Derder, M., Kella, A., Bouziani, N., Belabbas, A., Sadouki, O., and Hakem, D.
La maladie cœliaque est de diagnostic difficile et souvent tardif chez l'adulte. Elle est d'un grand polymorphisme, allant d'une présentation clinique digestive classique à des symptômes atypiques souvent extra intestinaux qui sont parfois en rapport avec une pathologie associée ou une complication liée comme celle liée au syndrome de malabsorption qui peut conduire à une ostéomalacie. Mme A.S., âgée de 44 ans, était admise pour exploration de trouble de la marche type marche dandinante associé à des douleurs osseuses à prédominance lombosacrée évoluant progressivement depuis 2 ans. Dans ses antécédents, on notait une maladie de Basedow traitée par carbimazole. L'examen clinique notait un poids de 71 kg avec un indice masse corporelle à 29,5, une pâleur cutanéo-muqueuse et objectivait des douleurs osseuses diffuses localisées principalement au bassin et mettait en évidence une myopathie proximale. La biologie révélait une hypocalcémie à 51 mg/L, une hypocalciurie à 29 mg/24 h, une légère hyperchlorémie à 110 mmol/L et un taux de vitamine D bas à 8 ng/mL. La numération–formule sanguine retrouvait un taux d'hémoglobine à 10,9 g/dL (anémie modérée microcytaire) avec une ferritinémie à 35 ng/ml. La phosphorémie, la kaliémie et la magnésémie étaient normales. La protéinurie était estimée à 124 mg/24 h sans glycosurie, les phosphatases alcalines étaient augmentées à 298 UI/L et la parathormone sérique était élevée à 433 pg/ml (9 fois la valeur normale). Le bilan thyroïdien était perturbé avec une TSHus à 0,05 UI/ml et FT4 à 75 pmol/L. Par ailleurs, le taux des enzymes musculaires (CPK, LDH), le bilan inflammatoire (VS, CRP, EPS) et les sérologies virales étaient normaux. L'exploration morphologique osseuse par radiographies et scanner rachidien retrouvait une déminéralisation osseuse et une discopathie dégénérative avec cyphose dorsale. L'IRM cérébro-médullaire et l'ENMG étaient sans particularité. Devant l'association de douleurs osseuses, de myopathie proximale, d'hypocalcémie et de PAL très élevées avec un taux effondré de la vitamine D et une anémie ferriprive le diagnostic d'ostéomalacie était retenu. Le diagnostic étiologique était en faveur d'une maladie cœliaque confirmée sur le plan immunologique (AC anti-transglutaminases à 25,6 UI/ml) et histologique dont l'étude anatomopathologique de la biopsie gastroduodénale qui mettait en évidence une muqueuse duodénale atrophique avec lymphocytose intra épithéliale de type borderline classée type III selon la classification de MARSH. La prise en charge thérapeutique des troubles osseux était basée sur le régime sans gluten associé à une supplémentation parentérale en vit D et en calcium ainsi qu'un traitement martial. L'évolution était favorable. Une adaptation du traitement de l'hyperthyroïdie était un autre volet de sa prise en charge thérapeutique. L'ostéomalacie est une maladie métabolique qui touche tout le squelette. L'étiologie carentielle est la plus fréquente. L'ostéomalacie peut révéler parfois une MC méconnue de l'adulte. Les signes cliniques sont non spécifiques et la biologie confirme l'ostéomalacie. Le diagnostic de MC doit être évoqué devant une ostéomalacie. La présence d'anticorps anti-transglutaminases permet souvent de s'affranchir de la réalisation des biopsies duodénales qui a néanmoins l'avantage de confirmer l'atrophie villositaire. Lorsque l'ostéomalacie est connue, la scintigraphie osseuse n'a pas d'intérêt majeur. Le traitement repose sur le régime sans gluten et la supplémentation vitamino-calcique. La maladie cœliaque est habituellement évoquée devant les signes de malabsorption cliniques ou biologiques. Un régime sans gluten permet de prévenir et traiter la majorité des complications de la MC qui conditionnent le pronostic fonctionnel de la maladie notamment les complications osseuses source de handicap moteur. Ces complications, devenues rares, peuvent être une circonstance de découverte et une source d'errance diagnostique. [ABSTRACT FROM AUTHOR]