et ont été considérablement amplifiées durant les années 1950, avant la réalisation des projets hydrotechniques destinés à la construction des barrages sur les cours du Prut et de la Bistrița. Les efforts des équipes multidisciplinaires impliquées et les publications qui ont suivies ont eu l’effet de signaler le potentiel archéologique de la région et de déterminer la continuation des recherches. Bien que le temps et les ressources dédiés ont été importantes, les conclusions portant sur les phénomènes culturels du Paléolithique supérieur se sont avérées souvent contradictoires et, en quelque sorte, écartées de la dynamique culturelle européenne générale. De ce fait, la réévaluation présente essaie de mettre les informations liées à la chronologie, au paléomilieu et à la culture matérielle dans un cadre plus cohérent et plus intégré aux réalités des régions limitrophes. En synthétisant les données disponibles des sites gravettiens et épigravettiens de l’Est des Carpates, on a identifié la succession suivante : ( 1 ) une étape culturelle qu’on peut attribuer à l’Aurignacien sur la Vallée du Prut, mais dont la caractérisation ne peut être définie sur la Vallée de la Bistrița, entre 31 ka et 28 ka (chronologie non calibrée) ; ( 2 ) une présence gravettienne assez ancienne (vers 27 ka–25,5 ka), pour laquelle on remarque l’aménagement des supports laminaires à dos, le décor schématique d’un pendentif en pierre et le choix des coquilles perforées comme objets de parure ; ( 3 ) un horizon avec des pointes à cran, assez discret, que les datations de 25 ka à 23 ka, situe sur le même palier chronologique que les manifestations similaires européennes et pour lequel l’utilisation précaire de l’obsidienne annonce des contacts avec les ressources/les populations de l’Europe centrale ; ( 4 ) une interface Gravettien/Épigravettien, de 21 ka à 19 ka, caractérisée par plusieurs niveaux archéologiques, dans lesquelles on observe une amplification de la production/utilisation des lamelles et aussi de l’industrie en matières dures animales ; ( 5 ) une étape épigravettienne proprement-dite, de 18 ka à 16 ka, définie par l’élargissement des choix des matières premières exploitées, l’appel plus évident à l’aménagement à dos et par la diversification de la typologie ; ( 6 ) une dernière manifestation de l’Épigravettien, vers environ 14 ka, qui exprime des options technologiques plus ou moins similaires à celles notées pour l’étape précédente. Tout en prenant en compte les éléments de la variabilité régionale et les limites de la chronologie radiocarbone existante, il apparaît que le Gravettien et l’Épigravettien de l’Est de la Roumanie ont assez de similitudes avec les technocomplexes similaires de l’Europe centrale et orientale. Opening towards the eastern steppe landmass, the Eastern Romania area covers 87,500 km 2 , and shelters the biggest number of Gravettian and Epigravettian sites currently known. Archaeological researches in the area expanded in the 1950's, during the construction of dams on the Prut and Bistrița valleys. The efforts of the multidisciplinary teams involved and the subsequently published papers highlighted the archaeological potential of the region and, with some inevitable interruptions, investigations continued to this day. Although the time and resources spent were not modest, the outcomes regarding the Upper Palaeolithic cultural sequence often proved contradictory and somehow distant from the general European cultural dynamic. Thus, this reassessment tries to put the chronological, palaeoenvironmental, and empirical data in a more coherent framework. A synthesis of the available Gravettian and Epigravettian data east of the Carpathians reveals the following sequence: (1) an Aurignacian stage on the Prut Valley, paralleled by an indefinite Upper Palaeolithic stage, from sites on the Bistrița Valley, between 31 and 28 ka (uncal BP); (2) a quite early Gravettian presence, roughly between 27 and 25.5 ka, which includes backed laminar blanks, schematic decoration of one pendant, and the use of perforated shells as adornments; (3) a scant shouldered points stage, chronologically close to the European similar phases (25–23 ka), for which the feeble use of obsidian points toward contacts with Central European resources/populations; (4) a Gravettian/Epigravettian interface, between 21 and 19 ka, manifested within numerous archaeological layers, mainly through an increase in bladelets and organic artefacts production/use; (5) an Epigravettian stage, between 18 and 16 ka, largely defined through an upturn in raw material choices, backed implements production, and tool types; (6) one last, roughly 14 ka old Epigravettian stage, in which the technological choices recalled those of the previous one. Regional variability elements and radiocarbon chronology limitations considered, apparently, the Gravettian and the Epigravettian of Eastern Romania share quite a lot of traits with the corresponding Central and Eastern European technocomplexes. [ABSTRACT FROM AUTHOR]