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International audience; Dissimulées, imposées, acceptées ou rejetées, les identités des personnages de la série Shadow and Bone (2021- ) se dévoilent au fil des épisodes et interrogent tant les spectateurs et spectatrices que les protagonistes. « Qu’est-ce que vous êtes ? » est notamment l’une des questions récurrentes posées à l’héroïne, Alina Starkov. D’orpheline à figure d’élue, c’est un itinéraire typique de la fantasy qui s’accomplit dans Shadow and Bone. Toutefois, la jeune femme ne devient pas seulement l’élue, mais une véritable sainte porteuse des espoirs de l’humanité : Sankta Alina. Entre ce qu’elle est, ce qu’elle croit ou devrait être, et ce qu’elle devient, l’héroïne est aux prises avec de nombreux questionnements intérieurs. Si la notion d’identité est pour le moins intime, elle se traduit ici extérieurement, à l’écran, notamment par le biais de l’apparence d’Alina et des costumes qu’elle revêt. Les espaces qu’elle investit sont aussi révélateurs de l’initiation qu’elle vit et qui modifie en profondeur son identité. Au moyen d’une lecture symbolique, nous chercherons à comprendre comment les fluctuations identitaires d’Alina et son devenir de sainte se traduisent visuellement aux spectateurs et spectatrices.

Depuis les années 1980, un couple conceptuel structure de façon croissante les discours médiévistes en France : dominium et ecclesia. Outre leur forme latine, ceux-ci ont en commun d’avoir été tous deux mis en circulation par un même médiéviste, Alain Guerreau, afin de rendre compte de la structuration spécifique de la société féodale. Le présent article se focalise plus particulièrement sur l’ecclesia, conçue comme l’institution dominante de cette société. Toutefois, l’usage qui est fait de cette notion est extrêmement variable et/ou flou chez les médiévistes, et il convient donc de revenir sur ses conditions de formation et d’usage. Par ailleurs, si l’on admet que l’ecclesia est l’institution dominante de la société féodale, se pose alors la double question de l’existence et de la nature du fétichisme qu’elle met en œuvre. Après avoir examiné les propositions, peu développées, d’Alain Guerreau sur ce point, on proposera l’hypothèse d’un fétichisme de la sainteté, voire du spirituel. Since the 1980s, a conceptual pair has increasingly structured medievalist discourse in France: dominium and ecclesia. In addition to their Latin form, these have in common the fact that they were both put into circulation by the same medievalist, Alain Guerreau, in order to account for the specific structuring of feudal society. This article focuses more particularly on the ecclesia, conceived as the dominant institution of this society. However, the use that is made of this notion is extremely variable and/or vague among medievalists, and it is therefore appropriate to return to the conditions of its formation and use. Moreover, if we admit that the ecclesia is the dominant institution of feudal society, then the double question arises of the existence and the nature of the fetishism that it implements. After having examined Alain Guerreau’s rather poorly developed propositions on this point, we will propose the hypothesis of a fetishism of holiness, even of the spiritual.

Clovis (Desmarets, 1657) et Saint Louis (Le Moyne, 1658) mettent en scène la figure du roi de France en héros épique chrétien. Loin de n’être que de plates imitations des modèles anciens, ces poèmes héroïques tentent de penser les contradictions idéologiques du premier xviie siècle français., Clovis (Desmarets, 1657) and Saint Louis (Le Moyne, 1658) portray the figure of the King of France as an epic Christian hero. Far from being flat imitations of old models, these heroic poems attempt to think through the ideological contradictions of the first half of the seventeenth century in France.

Les dernières années montrent que la chanson de geste est toujours un domaine stimulant pour les chercheurs. En 2015, les auteurs du recueil Chanson de geste et savoirs savants abordaient la question par un biais résolument paradoxal. Analyser la dimension sacrée de la chanson de geste paraît être, au contraire, une évidence, tellement la question est essentielle pour le genre ; le résultat est pourtant tout aussi enrichissant. Les études sont très différenciées. Elles le sont du point de vu...

First, the article presents an investigation on the most remarkable features associated with the so-called Theater of Anchieta, in which translation, betrayal and adaptation strategies were employed in close harmony with the doctrine of the Society of Jesus. Secondly, the consequences and developments generated by that theater in the Colony are analyzed, especially the question of the indigenous logos and the emergence of the sanctities, which were movements of anti-slavery resistance., Dans le premier mouvement, l’article enquête les caractéristiques les plus notables associées au théâtre de José de Anchieta, dans lequel des stratégies de traduction, de trahison et d’adaptation ont été employées en étroite harmonie avec les préceptes de la Compagnie de Jésus. Dans un second mouvement, les conséquences et les développements promus par ce théâtre dans la Colonie sont concentrés, en particulier la question du logos indigène et l’émergence des saintetés, mouvements de résistance anti-esclavagiste., O artigo efetiva, em um primeiro movimento, uma investigação relativa às características mais notáveis associadas ao chamado teatro de Anchieta, no qual as estratégias de tradução, traição e adaptação foram empregadas em estreita consonância com os preceitos da Companhia de Jesus. Num segundo movimento, são enfocadas as consequências e os desdobramentos promovidos por aquele teatro na Colônia, especialmente a questão do logos indígena e o aparecimento das santidades, movimentos de resistência antiescravista.

L’article vise à fournir une vue d’ensemble sur les stratégies de communication d’Augustin dans deux domaines polémiques, le donatisme et le pélagianisme, en accordant une attention particulière à l’utilisation rhétorique des concepts de « sainteté/saints » et « martyre/martyrs ». L’analyse des sources se déroulera en suivant l’ordre des trois premières étapes suggérées par la rhétorique antique, à savoir : inuentio, dispositio, elocutio. The paper aims to provide an overview on Augustine’s communication strategies in two specific controversial areas, Donatism and Pelagianism, paying special attention to the rhetorical use of the concepts of “holiness/saints” and “martyrdom/martyrs”. The analysis of the sources will follow the pattern practiced by ancient rhetoric, namely: inuentio, dispositio, elocutio.

Dieu nous préserve des Saints !Georges Bernanos En explorant et en révélant les paradoxes, contradictions ou ambivalences des saints, la littérature contemporaine suggère qu’ils ne sont pas si simples qu’il y paraît ; leur hybridité les apparenterait parfois bien plutôt à des monstres, au sens étymologique (monstrum) de « ce qui est bizarre, extraordinaire, hors du commun, hors-normes, notamment par son alliage composite », de ce qui est « montré ». Nous explorerons ainsi les variations extrê...

Il aura fallu attendre que le christianisme ne structure plus la société pour que la littérature interroge librement les catégories de mystique et de sainteté, à travers des relectures ludiques, érotiques ou polémiques des Vies de saints. Au fur et à mesure que l’hagiographie est récupérée par les écrivains qui la transforment et la soumettent à leurs objectifs propres, et que le sacré connaît une dilution proportionnelle à son extension – ce qui pose la question d’une sainteté de l’ordinaire –, la littérature prend progressivement le relais de la religion, ce qui implique un transfert de sacralité sur l’art. Aussi interrogeons-nous les conditions de possibilité d’une théologie de la littérature aujourd’hui, à travers l’exploration du rapport paradoxal que la Modernité entretient avec le sacré et la sainteté.

Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. L. Bloy, La Femme pauvre, excipit Il n’y a que les oiseaux, les enfants et les saints qui soient intéressants. Milosz, épigraphe au Lotissement du ciel de B. Cendrars Il faut inventer un nouveau type de sainteté, à la hauteur des enjeux du présent. Simone Weil « Le plus grand événement du xxe siècle est la totale laïcisation du christianisme » : tel est le propos qu’en 1956 (soit bien avant les travaux...

Il est bien certain que jamais, à aucune époque, les hommes ne furent aussi éloignés de Dieu, aussi contempteurs de la Sainteté qu’il exige, et jamais pourtant la nécessité d’être des saints ne fut aussi manifeste. Cette phrase de Léon Bloy est comme à l’origine et à la source de cette enquête qui n’en est, dans une certaine mesure, que le développement, le déploiement, l’explication. Ambivalente, la notion de sainteté évoque d’un côté « une expérience extrême du sacré impliquant une distinct...

Je crois en moi, en Dieu ou en la littérature quand j’écris – et seulement quand j’écris.Pierre Michon Littérature et sciences humaines : l’invention du sacré Distinguant le sacer du sanctus, le linguiste Émile Benveniste souligne que le caractère ambivalent du « sacré » – auguste et maudit, digne de vénération et suscitant l’horreur – est propre au mot sacer en latin : cette double valeur contribue à distinguer sacer de sanctus, car elle n’affecte à aucun degré l’adjectif apparenté sanctus. ...

Du xvie au premier xxe siècle, procès de canonisation, Vies de saints et œuvres d’art entretiennent des liens étroits et variés que les études de ce volume analysent à travers la construction du culte de plusieurs saintes et de saints, de Lisbonne à Madrid, de Barcelone à Paris, en passant par Rome et Bologne., From the sixteenth to the early twentieth century, canonization processes, Lives of saints and works of art maintained close and varied links that the studies in this volume analyse through the construction of the cult of several saints, from Lisbon to Madrid, from Barcelona to Paris, via Rome and Bologna.

International audience

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L’impopularité des évêques de la Réforme catholique auprès des populations est un phénomène qui peut mener à des affrontements violents aux raisons multiples : de conflits d’autorité liés au pouvoir temporel des évêques à la déstabilisation de fidèles par une action pastorale novatrice. En résultent des désacralisations d’évêques pour lesquels la souffrance et l’adversité devenaient une marque de leur mission divine. L’impopularité devint partie intégrante d’un nouveau modèle de sainteté.

Le cas toulois est analysé à travers des textes d’origine épiscopale ou monastique pour définir ce qui fait la mauvaise réputation d’un prélat auprès des moines et tenter de distinguer un changement entre le xie siècle, quand les reproches concernaient les interventions intempestives des évêques et le XIIe siècle par le développement d’un idéal du prélat partagé par des moines hostiles à l’interventionnisme épiscopal et aux engagements séculiers voire pro impériaux des évêques d’empire.

une sainte en attente… Comment penser la sainteté d'une religieuse réputée sainte et qui échoue à se faire reconnaître comme telle par l'institution ? Jacques Le Brun écrivait naguère que maints personnages de grande vertu et dotés de grâces exceptionnelles ont longtemps patienté, leur cause n'ayant abouti que des décennies, voire des siècles, après leur mort 1. D'où ce phénomène qu'il évoquait et dont nous partirons à notre tour : l'élaboration de règles rigoureuses de la fin du XVIe siècle au pontificat de Benoît XIV n'a pas suffi à séparer le canonique et le non canonique en matière de sainteté, elle a plutôt multiplié « des formes partielles ou provisoires d'autorisation » 2 et paradoxalement permis l'essor de formes de sainteté non canonique. Parmi les preuves requises, les témoignages oculaires et les « mémoires » devaient garantir la véracité des faits rapportés ainsi que la rigueur du texte biographique sur le modèle de l'histoire et de ses méthodes. Malgré ces précautions, on reste frappé par la quantité de biographies du XVIIe siècle qui tout en s'efforçant de répondre aux critères d'approbation développent des faits qui privilégient des phénomènes extraordinaires, voire « incroyables » dans une surenchère de miracles sanglants 3. Michel de Certeau lisait dans ces Vies rédigées le plus souvent à l'ombre 1 Jacques Le Brun, « La sainteté à l'époque classique et le problème de l'autorisation »

Produced by clerks in a society governed by princes and prelates, the written sources we have from the years around 1100 are virtually silent on the subject of women. Yet the funerary monuments of female saints and noblewomen from this period rival those of their male peers. Foundresses, both in the role of wives or lone guardians, were bestowed special memorials, manifest in the construction of exceptional sepulchres. In the case of queens, for instance, it is particularly noteworthy. During the twelfth century, female monarchs' tombs sported their effigies, including that of Adélaïde de Savoie († 1154). Rare were the abbots and great princes who received such treatment at that time, well before recumbent effigies became prevalent in funerary art. Remarkable examples of Romanesque monuments dedicated to female saints have also survived to the present day, including the stone shrine to Saint Magnance and Saint Pharailde's cenotaph. These carefully sculpted works demonstrate the esteem accorded to these extra-ordinary noblewomen, a far cry from the “Male Middle Ages” which we still associate too systematically to the era of Romanesque art., Au tournant des XIe et XIIe siècles, au sein d’une société dominée par les princes et les prélats, les sources écrites, essentiellement dues à la main des clercs, sont peu disertes au sujet des femmes. Cependant, les monuments funéraires des grandes dames de l’aristocratie et des saintes n’ont rien à envier à ceux de leurs homologues masculins. On relève particulièrement le cas des fondatrices : qu’il s’agisse d’épouses associées à leur mari, ou assumant seule le rôle de figure tutélaire, elles font l’objet d’une commémoration à part qui se manifeste pleinement dans la réalisation de tombeaux d’exception. Le cas des reines est particulièrement significatif. Ces dernières voient leur monument se doter de leur effigie au XIIe siècle, comme Adélaïde de Savoie († 1154), à une période où seuls de rares abbés et quelques grands princes reçoivent pareil privilège, bien avant la diffusion du gisant dans l’art funéraire. C’est également chez les saintes que l’on trouve quelques exemples de monuments romans de facture exceptionnelle conservés jusqu’à nous, tels que la châsse de pierre de sainte Magnance ou le cénotaphe de sainte Pharaïlde. Ces œuvres sculptées de grande qualité soulignent la considération dont jouissent ces dames « hors du commun », loin du « mâle Moyen Âge » que l’on associe encore trop systématiquement à l’époque où fleurit l’art roman.

La canonisation en 1728 de Marguerite de Cortone († 1297) relève d’un casus exceptus au vu des normes d’Urbain VIII. La cause mobilise une documentation dont rend compte un Memoriale de 1665 exploité par la Positio de virtutibus de 1666. Il énonce les conditions d’intégration d’écrits dits historiques aux pièces d’un procès. Passant de la théorie à la pratique, la synthèse est suivie d’une bibliographie relative à Marguerite, sans préciser les modalités d’exploitation des références livresques.

Étudier les circulations textuelles qui mettent en relations les discours savants ou populaires sur un saint ou un possible saint et le continent archivistique des minutes des procès de canonisation permet d’approfondir la notion même d’hagiographie. Alors que les écrits hagiographiques alimentent le procès et le constituent en producteur d’hagiographie, ces échanges participent à l’émission, la diffusion, la réception et la transformation du discours sur la sainteté moderne et contemporaine.

Dans ses romans, Drieu la Rochelle représente la décadence du catholicisme, qu’il analyse par ailleurs dans ses essais. Cet affaissement de la religion catholique contrarie sa vocation littéraire, dans la mesure où l’art en général, la littérature en particulier, constitue selon lui l’expression supérieure du sentiment religieux. C’est néanmoins dans un imaginaire informé par le christianisme que Drieu trouve les ressources pour redéfinir à la fois le sens de l’écriture et sa forme., In his novels, Drieu la Rochelle represents the decadence of Catholicism, which he also analyzes in his essays. This collapse of the Catholic religion thwarts its literary vocation, insofar as art in general, literature in particular, constitutes, according to him, the superior expression of religious feeling. It is nevertheless in an imaginary informed by Christianity that Drieu finds the resources to redefine both the meaning of writing and its form.

El presente artículo se centra en el estudio de las imágenes del mártir mercedario san Serapio, como instrumentos para obtener su deseada canonización en 1728. Con este propósito, se analiza exhaustivamente la documentación de su proceso de canonización, inédito hasta el momento, con un doble objetivo. Por un lado, la recopilación de imágenes del mercedario, muchas de ellas hoy perdidas; y por el otro el examen de la labor que desarrollaron como peritos de las obras de arte algunos de los protagonistas de las escuelas artísticas locales del momento como los madrileños Isidro de Ribera y José de Paz; los perpiñanenses Francesc Guerra y Joan Guadanyor; los sevillanos Lucas Valdés y Juan Simón Gutiérrez; o los barceloneses Jaume Bosch y Josep Bal. This article focuses on the study of the images of the Mercedarian martyr saint Serapius, as instruments to obtain his desired canonization in 1728. For this purpose, the documentation of his canonization process, unpublished so far, is exhaustively analyzed with a double objective. On the one hand, the collection of images of the mercedarian, many of them today lost; and on the other, an examination of the work carried out as art experts by some of the protagonists of the local art schools of the moment, such as Isidro de Ribera and José de Paz from Madrid; Francesc Guerra and Joan Guadanyor from Perpignan; the Sevillians Lucas Valdés and Juan Simón Gutiérrez; or the Barcelonans Jaume Bosch and Josep Bal. Cet article se centre sur l’étude des images du martyr mercédaire saint Sérapion comme instrument pour obtenir sa canonisation en 1728. Pour ce faire, l’on analyse exhaustivement la documentation de son procès en canonisation, inédite jusqu’à maintenant. L’objectif est double : d’une part, la compilation d’images du mercédaire, dont beaucoup sont perdues, et, d’autre part, l’examen de la participation en tant qu’experts des œuvres d’art de certains membres des écoles artistiques locales de l’époque comme les Madrilènes Isidro de Ribera et José de Paz ; les Perpignanais Francesc Guerra et Joan Guadanyor ; les Sévillans Lucas Valdés y Juan Simón Gutiérrez ; ou les Barcelonais Jaume Bosch y Josep Bal.

Visitar a los enfermos es una de las obras de Misericordia fruto de la predicación de Jesús. Si la visita se traduce en la atención y el cuidado, nos encontramos con la figura de San Camilo de Lelis (1550-1614), precursor en el cuidado del doliente. La fecha de su beatificación fue el año 1742 y su canonización tuvo lugar el 29 de junio de 1746 en Roma por Benedicto XIV. Su hagiografía nos remite a la historia de un militar, enfermero y clérigo que culmina con la fundación de la congregación Clericorum Regolarium Ministrantium Infirmis, más conocida como la orden de los Camilianos, destinada al cuidado de los enfermos abandonados. El propósito de este texto es reflexionar sobre la atención sanitaria como obra de caridad cristiana y desarrollar, a través de las imágenes y textos ligados a San Camilo de Lelis, una panorámica iconográfica y textual de la santidad y sanidad en los territorios de habla hispánica. En 1886, León XIII declaró a San Camilo de Lelis, juntamente con San Juan de Dios, protectores de todos los enfermos y de los centros hospitalarios. Así pues, la trascendencia del santo sobrepasa los límites temporales de los siglos XVI-XVIII para acercarnos hasta la actualidad y nos permite analizar el impacto que, hoy en día, tiene su figura y las lecciones de humanización de la medicina y enfermería que propugnaba. Visiting the sick is one of the works of Mercy fruit of the preaching of Jesus. If the visit is translated into attention and care, we find the figure of Saint Camillus de Lelis (1550-1614), a forerunner in caring for the bereaved. The date of his beatification was the year 1742 and his canonization took place on June 29, 1746 in Rome by Benedict XIV. His hagiography refers us to the story of a military man, nurse and clergyman that culminates in the founding of the Clericorum Regolarium Ministrantium Infirmis congregation, better known as the Order of Camillians, dedicated to the care of abandoned patients. The purpose of this text is to reflect on health care as a work of Christian charity and to develop, through the images and texts linked to Saint Camilo de Lelis, an iconographic and textual overview of holiness and health in the Spanish-speaking territories. In 1886, Leo XIII declared San Camilo de Lelis, together with San Juan de Dios, protectors of all the sick and of the hospital centers. Thus, the significance of the saint exceeds the temporal limits of the 16th-18th centuries to bring us closer to the present day and allows us to analyze the impact that, today, his figure has and the lessons of humanization of medicine and nursing that advocated. Rendre visite aux malades est l’une des œuvres de Miséricorde fruit de la prédication de Jésus. Si la visite se traduit par l’attention et le soin portés aux malades, il nous faut mentionner la figure de saint Camilo de Lelis (1550-1614) qui en est le précurseur. Il fut béatifié en 1742 et canonisé le 29 juin 1746 à Rome par Benoît XIV. Son hagiographie renvoie à l’histoire d’un militaire, infirmier et clerc et culmine avec la fondation de la congrégation Clericorum Regolarium Ministrantium Infirmis, plus connue sous le nom de l’ordre des Camilliens qui se consacre aux malades abandonnés. Cet article analyse l’attention sanitaire comme œuvre de charité chrétienne et développe, à travers les images et les textes liés à saint Camilo de Lelis, une étude panoramique iconographique et textuelle de la sainteté et de la santé dans les territoires hispanophones. En 1886, Léon XIII déclara saint Camilo de Lelis, avec saint Jean de Dieu, protecteur de tous les malades et de tous les centres hospitaliers. Aussi la transcendance du saint dépasse-t-elle le cadre chronologique compris entre le XVIe et le XVIIIe siècle pour trouver un écho de nos jours et nous permettre d’analyser l’impact qu’ont aujourd’hui la figure de Camilo de Lelis et les leçons d’humanisation de la médecine et du soin aux malades qu’il promouvait.

Las causas de beatificación y canonización tienen su fundamento en la fama de santidad, en cuya prueba puede tener un papel importante la iconografía en general, que ha formado parte y ha estado presente en la historia de la Iglesia y en su doctrina. Para la comprensión del argumento se presentan los aspectos principales sobre el significado de fama de santidad, el procedimiento canónico de tales causas en el periodo del Barroco y cómo las imágenes de los santos han nacido, se han usado con determinadas finalidades y resultados. Se hace una referencia particular a los decretos de Urbano VIII, ya que la fama de santidad ha dado lugar a manifestaciones de culto que, si verificado y extendido en un tiempo de al menos cien años, podía –y puede hoy día– ser reconocido oficialmente y concluir con la beatificación equipolente, cuya prueba se da en sede procesal mediante testigos y documentos, y entre estos se encuentran las imágenes, en las que es posible encontrar signos de culto atribuido al siervo o sierva de Dios. De ahí la conexión existente entre imágenes y santidad. The causes of beatification and canonisation are based on the fame of sanctity, in the proof of which iconography in general, which has been part of and has been present in the history of the Church and its doctrine, can play an important role. For the understanding of the argument, the main aspects of the meaning of the fame of sanctity, the canonical procedure of such causes in the Baroque period and how images of saints have come into being, have been used for certain purposes and results are presented. Particular reference is made to the decrees of Urban VIII, since the fame of sanctity has given rise to manifestations of worship which, if verified and extended over a period of at least one hundred years, could – and can today – be officially recognised and conclude with equipollent beatification, the proof of which is given in a procedural venue by witnesses and documents, and among these are the images, in which it is possible to find signs of worship attributed to the servant or handmaid of God. Hence the connection between images and sanctity. Les causes de béatification et de canonisation se fondent sur la renommée de sainteté, pour laquelle l'iconographie, primordiale dans l'histoire de l'Église et de sa doctrine, joue un rôle fondamental comme preuve. Pour étayer notre propos, nous présentons les principaux aspects de la signification de la renommée de sainteté, la procédure canonique de ces causes à l'époque baroque et la façon dont les images de saints sont apparues et ont été utilisées. Un intérêt particulier est porté aux décrets d'Urbain VIII. En effet, la renommée de sainteté a donné lieu à des manifestations de culte qui, si elles étaient constatées sur une période d'au moins cent ans, pouvaient – et peuvent aujourd'hui – être reconnues officiellement et conduire à une béatification équipollente, dont l’authenticité est reconnue par le Saint-Siège grâce à des témoins et des documents, parmi lesquels se trouvent les images où il est possible de trouver des signes de culte attribués à la servante ou au serviteur de Dieu, d’où le lien entre images et sainteté.

[fr] En 1455, immédiatement après la canonisation de Vincent Ferrer, le dominicain sicilien Pietro Ranzano écrit le Liber de uita beati Vincentii, la première biographie du saint. Dans cet article les différentes éditions anciennes du Liber sont présentées et le contenu des manuscrits (des deux versions de l’oeuvre) est analysé afi n de rassembler les matériaux nécessaires pour une future nouvelle édition.

O artigo efetiva, em um primeiro movimento, uma investigação relativa às características mais notáveis associadas ao chamado teatro de Anchieta, no qual as estratégias de tradução, traição e adaptação foram empregadas em estreita consonância com os preceitos da Cia. de Jesus. Num segundo movimento, são enfocadas as consequências e os desdobramentos promovidos por aquele teatro na Colônia, especialmente a questão do logos indígena e o aparecimento das santidades, movimentos de resistência antiescravista., First, the article presents an investigation on the most remarkable features associated with the so-called Theater of Anchieta, in which translation, betrayal and adaptation strategies were employed in close harmony with the doctrine of the Society of Jesus. Secondly, the consequences and developments generated by that theater in the Colony are analyzed, especially the question of the indigenous logos and the emergence of the sanctities, which were movements of anti-slavery resistance.

In 1455, immediately after the canonisation of Vincent Ferrer, the Sicilian Dominican Pietro Ranzano wrote the Liber de uita beati Vincentii, the first biography of Saint Vincent. In this article, the various early editions of the Liber are presented and the content of the manuscripts (of the two versions of the work) is analysed in order to provide the necessary resources for a future new edition. [fr] En 1455, immédiatement après la canonisation de Vincent Ferrer, le dominicain sicilien Pietro Ranzano écrit le Liber de uita beati Vincentii, la première biographie du saint. Dans cet article les différentes éditions anciennes du Liber sont présentées et le contenu des manuscrits (des deux versions de l’oeuvre) est analysé afi n de rassembler les matériaux nécessaires pour une future nouvelle édition.

Notre propos est d’analyser le rôle du visuel dans une comedia de santos singulière, Le Prince Constant de Calderón. Ici, le dramaturge ne prétend pas proposer une mise en scène sensationnelle du surnaturel en usant de machines et d’artifices scénographiques, comme c’est le cas dans bien d’autres pièces du genre. Ce sont d’autres possibilités visuelles offertes par l’expérience théâtrale (images verbales et mentales, images scéniques, figures…) dont il se sert pour donner à voir non pas une sainteté miraculeuse mais le spectacle d’un homme soumis à une dépossession de soi et au surgissement du divin en lui. Our focus is the analysis of the role of the visual within a remarkable comedia de santos, Calderon’s The Constant Prince. In this work, the playwright does not proffer to stage the supernatural elements in a sensational way, i.e. through the use of machines and artificial stage props, as is the case in other similar plays. Calderon retrieves other visual possibilities within the dramatic experience (mental and verbal images, scenic images, figures…) in order to showcase, instead of a miraculous sainthood, the spectacle of a man who submits to the dispossession of his own self, and the advent of the divine in its stead. Nuestro propósito es analizar el papel que desempeña lo visual en una comedia de santos peculiar, El Príncipe Constante de Calderón. En ella, el dramaturgo no pretende proponer una escenificación sensacional de lo sobrenatural sirviéndose de tramoyas y artificios escenográficos, como ocurre a menudo en otras obras del mismo género. Son otras posibilidades visuales de la experiencia teatral (imágenes verbales y mentales, imágenes escénicas, figuras…) las que moviliza para mostrar no una santidad milagrosa, sino el espectáculo de un hombre sometido a una desposesión de sí y al advenimiento de lo divino en su seno.

Dans l’imaginaire de la sainteté chrétienne, il est peu de cultes et de légendes qui ne soient liés à la présence de reliques. À partir du ive siècle, la croyance en leur pouvoir miraculeux favorise les découvertes – inventions – des tombeaux des saints oubliés ou peu connus, et la reconnaissance officielle de leur sainteté quand des miracles sont attestés. Le processus de la « fabrique » de légendes se met alors en marche, à grand renfort de récits sur l’histoire des saints présumés, et sur la translation miraculeuse de leur corps retrouvé en un lieu inattendu. De l’Antiquité tardive à l’époque moderne en Occident, de saint Jacques de Compostelle aux saints inconnus des catacombes romaines, en passant par Marie Madeleine à Vézelay et à Saint-Maximin, l'auteur nous offre la première grande synthèse de la genèse des cultes de sainteté liés aux inventions de reliques, assortie d’une iconographie inédite.

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The heroic poems that appeared in France in the 1650s have long been viewed as pale imitations of Homer, Virgil, and the Delivered Jerusalem. This study attempts to reconstruct and better understand the literary and politico-cultural context of this poetic corpus by comparing the two epics which feature the King of France as an epic hero, Clovis (1657) by Desmarets de Saint-Sorlin and Saint Louis (1658) by Pierre Le Moyne. These poets were inspired by the poetics of Tasso, which is based on the ambition to adapt the epic to the modern age, and chooses the plausible Christian marvelous and the theme of the medieval crusade. In France however, this new model of magnanimous epic warrior, does not fit well with the devout image of the « Christian prince » of the Catholic Counter-Reformation. Moreover, this synthesis itself comes into conflict with the figure of the « absolute Prince ». This figure emerged in the kingdom from the disastrous religious wars of the sixteenth Century, at the time of the Reason of State. It embodies the model of absolute sovereignty conceptualized by political thinkers after Jean Bodin, whichdemanding immediate obedience. The French heroic poem is therefore characterized by numerous axiological tensions between several regulatory ideals: epic heroism of aristocratic essence, royal absolutist policy, and Counter-Reformation Christian holiness. Its originality is therefore to be found in this status of "thinking machine without concepts", which attempts to repair the cracks in history and to resolve the theologico-political antinomies of the first modernity, by producing a complex and unstable axiological synthesis. It is the very fragility of this construction that made its reception difficult as soon as the anthropological-historical configuration that had given it birth evolved, and compromised the readability of this corpus, Les poèmes héroïques parus en France dans les années 1650 ont longtemps passé pour de pâles imitations d’Homère, de Virgile et de la Jérusalem délivrée. La présente étude tente de restituer ce corpus poétique à son contexte littéraire et politico-culturel propre, afin d’en dégager une nouvelle compréhension, en comparant les deux épopées qui mettent en scène le personnage du Roi de France en héros épique, Clovis (1657) de Desmarets de Saint-Sorlin et Saint Louis (1658) de Pierre Le Moyne. C’est la poétique du Tasse, fondée sur l’ambition d’adapter l’épopée à l’époque moderne, par l’adoption du merveilleux chrétien vraisemblable et du thème de la croisade médiévale, qui inspire cette génération de poètes français. Mais, en France, ce nouveau modèle de protagoniste épique, guerrier magnanime et généreux, s’accorde mal avec l’image dévot du « prince chrétien » de la Contre-Réforme catholique. De plus, cette synthèse entre elle-même en conflit avec la figure du « Prince absolu », incarnation de la souveraineté conceptualisée, à l’époque de la raison d’État, dans le sillage de Jean Bodin, exigeant une obéissance immédiate, qui émerge dans le royaume après les déchirements des guerres de Religion du xvie siècle. Le poème héroïque français des années 1650 se caractérise donc par un nœud de tensions axiologiques entre plusieurs idéaux régulateurs : héroïsme épique d’essence aristocratique, politique royale absolutiste, et sainteté chrétienne post-tridentine. Cette fiction politique se présente en fin de compte comme une « machine à penser sans concepts », qui tente de colmater les brisures de l’histoire et de résoudre les antinomies théologico-politiques de la première modernité, en produisant une synthèse axiologique complexe et instable. C’est la fragilité même de cette construction qui a rendu sa réception difficile dès que la configuration anthropologico-historique qui lui avait donné naissance eut évolué, et a compromis la lisibilité de ce corpus

Diego Calleja, jésuite attaché au Colegio Imperial de Madrid, publia la plus ancienne biographie de Sor Juana Inés de la Cruz dans Fama y obras póstumas (Madrid, 1700). Il y appliquait un vieux schéma mythique, le même qui sous-tend la légende de Catherine d’Alexandrie. Pour le casuiste Calleja, la mort de Sor Juana est celle d'une sainte. Mais c’est au nom d’une vie bien remplie par l’exercice de talents bien humains qu’elle mérite d’être regrettée et de rester à jamais dans les mémoires.

Les Vies de Jeanne de Chantal donnent à lire les nouveaux saints du xviie siècle. La condamnation par l’Index de la Sainte Chantal de Henri Bremond (1912) est le point de perspective de l’étude. Ce retour au xviie siècle est un geste polémique : écrire une Vie, c’est rejouer ce qu’est la sainteté., The Lives of Jeanne de Chantal give us the opportunity to interpret the new saints of the seventeenth century. The condemnation in the Index of Henri Bremond’s Sainte Chantal (1912) is the jumping off point for this study. This return to the seventeenth century is a controversial gesture: to write a Life is to pose new questions about sanctity.

La sainteté et son récit passent par une expérience du minuscule. Embrasser la voie de sainteté, c’est s’humilier par une entreprise d’effacement, d’évidement jusqu’à l’invisible. Conjointement, le récit de ce cheminement prend la voie de la sècheresse, de la condensation et de la brièveté. La lettre est l’élément ultime de cette réduction biographique et narrative et le procédé spéculaire de sa mise en abyme : Vie minuscule, emboitée dans la grande, elle la donne à lire comme Vie de saint.

Le voyage est une pratique centrale de la modernité par sa propension à mettre en relation des mondes distants. La découverte, le plaisir, l’exploration sont autant de frissons qui parcourent les voyageurs du Settecento tandis qu’ils sillonnent les routes de l’Italie. Je propose ici d’en accompagner quatre, Montesquieu, Charles de Brosses, Joseph Jérôme de Lalande et le Marquis de Sade, afin de voir avec eux l’image de cette Italie morcelée et multiple, unie semble-t-il seulement par sa langue et par sa foi. La prégnance de l’institution ecclésiastique dans la péninsule, à une époque travaillée par les idées nouvelles des Lumières, se doit d’être interrogée, et le sacré qui l’accompagne se lit dans mille objets que voient les voyageurs : des reliques aux tableaux, sans oublier les églises. En accompagnant ces pèlerins de la modernité, qui suivent les traces codifiées du Grand Tour, on voit l’Italie se dessiner comme tout à la fois terre de richesse intellectuelle, par l’héritage des antiques et de la Renaissance, et comme terre considérée la plus décadente du monde, antithèse des Lumières. Le voyageur est ainsi pris comme témoin privilégié, dont le regard dit autant de l’objet qu’il contemple que de son propre cheminement intellectuel. Le voyage de ces représentants de la République des Lettres nous apparaît alors comme la marque d’une pensée de l’histoire, qui se façonne au XVIIIe siècle, et qui tend à faire de la Raison la nouvelle religion.

On ne peut séparer chez Huysmans la quête du sacré de la quête d’identité. S’interroger sur la problématique de la violence et du sacré dans l’œuvre de Huysmans conduit à se pencher sur une double quête spirituelle et esthétique qui a engendré l’œuvre de cet écrivain. On ne peut comprendre l’univers de Huysmans et son écriture qu’en prenant en compte cette double évolution de l’artiste. La « révolution esthétique » que le romancier et le critique d’art ont vécue, passe par une révolution exis...

À la suite d’Augustin pleurant dans sa jeunesse sur les malheurs de Didon, qui ne s’est pas ému au plus profond du cœur en lisant les pages bouleversantes de Virgile sur son héroïne préférée, ou en écoutant les ultimes et sublimes accents déchirants de sa voix dans l’opéra de Purcell, ou celui de Berlioz ? Or – sans que cela nous empêche de nous émouvoir –, nous n’ignorons pas que la fondation de Carthage est généralement datée de 814 av. notre ère ; Énée, personnage surgi de la légende troye...

L’année 1905 voit émerger une remise en question de l’autorité du tsar. La répression sera particulièrement terrible, faisant un millier de morts à Pétersbourg, le « dimanche rouge » de janvier 1905. C’est dans ce contexte de violence et d’attentats que se situent le roman Pétersbourg que Biély écrit entre 1910 et 1913 et l’épisode russe de Moravagine écrit en 1925 par Cendrars. Le régime affaibli va s’enfoncer dans une crise politique où des grèves se succèdent jusqu’à l’année 1917 qui voit ...

En 1909, l’année où Marinetti publie à Paris le Manifeste du Futurisme, Oskar Kokoschka (1886-1980), avec la représentation de sa pièce Meurtrier, espoir des femmes, écrite en 1907, provoque le scandale à Vienne, lors de l’exposition internationale « Die Kunstchau ». Né en 1886 à Pöchlarn, dans la Basse-Autriche, il a alors 23 ans. Il suit la dernière année des arts appliqués qu’il fréquente depuis 1904. Il participe aussi aux Ateliers viennois (Wiener Werkstätte) qui lui permettent la public...

Dans la présente étude, nous nous proposons de traiter et d’analyser le phénomène du sacré et de la guerre. Ce thème n’a pas été choisi au hasard. En fait, la guerre et la violence sont présentes chaque jour et font la « une » de nos médias. De prime abord, nous signalons que cette recherche n’est limitée ni dans le temps ni dans l’espace. Pourtant, elle ne se borne qu’à deux questions : La guerre est-elle un phénomène naturel et inné, par conséquent inévitable dans la société, ou ...

« Longtemps je crois porter une faute. Je viens de la guerre. Je viens d’un mariage contesté. Je porte la souffrance de ma famille algérienne. Je porte le refus de ma famille français. […]. La violence ne me quitte pas. Elle m’habite. » Violence et sacré sont deux notions qui, au niveau du sens, ne fonctionnent pas ensemble. En effet, tout ce qui est sacré est sensé protéger et porter sécurité au groupe qui partage les mêmes sensibilités. Or, dans le cas de la société maghrébine, le sacré est...

La violence est différente dans ses manifestations. Elle varie selon les circonstances et les points de vue. Elle voisine avec le crime, mais aussi bien avec la cruauté plus ou moins innocente de certaines pratiques religieuses. Dans son rapport avec le sacré, elle revit au présent ce qu’elle fut à l’origine supposée des sociétés ou des individus. Ainsi elle est originelle, conformément à la pensée d’Héraclite pour qui la Discorde est la mère de toutes choses. Et elle est au présent qui la re...

À Marie-Bernadette Dufourcet-Hakim. Jean-Pierre Bertin-Maghit Né en 1948 à Nice, réside à Paris.Jean-Pierre Bertin-Maghit a fait des études de cinéma et d’histoire tout en menant une activité à la ligue de l’enseignement comme animateur audiovisuel, où il dirige un atelier de photographie et de cinéma pour la formation permanente de l’université de Nice entre 1966 et 1983. Il est actuellement professeur d’études cinématographiques à la Sorbonne nouvelle Paris 3 et membre de l’Institut univer...

Si l’on observe les titres de la trentaine d’œuvres dramatiques écrites par Michel Tremblay et de la quinzaine d’œuvres étrangères qu’il a adaptées, on s’aperçoit que quatre d’entre eux font explicitement référence au religieux. Il s’agit d’Hosanna, Sainte-Carmen de la Main, Damnée Manon, sacrée Sandra et Messe solennelle pour une pleine lune d’été. Les trois premières pièces ont été créées dans les années 70. Ce sont elles que nous nous proposons d’étudier ici. La récurrence des personnages ...

Le voyageur européen qui aurait la velléité de « girardiser » sur le matériau culturel du Japon ancien se heurterait d’emblée à plusieurs types d’obstacles. Le premier tient au destin japonais de l’hypothèse qui fonde Violence et sacré. Car avant d’entrer dans la danse des applications et des modulations, avant même son importation, elle a connu une gémellité vernaculaire sous la forme des travaux de Yamaguchi Masao. Les analyses de cet anthropologue africaniste, ébauchées d’abord à partir de...

Depuis la fin des années cinquante, le roman québécois a opéré une mue salutaire tant sur le plan formel que thématique. Il s’est d’abord ouvert au monde en se décentrant des traditions séculaires tout en dé-rigidifiant sa manière de raconter des histoires. Le roman des années soixante-dix, produit par les écrivains de souche, est déjà largement ouvert à l’altérité et au métissage. Néanmoins, ce sont les années quatre-vingt qui apportent une modification déterminante dans le paysage littérair...

L’histoire d’Idoménée nous renvoie aux légendes grecques. Le roi de Crète Idoménée fut un héros de la guerre de Troie ; les poèmes homériques louent ce guerrier qui combattit dans le camp des Achéens. Mais son retour donna lieu à des épisodes barbares : pour échapper à la tempête, Idoménée fit vœu de sacrifier à Poséidon le premier être humain qu’il rencontrerait dans son royaume ; or, ce fut son fils qui vint à sa rencontre, et qu’il sacrifia pour être fidèle à son vœu ; cet acte atroce irri...

On égorgeait les vaches cruellement. Je pardonnais tout. Les peaux se séchaient saintement, faisaient de tendres prières, priaient le ciel-plafond pour l’expiation des péchés de leur meurtrier. Marc Chagall Le Bœuf écorché de 1947 : une lettre à la place du corps Le grand-père de Chagall était le shoret de Lyozno, c’est-à-dire un boucher qui, selon l’artiste, tuait tous les jours deux ou trois vaches pour nourrir les habitants du village. Le peint...