Le postmodernisme se donne explicitement comme une philosophie de la mondialisation. En occident, Jacques Derrida, par sa déconstruction, est l’un des penseurs qui anime le débat postmoderne en considérant que notre ère manque la fin de rationalité, du progrès et de la recherche d’un sens. La déconstruction se définit comme l’ensemble des techniques et stratégies utilisées par Derrida pour démonter, fissurer et déplacer toute logique universelle. Par le mécanisme de la différance, l’homme sort de tout cadre originaire (grands ensembles, méta récits), seul demeure la trace. L’homme pris dans la trace marque son refus de solidarité avec tout centre, tout principe, toute origine, etc. Cette idée est radicalisée par le légiste, personnage emblématique dans l���Utopie de Thomas More. En effet, le légiste fait l’éloge de la justice sévère anglaise. Partant de la théorie socio-biologiste selon laquelle les comportements sociaux sont génétiques, le légiste dans l’Utopie de More soutient qu’il faut une justice sévère, inflexible, rigide pour nettoyer la cité de ces maux. Dans ce sens, il faut condamner autant d’individus à la potence, car les maux sociaux sont naturels et innées. C’est contre cette approche néolibérale que s’insurge Thomas More. Tout comme les mouvements de gauches, l’Utopie de More explique les maux sociaux par les injustices sociales, la démission de la société, et surtout le manque de l’éducation. Du coup, avec l’Utopie, il s’agit de relativiser le monde dans lequel nous vivons : un autre monde est possible que celui dans lequel nous vivons. Partant delà, l’utopie notamment celle de Francis Bacon ou Thomas More, n’est-elle pas un genre littéraire altermondialiste ? Si la logique néolibérale impose son diktat et pose le principe selon lequel il n’y a pas d’alternative autre que ce que nous offre le capitalisme, ne faut-il pas voir dans l’Utopie, un genre littéraire qui voudrait rétablir l’égalité entre les hommes ?