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L’œuvre du poète Emmanuel Hocquard, héritière du poète atomiste antique Lucrèce, est hantée par une image récurrente : celle du fragment – qu’il soit débris de vase, tesson de poterie, fragment de fresque ou d’azulejos –, au point qu’il s’assimile lui-même à un « poète-archéologue ». Cet article se propose d’étudier la manière dont l’œuvre poétique hocquardienne se structure autour de cette métaphore archéologique, qui inscrit l’écriture dans un rapport conflictuel au temps, qui subvertit ou « inverse » le topos élégiaque du tempus fugit, en mettant en avant une « temporalité intermittente » et incarnée dans la matière archéologique. Il montre ensuite qu’au-delà de la présence thématique et métaphorique, l’archéologie constitue en outre chez Hocquard une méthode d’écriture a posteriori, qui fait de la poétique du fragment le cœur de son travail de redéfinition « négative » du champ poétique, à l’aube du XXIe siècle. Emmanuel Hocquard’s poetic work, which follows in the tradition of Roman atomist poet Lucretius, is haunted by the recurring image of the fragment–whether it is a piece of broken vase, a shard from a pottery piece, or a fragment of fresco or azulejo. Hocquard went so far as to describe himself as an “archeologist-poet”. This paper proposes to study the ways Hocquard’s poetry is structured around this metaphor of archeology, which positions writing in a conflictual relationship with time, and subverts or “reverses” the elegiac topos of tempus fugit by foregrounding an “intermittent temporality” embodied by archeological material. This paper will further claim that, in addition to its thematic and metaphoric presence, archeology constitutes an a posteriori writing method in Hocquard’s work, making his fragmented poetics the heart of a new “negative” definition of poetic landscape at the turn of the 21st century.

Le présent article s’intéresse à la fortune antique, médiévale et renaissante du savoir des Anciens sur les spongiaires. La première partie montre que la tradition postérieure aux travaux du Lycée s’est fondée, paradoxalement, sur une anecdote rapportée du bout des lèvres par Aristote, celle de l’existence d’une αἴσθησις censément mise en lumière par un mouvement de rétractation à l’approche d’un plongeur. Cette réticence et ce scepticisme ont été balayés par la tradition zoologique antique, qui n’a plus fait mention, à propos des éponges, ni de la continuité des êtres ni même des analogies avec les végétaux, pourtant mises en avant par le naturaliste. Dans le corpus hétéroclite byzantin et dans les encyclopédies et traductions de l’Occident médiéval, on observe, à de rares exceptions près, un phénomène d’érosion épistémologique et d’accentuation du merveilleux. Les traités ichtyologiques produits dans les années 1550 par des médecins naturalistes mettent un terme à ce processus, par un double mouvement de retour aux sources et de confrontation avec la nature : Belon réaffirme la pertinence de la catégorie de zoophyte tandis que Rondelet réfute l’idée d’une quelconque sensation des éponges pour les rapprocher, à l’instar d’Aristote, des végétaux, classement qui fera autorité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. This article investigates the ancient, medieval and Renaissance transmission of the Ancients’ knowledge on sponges. The first part shows that the ancient authors who wrote after Aristotle gave particular credit to a story that he reluctantly tells: as they contract when a diver approaches, the sponges would be endowed with some αἴσθησις. The ancient zoological tradition neglected his scepticism and no longer mentioned, when dealing with sponges, the chain of beings nor the analogies with plants, yet underlined by the naturalist. In the heterogeneous Byzantine corpus and in the western mediaeval encyclopaedias and translations, a phenomenon of epistemological erosion is observed while, with only few exceptions, the marvellous pervades the descriptions. Ichthyological treatises produced in the 1550s put an end to these trends as the naturalists directly draw on ancient authorities and scrutinise nature. Thus, Belon reaffirms the relevance of the notion of zoophyte while Rondelet proves that sponges are totally deprived of any sensation whatsoever. Following Aristotle, the latter regards them as plants, a classification that will be authoritative until the middle of the 18th century.

Dans les discours, le programme chinois des Nouvelles routes de la soie converge avec les intérêts de la Russie. Le dynamisme économique chinois génère effectivement une augmentation des volumes de fret qui transitent sur le réseau russe pour gagner l’Europe. Par conséquent, l’ouverture de nouveaux corridors eurasiatiques à travers l’Asie centrale serait complémentaire du Transsibérien. Or l’évolution récente du trafic témoigne plutôt d’un basculement progressif de la complémentarité à la concurrence. En effet, une part croissante des flux de conteneurs en provenance du Japon, de Corée et de Chine se détournent du Transsibérien pour emprunter le Corridor centrasiatique.

Viruses represent an important cause of cancer in humans: infections are estimated to account for close to one cancer case out of five.With the ongoing discovery of new infectious agents, this number should be raising in the near future. In 2006, the discovery of a new _-retrovirus in prostate cancer biopsies launched an intense research activity: could this new xenotropic MLV-related virus (XMRV) be the cause of prostate cancer? Five years later, the initial enthusiasm of retrovirologists has dramatically diminished. One by one, arguments favouring the hypothesis of human infection with XMRV are being refuted. The aim of this review article is to present the discovery of XMRV and to analyze recent data arguing against its existence in humans. A synthetic interpretation of XMRV literature will then be suggested.

Dans le prolongement des précédents ouvrages de la collection « Chemins croisés », ce recueil d’articles de jeunes chercheurs anglicistes adopte une perspective pluridisciplinaire et transnationale afin de faire émerger de nouvelles pistes dans le champ d’étude des mécanismes de (dé)construction de l’altérité dans le monde anglophone. L’altérité se construit et se déconstruit d’abord dans le discours, par des mécanismes linguistiques de différenciation ou d’assimilation qui permettent de penser l’autre et de le désigner. Elle est travaillée en littérature et dans les arts représentatifs par des figures de dissociation ou de comparaison, par la fixation de types et la création de voix ; elle est constamment interrogée, remise en cause ou renversée par les littératures minoritaires ou postcoloniales. Elle forme enfin le cœur de problématiques identitaires collectives concernées par la définition et les rapports politiques entre groupes sociaux ou entre nations. Elle traverse l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, des luttes sociales, des conflits armés, du rapport entre pouvoir et minorités. Le rapprochement de ces mécanismes linguistiques, culturels ou politiques dans le présent ouvrage permet d’offrir des éclairages multiples et de souligner des convergences possibles dans l’étude d’un sujet complexe et essentiel à l’heure du renouveau des discours identitaires.

Aux États-Unis, certaines cultures ont été considérées et présentées comme « autres » par les Blancs Américains, en particulier les Indiens et les Africains-Américains, à travers les expositions internationales et nationales (Philadelphie en 1876, Chicago en 1893, Saint-Louis en 1904, etc.) dans le contexte impérialiste blanc de la fin du xixe siècle. Afin de déconstruire cette altérité, les Africains-Américains ont dû prendre en charge leur propre régime de représentation dans les présentations publiques, dans un premiers temps avec des expositions ségréguées dans le cadre des grandes expositions, puis avec leurs propres expositions. Ce mouvement a abouti à la mise en place de sites spécifiques dédiés à la culture noire : les musées africains-américains. Dans ces expositions distinctes et ces musées, les Africains-Américains ont pris le contrôle de leur propre image et de ce qu’ils souhaitaient présenter de leur histoire et de leur culture. Cependant, le sentiment d’altérité est toujours présent dans les présentations africaines-américaines, car les Noirs Américains font à la fois partie de la culture américaine et s’en distinguent à cause de la ségrégation et de la discrimination. Les musées africains-américains doivent ainsi trouver un compromis entre faire partie et se distinguer de la culture dominante blanche américaine. In the USA, some cultures have been perceived and presented as ‘other’ by Euro– pean Americans, especially Indians and African Americans, in international and national exhibitions (Philadelphia 1876, Chicago 1893, Saint–Louis 1904, etc.) in the context of white supremacy and imperialism of the late 19th century. In order to deconstruct this otherness, African Americans had to take control of their repre– sentation in public displays, first with their own pavilions in great exhibitions and their own exhibitions. This led to specific spaces being devoted to black culture: African American museums. In those specific exhibitions and museums, African Americans took control of their own image and what they wanted to show about their history and their culture. Yet, the feeling of otherness is still present in African American displays, being both part of American culture and different from it due to a history of prejudice. African American museums have to reconcile this balance between being part of and outside mainstream American culture.

Citation suggérée : Anses. (2022). Avis relatif à l'évaluation des risques liés à la présence de 2-chloroéthanol (2-CE) dans du gluten incorporé dans des denrées alimentaires (saisine 2022-SA-0059). Maisons-Alfort : Anses, 98 p.; Une alerte sanitaire concernant la détection de 2-chloroéthanol (2-CE) dans des mix à base de gluten vital1 a été rapportée le 23 mars 2022 par la DGCCRF. La présence de 2-CE a été détectée par les préparateurs des mix de gluten qui sont destinés à être incorporés dans des farines utilisées pour la fabrication de différents produits finis, dont de panification comme le pain, les viennoiseries, etc. A la suite de cette détection, le fabricant du gluten mis en cause a réalisé des analyses sur son échantillothèque et a confirmé que le gluten était l’ingrédient alimentaire contaminé. Le fabricant a également analysé un ensemble conséquent de plusieurs centaines de lots récents de gluten, amidon et autres coproduits. L’oxyde d’éthylène(ETO) auquel le métabolite 2-CE est communément associé n’a été détecté dans aucun échantillon.Selon la DGCCRF, ces résultats excluent tout lien avec une contamination ou un traitement par l’ETO, traitement interdit en Europe, et seraient ainsi concordants avec l’origine française des blés.Dans ce contexte, il est demandé à l’Anses de mener une expertise en urgence afin de répondre aux questions suivantes :- Quel est le niveau d’exposition alimentaire et le niveau de préoccupation sanitaire associé ?- Pouvez-vous, sur la base des éléments disponibles, conclure sur le niveau de préoccupation sanitaire pour les produits finis au sein desquels le 2-CE n’est pas quantifiable (< 0,02 mg/kg) ?

Les champs de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire sont, depuis quelques années, marqués par une multiplication et une diversification des collaborations et initiatives engageant des productions hybrides entre acteurs académiques et opérationnels. En réouvrant la question des relations entre ces mondes, le cahier Ramau 11 apporte un éclairage sur les reconfigurations contemporaines des expertises territoriales grâce à trois entrées : les arènes de production de recherches et d’expertises ; les processus de confrontation et de légitimation des savoirs au sein de ces arènes ; les trajectoires multiples engagées au fil de ces démarches. Si les contributions révèlent des situations très diverses d’ouverture, de croisement, d’entremêlement, d’hybridation et parfois de coproduction, elles montrent que de telles porosités vont de pair avec des processus de polarisation et d’affirmations d’expertises « originelles » par les acteur·rices qui en seraient historiquement détenteur·rices, comme par les autres acteur·rices engagé·es à leurs côtés. Elles montrent par ailleurs que de telles démarches, au-delà de leur diversité et de la quête (parfois fantasmée) de coproduction, sont mues par bien d’autres enjeux individuels et institutionnels.

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