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Le secteur de la cosmétique, employant très majoritairement des femmes, expose à de nombreux risques professionnels. La prévention des risques potentiels pour la reproduction est donc un enjeu important. Nous avons conduit une enquête auprès des médecins du travail, en charge de salons de coiffure ou d’esthétique, afin de mieux connaître leurs pratiques, leurs ressources et leurs difficultés dans la démarche de prévention vis-à-vis des femmes en âge de procréer ou enceintes.

En France, environ 15 % des grossesses présentent complications (Prééclampsie [PE], naissance prématurée, Petit poids pour l’age gestationnel [PAG] et pertes fœtales). Celles-ci peuvent être liées à des facteurs de risques paternels et maternels. La notion de niveau de risque, bien définie par les recommandations de l’HAS [I1] constitue le socle de la prise en charge de la grossesse. L’évaluation globale[I2] est le point clé de la prévention. Elle s’appuie sur des outils permettant de prédire les risques individuels de complications : échographie avec mesure de la clarté nucale, Doppler des artères utérines, dosage plasmatique de PLGF, dépistage des infections urinaires et vaginales. La santé y compris reproductive est déterminée par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux et psychosociaux de notre environnement. Les femmes enceintes sont exposées à de nombreux agents chimiques et physiques selon leur lieu et leurs habitudes de vie, leur activité professionnelle pendant de la grossesse. Ces multi-expositions ont un effet admis mais encore mal évalué. De nombreuses études indiquent qu’en plus des facteurs de risque obstétricaux, les facteurs environnementaux pourraient augmenter le risque de complications obstétricales. Ainsi la pollution atmosphérique, l’exposition aux solvants organiques, aux métaux ou aux pesticides sont pourvoyeurs de PE, PAG, fausses couches précoces et naissances prématurées. Cependant, les facteurs environnementaux qu’ils soient professionnels ou extraprofessionnels sont encore peu pris en compte dans la détermination du niveau de risque obstétrical. Ce cumul de risques médicaux et environnementaux complexifie l’évaluation des risques et requière une approche pluridisciplinaire. Il est donc primordial d’avoir une approche globale précoce de la grossesse en recherchant non seulement les expositions comportementales les plus connues (tabac, cannabis, alcool) mais aussi en évaluant les expositions environnementales pouvant survenir en milieu professionnel et extra-professionnel. En pratique clinique, l’anamnèse classique recherche peu ces expositions. L’analyse des expositions environnementales associées à un risque chimique ou physique est nécessairement pluridisciplinaire, le médecin du travail y a toute sa place. L’identification précoce des facteurs de risque éventuellement cumulés pourrait réduire le risque global de complications lors de la grossesse en proposant une prise en charge optimale adaptée accompagnée de conseils et de mesures de protection ou d’éviction. Dans ce but nous mettons en place une plateforme de consultation pluridisciplinaire de prévention des risques reprotoxiques en période preconceptionnelle et pendant la grossesse.

La prévalence de l’infertilité de couple est de 15 %. La majorité des couples infertiles entre dans un parcours d’Assistance médicale à la procréation (AMP), qui permet à environ 2 couples sur 3 de devenir parents à l’issue de la prise en charge. Les traitements d’AMP sont éprouvants pour les couples et représentent une dépense de santé publique importante. Dans ce contexte, il est particulièrement important de développer des mesures permettant (i) de prévenir l’infertilité et (ii) d’améliorer les chances d’obtention d’une grossesse en AMP. L’objectif de cette communication est de présenter la collaboration entre médecine de la reproduction et médecine du travail pour la prise en charge des couples infertiles : ses intérêts, ses principes et un retour d’expérience. Les facteurs environnementaux associés à l’infertilité masculine et féminine seront abordés ainsi que leurs mécanismes d’action : toxiques comportementaux (tabac, cannabis, alcool), agents chimiques, agents physiques. Les facteurs environnementaux particulièrement représentés dans le secteur professionnel (perturbateurs endocriniens, métaux, radiations ionisantes, chaleur) seront développés. Certains facteurs environnementaux/professionnels peuvent également induire des modifications épigénétiques dans les gamètes, susceptibles d’impacter la santé de la descendance des individus exposés. Lors de la prise en charge diagnostique des couples infertiles, l’équipe clinicobiologique de médecins de la reproduction explore en priorité les causes médicales d’infertilité ; les expositions environnementales et professionnelles potentiellement reprotoxiques sont mal connues de ces professionnels. Au CHU de Marseille, une collaboration entre médecine du travail et médecine de la reproduction a été mise en place il y a une dizaine d’années pour l’exploration et la prise en charge des expositions professionnelles reprotoxiques. Aujourd’hui, une plateforme de prise en charge multidisciplinaire du risque reprotoxique est mise en place pour les couples infertiles ; elle s’inscrit dans un réseau national soutenu par les Agences Régionales de Santé, dans le cadre des recommandations de sociétés savantes et de l’ANSES sur les risques liés aux expositions reprotoxiques environnementales. Cette plateforme permet la détection et la correction des expositions chez les hommes et les femmes, avant la prise en charge des traitements d’assistance médicale à la procréation, en vue d’améliorer leur issue et la santé globale des couples.