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La reprise de l’étude du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin dans la Vienne, au début des années 1990, a joué un rôle moteur dans la dynamique des études des abris ornés du Paléolithique supérieur. Contrairement à la plupart des grottes ornées, de tels sites offrent la possibilité d’interroger des images pariétales en association avec des occupations type habitat, inscrites au cœur des paysages. Ce contexte physique et archéologique particulier permet de nourrir de multiples problématiques sur les sociétés de chasseurs-collecteurs préhistoriques, tant sur le plan social que culturel : fonction des sites ornés, usage social des images, mobilité des groupes et structuration territoriale. L’étude des frises sculptées, comme celles du Roc-aux-Sorciers ou de la Chaire-à-Calvin à Mouthiers-sur-Boëme en Charente, ont également été des lieux de développements méthodologiques, techniques et conceptuels repris efficacement sur d’autres sites comme le Roc-de-Sers à Sers en Charente, l’abri de Cap-Blanc à Marquay ou l’abri Reverdit à Sergeac en Dordogne. Face à des œuvres en volume et souvent de grande taille qu’il faut comprendre dans leur ensemble, de nouvelles méthodes d’acquisition ont été sollicitées et mises en place comme les technologies 3D dès les années 1990. L’objet de cet article est de faire le bilan de l’ensemble de ces apports, tant pour la recherche que pour la conservation ou la valorisation des sites, témoignant du rôle de l’étude des abris ornés dans la recherche en Préhistoire. The new study of Le Roc-aux-Sorciers rock shelter (Vienne), at the beginnings of the 1990s, played a leading role in the research dynamics of Upper Palaeolithic decorated shelters. Unlike most decorated caves, these sites give the opportunity to question the parietal images in association with habitat-like occupations, settled within the landscapes. This specific physical and archaeological context helps discussing diverse issues on these hunter-gatherers societies both from the social and cultural points of view: functions of decorated sites, social use of the images, groups mobility and territorial structuring. The study of sculpted friezes, such as that of Le Roc-aux-Sorciers or La Chaire-à-Calvin (Charente), has also seen the application of methodological and technical developments in Palaeolithic parietal art research, which were then efficiently applied to other sites such as Le Roc-de-Sers (Charente), Cap-Blanc (Dordogne) or Reverdit (Dordogne). In the framework of sets of large works in volume, new methods of data acquisition were sought and set up, like the 3D technologies since the 1990s. The aim of this article is to assess all of these contributions to research, preservation and heritage which attest to the important role of decorated shelters studies in Prehistoric research.

The Palaeolithic cave art in Europe is specially concentrated in the Cantabrian, Pyrenean and Perigordian regions since the beginning of the research in the early twentieth century. Anyway, in the meeting point between them, where different exchanges should be taken place, there was an incomprehensible absence in the archaeological record, concerning symbolic activities.During the last fifteen years the discoveries of cave art have been exponentially reactivated in this central area, largely by the implementation of specific surveying projects. Therefore, a new reality has been configured that provides a different vision on the conformation and development of the symbolic activity developed in the caves of the Basque Country. Subsequently, this situation will allow us to better understanding the cultural interaction between the main regions of Cantabrian, Pyrenees and the Périgord in the future. L’art pariétal paléolithique en Europe est particulièrement concentré dans les régions cantabrique, pyrénéenne et périgourdine depuis le commencement des recherches au début du xxe siècle. Quoi qu’il en soit, à l’intersection de ces différentes régions, où des échanges devaient avoir lieu, il existait une absence incompréhensible de témoignages d’activités symboliques dans les registres archéologiques.Au cours des quinze dernières années, les découvertes d’art rupestre ont été réactivées de manière exponentielle dans cette zone centrale, en grande partie par la mise en œuvre de projets de prospection spécifiques. Une nouvelle réalité s’est dessinée, offrant une vision différente de l’aspect et du développement de l’activité symbolique dans les grottes du Pays basque. L’étude en cours de ces découvertes offre de nouvelles perspectives pour l’analyse et la compréhension des interactions culturelles entre les régions de la Cantabrie, des Pyrénées et du Périgord.

Comment construire un discours scientifique moderne au sujet des grottes ornées ? La révolution numérique et les progrès dans l’analyse physico-chimique rendent les recherches plus efficaces. L’exhaustivité et l’objectivité sont désormais mieux et plus vite atteintes, dans le respect de la conservation des sites. Pour autant, il reste encore aux pariétalistes à s’entendre sur un vocabulaire et élaborer une méthodologie commune. Sans perdre de vue que la base de tout reste le relevé et le travail sur le terrain, même si celui-ci est de plus en plus réduit, pour conserver intact la qualité de l’environnement souterrain.Travaillant dans des grottes « sales », ayant subi de nombreuses altérations, nous avons mis au point des protocoles et une méthodologie particulière dont nous donnons ici quelques exemples. Identifier les tracés paléolithiques et traduire la réalité de la paroi (son volume, son relief, sa taphonomie), tels sont les objectifs que nous nous sommes fixés. Avec une condition majeure : poursuivre le relevé, à la base même de notre travail. How to build a modern scientific discourse about painted caves? The digital revolution and progress in physico-chemical analysis allow the specialist to propose a more effective scientific discourse. Completeness and objectivity are now reached better and more quickly, while respecting the conservation of painted caves. However, specialists in cave art still have to develop a vocabulary and a common methodology, without losing sight of the fact that the base of everything remains the drawing and the fieldwork, even if it is more and more limited, as to preserve the quality of the cave environment. Because we are working in “dirty” caves, having undergone many alterations, we have developed protocols and a specific methodology, of which we give some examples here. Identify Paleolithic lines and translate the reality of the wall—its volume, relief or taphonomie—are our objectives. With a major condition: still working with drawings, at the base of our work.

Since 2013 the projects “4D · arte rupestre” have been carried out in more than 20 sites along the eastern half of the Iberian Peninsula, in locations included in UNESCO’s World Heritage List since 1998. The purpose of these projects was the development of protocols for diagnosis and monitoring of rock art sites, using several cutting-edge technologies, including 3D modelling based in close range photogrammetry, gigapixel imaging, enhancement with decorrelation stretch algorithms, colorimetric control, in situ physicochemical analyses, biogeochemical analyses of alteration, or thermal imaging.The success of these multidisciplinary projects in the diagnosis of the alterations in a rock art panel and in the monitoring of their change over time demonstrates that current technologies can contribute in a significant way to the preservation of these invaluable cultural properties. This is especially transcendent for controlling the evolution of cave and rock art sites in the present scenarios of climatic change. Finally, some of those technologies can increase the public awareness about the fragility and cultural significance of the prehistoric graphic expressions. Rock art can be appreciated by the general public using webpages and digital repositories that allow a better experience for faded or ill-preserved sites. Depuis 2013, les projets « 4D · Arte rupestre » ont concerné plus de 20 sites le long de la moitié orientale de la péninsule ibérique, inclus dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998. L’objectif était d’élaborer des protocoles de diagnostic et de surveillance des sites d’art rupestre à l’aide de nouvelles technologies, y compris la modélisation 3D basée sur la photogrammétrie rapprochée, la photographie gigapixel, la mise en valeur par des algorithmes de décorrélation, le contrôle colorimétrique, les analyses physico-chimiques in situ, les analyses biogéochimiques de l’altération ou l’imagerie thermique.Le succès de ces projets multidisciplinaires, en ce qui concerne le diagnostic des altérations sur un panneau d’art rupestre et le suivi de leur évolution dans le temps, montre que les technologies actuelles peuvent contribuer de manière significative à la préservation de si précieux biens culturels. Cela est particulièrement vrai pour contrôler l’évolution des grottes et des sites d’art rupestre alors que se multiplient les signes de réchauffement climatique.Enfin, certaines de ces technologies peuvent concourir à sensibiliser le public à la fragilité et à l’importance culturelle des expressions graphiques préhistoriques. L’art rupestre peut être apprécié par le grand public à l’aide de pages web et des dépôts numériques qui permettent une meilleure expérience pour les sites difficiles à conserver.