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L'arthrite juvénile idiopathique (AJI) est le rhumatisme chronique le plus fréquent chez les jeunes et représente une préoccupation de santé mondiale. On retrouve dans la littérature de grandes variations épidémiologiques, témoin de différences méthodologiques et de difficultés de classification. Il semblerait également exister des différences de répartition des sous-types en fonction de certaines régions. L'île de La Réunion regroupe une population issue d'un métissage important et il n'existe à notre connaissance aucune étude qui y fait part de la prévalence des AJI. L'objectif principal était donc de calculer la prévalence des AJI à La Réunion en 2024. Les objectifs secondaires étaient d'établir les pourcentages des différents sous-types, d'analyser les facteurs influençant la présentation de la maladie et ses modalités de prise en charge et enfin d'établir une comparaison avec les données de l'Hexagone. Cette étude rétrospective et multicentrique a inclus des patients des quatre hôpitaux de La Réunion, diagnostiqués d'une AJI entre janvier 2008 et janvier 2024. Les données ont été recueillies via les dossiers médicaux et des appels téléphoniques. La prévalence a été calculée en pourcentage avec un intervalle de confiance à 95 %. La prévalence de l'AJI à La Réunion en 2024 était estimée à 14 pour 100 000 enfants de moins de 16 ans, sans différence de sexe retrouvée. L'AJI oligoarticulaire était la forme la plus représentée (34,5 %), suivie de l'AJI enthésitique (ERA) (20,7 %). Après reclassification de certains cas, les formes oligoarticulaires et enthésitiques atteignaient chacune 27,6 %. Cette proportion élevée d'ERA contraste avec les données d'autres études françaises. Le délai diagnostique médian toutes AJI confondues était de 3,5 mois, plus long pour l'ERA et les enfants ayant consulté un chirurgien orthopédique et associé à plus d'érosions osseuses. À l'inverse, la forme systémique et le fait d'avoir un parent cadre semblaient associés à un temps diagnostique plus court, ce qui concorde avec les données de la littérature. La prévalence des AJI à La Réunion a pu être sous-estimée en raison du caractère intra-hospitalier de l'étude, du retard diagnostique et de l'accès limité aux soins dans certaines zones enclavées de l'île. La reclassification de certaines formes illustre toute la difficulté de définition des AJI et souligne l'importance de reconsidérer certains diagnostiques au fil du temps, notamment lors de l'apparition de nouvelles manifestations cliniques. La forte proportion de formes enthésitiques pourrait être liée à la diversité ethnique de La Réunion, notamment la présence significative d'enfants d'origine asiatique. Cela pourrait expliquer l'absence de prédominance féminine dans notre population d'AJI, souvent rapportée dans la littérature. Cette étude apporte les premières données épidémiologiques sur l'AJI à La Réunion et révèle une proportion élevée de formes enthésitiques. [ABSTRACT FROM AUTHOR]