Caractéristique propre au Paradis enluminé par Giovanni di Paolo, absente des enluminures de l’Enfer et du Purgatoire, la représentation de l’objet livre revient dans pas moins de dix enluminures distribuées entre les chants 5 et 28 du Paradis. L’enquête porte sur ce processus de mise en abyme et en démontre le potentiel hexégétique. Le volume, souvent les volumes (une seule enluminure peut contenir jusqu’à sept livres représentés), correspondent aux textes (théologiques, juridiques) mentionnés par Dante dans les vers du grand poème. Toujours chargés de connotations positives, les manuscrits véhiculent le savoir et la sagesse morale promus par Dante. Ils sont en outre un objet de transition, culturelle et esthétique : narrativement reliés aux figures médiévales (Justinien, Denys, Isidore, …), ils exaltent l’appréciation du manuscrit typique de l’humanisme et de la Bibliothèque Alphonsine. En somme, concentrer le regard et l’analyse sur la présence de l’objet livre au sein des enluminures, elles-mêmes insérées dans le manuscrit Yates Thompson 36, permet tout à la fois de saisir l’« intelligence picturale » du peintre et la bibliophilie du commanditaire.