Les recherches sur l’avant-garde ont connu ces dernières années leur « tournant spatial ». Loin de la dichotomie traditionnelle entre centre et périphérie, il s’agit dorénavant d’étudier les avant-gardes en tant que phénomènes transnationaux et transculturels. Au cœur de cette nouvelle modernité globale, les enjeux liés aux diasporas constituent un objet d’étude privilégié. L’analyse comparée de Banjo, de l’écrivain jamaïquain Claude McKay, et des Contrebandiers, écrit en yiddish par l’écrivain juif polonais Oser Warszawski, révèle leur volonté d’inventer un nouvel espace dans la fiction : un « tiers espace » où la transgression des frontières raciales, nationales, sociales, religieuses et linguistiques serait permise. Pendant l’entre-deux-guerres, et face à l’accroissement des violences raciales et religieuses, McKay et Warszawski sont à la recherche de leur propre espace littéraire, un espace où il leur sera possible de conquérir « le droit de faire le récit du monde » (É. Glissant). Studies of the avant-gardes have experienced a kind of “spatial turn” in the past few years, distancing themselves from the traditional dichotomy between centers and peripheries. Avant-gardes are now being understood as transnational and transcultural phenomena. Looking into the avant-garde movements from the point of view of its diasporic elements is to dive into the core of global modernity. The comparative analysis of Jamaican-born writer Claude McKay and Polish Yiddish-speaking writer Oser Warszawski strikingly reveals the same desire to create a new space in their works of fiction—a“third-space” or an “in-between space” (E. Soja, H. Bhabha)—where the racial, national, social, religious and linguistic borders could all be transgressed. During the inter-war period, facing the increase of racial and religious violence, they both try to find their own global literary space and “to conquer the right to tell their story of the world” (É. Glissant).