Les traditions durables que l’on trouve dans les cultures enfantines ont suscité l’étonnement des anthropologues au moins depuis Edward B. Tylor. Cet article résume les preuves de l’existence de traditions pluriséculaires transmises pour l’essentiel d’enfant à enfant. Les populations enfantines subissant un renouvellement rapide, une tradition que l’on se transmet à l’intérieur d’un groupe d’enfants doit être transmise suffisamment fréquemment pour compenser ces changements démographiques. Malgré cela, cet article montre que les traditions enfantines survivent en moyenne aussi bien que des traditions adultes similaires, étudiées avec des données similaires. Il présente une hypothèse qui pourrait expliquer l’énigme des traditions enfantines. Les jeux et les comptines qui ont du succès ne sont pas particulièrement bien mémorisés, ou transmis de façon particulièrement fidèle, mais ils sont sélectionnés pour leur capacité à susciter et à supporter des répétitions et des transmissions fréquentes. Cette sélection est si drastique qu’elle permet aux jeux et aux comptines qui y survivent de prospérer dans l’espace laissé libre. Why do children have traditions? The long-standing traditions of children’s peer cultures have puzzled anthropologists at least since the days of Edward B. Tylor. This paper summarises the evidence speaking in favour of the existence of traditions spanning several centuries and passed on mostly from child to child. Populations of children being rapidly replaced (as a child does not stay a child for long), a tradition transmitted inside the peer culture has to be transmitted frequently enough to keep up with demographic changes. Yet children’s traditions, as argued in this paper, do no worse on average than similar adult traditions studied with similar data. We present a hypothesis that may go some way towards explaining the riddle of children’s traditions. Successful children’s rhymes and games are not particularly well retained or faithfully transmitted. Rather, they are selected on the basis of their capacity to elicit and endure frequent repetition and transmission. The selection for successful rhymes and games is so drastic that it leaves ample room for surviving traditions to thrive