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Cet article interroge la relation entre la notion de marginalité et celle de développement des circuits courts (CC) de commercialisation. La théorie de la rente foncière, tout comme celle de la localisation, ne permettent pas d’apporter des réponses au questionnement. L’examen du poids des CC dans une diversité de régions et de proximité ou d’éloignement de la ville révèle une pluralité de situations liées aux productions agricoles et aux contextes fonciers. La focale mise sur la région Corse montre une présence forte et ancienne des exploitations commercialisant en CC. Dans cette région essentiellement montagneuse et fortement soumise à des contraintes naturelles opter pour des formes de commercialisation en CC est – notamment pour les petites exploitations – le seul moyen de survivre et de faire perdurer une diversité d’activités agricoles. Pourtant, dans cet archétype de région marginale spécialisée en CC, cette logique de survie coexiste avec un autre modèle, celui des exploitations fortement capitalisées, dans les zones plus favorisées où le foncier est cher, et où le développement des CC correspond à un itinéraire de capitalisation. Les données statistiques nationales et la bibliographie nous incitent à penser que ces deux modèles coexistent partout, ce qui nous fait douter du soutien institutionnel aux CC s’il est conçu comme l’outil exclusif de soutien au développement des exploitations agricoles des zones à handicaps naturels. This article explores the relationship between the notion of marginality and the development of short food supply chains (SFSC). Neither the theory of land rent nor that of localization are able to provide satisfactory answers. A review of the significance of SFSC in a variety of areas, close to or far from towns, reveals a range of situations linked to agricultural production and land contexts. Focusing on the region of Corsica, we find a strong, long-established practice of farms using SFSC. In this mainly mountainous area, subject to considerable natural limitations, farmers have opted for marketing via SFSC as the only way to survive and to sustain a range of agricultural activities. Yet in this archetype of a marginal region specialised in SFSC, the logic of survival co-exists with another model, of highly capitalized farms in the most affluent areas where land is at a premium and where the development of SFSC is one of the routes to capitalisation. National statistical data and the literature suggest that these two models co-exist everywhere. If so, this leads us to feel uneasy about institutional support of SFSC if they are seen as the only instrument supporting agricultural development in zones burdened with natural handicaps.