Introduction : le cancer de la vulve est un cancer rare, avec environ 800 nouveaux cas par an en France. Le facteur pronostic majeur est l’envahissement ganglionnaire de la région inguino-fémorale, bien décrit dans la littérature. Cependant, la morbidité́ associée aux curages inguino-fémoraux est élevée et la tendance actuelle est à la désescalade thérapeutique. La question de la sécurité́ carcinologique du prélèvement du ganglion sentinelle chez les stades FIGO I multifocaux (Im) et FIGO II se pose. Objectifs : l’objectif principal de notre travail est de définir des facteurs de risques épidémiologiques, cliniques ou histologiques prédictifs d’un envahissement ganglionnaire parmi les patientes ayant un carcinome épidermoïde infiltrant de vulve FIGO I multifocal ou FIGO II. L’objectif secondaire est de définir l’envahissement ganglionnaire des FIGO Im et FIGO II pré opératoire. Matériels et méthodes : il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique sur 10 centres français, de 1991 à 2019 avec le groupe FRANCOGYN. Les patientes incluses avaient un carcinome épidermoïde infiltrant confirmé par une biopsie, de stade FIGO Im ou FIGO II défini par les données cliniques et iconographiques pré-opératoires. Les données anatomopathologiques définitives ont permis d’isoler les patientes FIGO III présentant un envahissement ganglionnaire sur la pièce chirurgicale de lymphadenectomie inguinale et de les comparer aux patientes n’ayant pas d’envahissement ganglionnaire. Pour l’analyse univariée, les tests réalisés ont été adapté aux variables étudiées (t-test ou Wilcoxon-Mann-Whitney), et les analyses statistiques sont faites grâce au logiciel GraphPad-Prism pour comparer les deux populations et isoler des facteurs prédictifs d’envahissement ganglionnaire. Résultats : 71 patientes dont 33 patientes FIGO I multifocal et 38 patientes FIGO II ont été incluses dans la population préopératoire. L’âge moyen de la cohorte était de 68 ans. La population N+ était de 24% (17 patientes), contre 76% de patientes sans envahissement ganglionnaire (54 patientes). Il existe un envahissement ganglionnaire chez 30 % des patientes FIGO I multifocal et chez 18 % des stades FIGO II. En analyse univariée, nous n’avons pas pu isoler de facteur prédictif épidémiologique, clinique ou encore histologique (biopsie pré-opératoire) d’envahissement ganglionnaire. Il existe cependant une tendance au tabagisme chez les patientes N+ (p=0,051) ainsi qu’une localisation médiane des tumeurs (p=0,055) sans significativité́. Pour les facteurs histologiques sur les pièces opératoires, la présence d’emboles était significativement plus importante dans le groupe N+ (p=0,0002) que dans le groupe N-. La survie globale (p=0,45) et la survie sans récidive (p=0,31) n’était statistiquement pas différentes entre les 2 groupes. Conclusion : nous n’avons pas isolé de facteurs prédictifs pré-opératoires d’envahissement ganglionnaire pour les patientes présentant un carcinome épidermoïde vulvaire stade FIGO I multifocal et FIGO II. L’envahissement ganglionnaire des FIGO Im est de 30% et les FIGO II pré opératoire de 18% dans notre étude française multicentrique s’étendant sur près de 20 ans.