Search

Depuis quelques années, le droit semble marqué par un « tournant animaliste », révélant une sensibilité accrue à l’égard du vivant. Que ce soit à travers la voie législative ou contentieuse, le droit brouille les frontières de la summa divisio qu’il posait jusqu’alors entre les personnes et les choses. Ainsi, les animaux, voire la Nature dans son ensemble, se voit parfois reconnaître le statut de sujet de droit. La présente contribution a pour objectif de faire la lumière sur les présupposés anthropologiques et normatifs accompagnant les récentes stratégies juridiques déployées par divers acteurs afin de protéger les animaux. L’enquête vise à repérer les différentes manières pour le droit de saisir les rapports entre humains et animaux et d’identifier ainsi les éventuelles traces d’un glissement vers un paradigme post-humaniste.

Cette contribution distingue quatre approches differentes du rapport aux normes dans une societe donnee : contextuelle, essentialiste, pragmatique et reflexive. La these defendue est que lorsqu’on se limite aux deux premieres, on risque de manquer la maniere dont les attentes normatives des membres d’une societe conditionnent directement, de l’interieur, la structure pratique des normes et influent ainsi sur leur capacite a produire de l’equite, de la confiance et de l’autorite. Methodologiquement, il semble donc decisif de bien cerner la maniere dont obligation et reconnaissance s’imbriquent dans la production du commun par le rapport aux normes.