Résumé Objectifs Cette étude vise à évaluer la faisabilité d’un suivi en télésurveillance chez des patients insuffisants cardiaques et la possibilité d’optimiser le traitement à domicile. Méthodes Quatre-vingt-trois patients insuffisants cardiaques ont bénéficié d’un suivi durant ou juste après une phase de décompensation. La télésurveillance a duré 14 jours avec le recueil des mesures standards : poids, pression artérielle et électrocardiogramme (ECG) 1 piste pour l’analyse de la fréquence et des temps de conduction. Il a été évalué la faisabilité d’un tel suivi et le bénéfice pour l’ajustement des traitements délivrés selon les résultats pour optimiser la prise en charge. Résultats La population est de 29 femmes et 54 hommes avec un âge moyen de 78 ans. Quarante et un pour cent de forme avec une fonction systolique préservée (FE de 56 %) et 59 % avec une fonction systolique altérée (FE de 34 %). Cinquante-sept pour cent sont en fibrillation auriculaire (FA). Le taux de BNP est de 930. La perte moyenne de poids est de 2,0 kg (80,3 à 78,3, p < 0,0001), liée une augmentation de 50 % des doses des diurétiques. Il s’agit d’un critère pronostique lors de poussées œdémateuses prédisant l’hospitalisation si la perte n’est pas rapide (−0,3 kg contre −2,2 kg). L’effet est renforcé par la mise sous SPIRONOLACTONE passant de 31 à 64 %. Pour la pression artérielle (PA), la baisse est limitée à 6 mmHg pour la systolique (133 à 127, p = 0,002) et 7 mm pour la diastolique (81 à 74, p < 0,0001), permettant l’initiation (61 à 72 % des cas) ou la majoration des bloqueurs du SRAA. La fréquence (FC) passe de 87 à 73/min (−14/min), p < 0,0001, plus importante en cas de FA (−17/min), par les mises sous B- de 57 à 69 % et surtout l’IVABARDINE passant de 7 à 35 %, si le rythme est sinusal, avec une baisse significative de 79 à 69 ( p < 0,0001). ECG 1 piste : dans 74 % des cas. Cent treize tracés sont réalisés par patient pour un contrôle du rythme ou de la FC lors de FA, surveiller quotidiennement le PR (B-), QT (20 % sous Amiodarone) ou QRS (> 130 ms dans 30 % des cas) posant indication d’une resynchronisation. Dix patients ont eu des événements graves soit 12 % d’événements : 3 décès et 7 hospitalisations pour récidive d’insuffisance cardiaque. Conclusion L’insuffisance cardiaque se caractérise par un taux élevé de réadmission avec un coût économique significatif. La télésurveillance a un potentiel pour améliorer la prise en charge en ambulatoire. Les interventions réalisées contribuent à optimiser la thérapeutique et sécuriser la prise en charge à domicile avec un impact sur la baisse de la fréquence, le contrôle du poids, le contrôle de la pression artérielle et la surveillance des temps de conduction. Summary Purpose The study aimed to assess the feasibility of telemonitoring follow-up of heart (HF) patients and the possibility of optimising treatment at home. Methods Eighty-three heart failure patients were enrolled for the follow-up during or just after decompensation. Telemonitoring data was recorded over a 14-day period and included standard measurements: weight, blood pressure and single-channel electrocardiogram (ECG) for analysing heart rate and conduction times. We evaluated feasibility of this monitoring and the benefit of adjusting patients’ treatment according the results in order to optimise treatment. Results The population comprised 29 women and 54 men, with a mean age of 78 years. Forty-one percent have preserved systolic function (FE 56%) and 59% have systolic dysfunction (FE 34%). BNP at inclusion is 930. Fifty-seven percent presented with atrial fibrillation (AF), 22% with hypertension and 27% with coronary diseases. NYHA = 3. Follow-up comprised 14 days ± 7 days. Weight: the average weight loss was 2.0 kg (80.3 to 78.3, P < 0.0001), linked to a 50% increase in diuretic doses. This is a prognosis criterion in the case of oedematous flare-ups that predict hospitalisation if there is no rapid weight loss (−0.3 kg vs. −2.2 kg). The effect is enhanced by administration of SPIRONOLACTONE, increasing doses from 31 to 64%. Blood pressure (BP): lowering is limited to 6 mmHg for the systolic BP (133 to 127, P = 0.002) and 7 mmHg for the diastolic BP (81 to 74, P < 0.0001), enables initiation (61 to 72% of cases) or increase of angiotensin-converting enzyme inhibitors. Heart rate: heart rate dropped from 87 to 73/min (−14/min), P < 0.0001 with greater reduction in cases of AF (−17/min), thanks to an increase in heart rate control medications: 57% to 69% for beta blockers and 7 to 35% for IVABARDINE in cases of sinus rhythm, with a significant reduction of 79 to 69 ( P < 0.0001). Single-channel ECG: in 74% of the cases. One hundred and thirteen ECGs were realised per patient (loop recorder) to control rhythm or heart rate in cases of AF. Conduction times were monitored daily: PR (B-), QT (20% with Amiodarone) or QRS (> 130 ms in 30% of cases) in order to evaluate the possibility of cardiac resynchronisation therapy. At the end of follow-up: 3 deaths and 7 hospitalisations (12%). Conclusions HF poses a significant economic burden on our health-care resources with very high readmission rates. Remote monitoring has a substantial potential to improve the management and outcome of patients with HF. Therapeutic interventions contribute to optimise heart failure treatment and secure ambulatory follow-up through a targeted action on decreased heart rate and weight loss, BP monitoring and ECG conduction time measurement values. [ABSTRACT FROM AUTHOR]