If, with the Revolution, the nobility loses its predominant position from a political and social point of view, symbolically the situation is different. The nobility continues to exercise, at least for a long nineteenth century, a real fascination that allows it to maintain its influence and prestige. This thesis intends to examine the modalities of this paradoxical situation by looking at the social imaginary of the nobility at the end of the Ancien Régime. This is a question of studying the object from a literary point of view, starting from the development of three characters of nobility at the end of the eighteenth century: the Baron de Besenval, the Duchess de Polignac and the Marshal de Richelieu. The literary depictions follow largely different trajectories for the three cases. While one chooses to take up the pen to write one’s own Memoirs (Besenval), another is only seen in texts written by others, those texts being more or less ill-intentioned (Polignac). For the third, the situation is even more complex since a number of competing editorial projects are launched at the time of his death, some protected by his family and others not, resulting in a particularly polarized corpus. Between Memoirs, pseudo-Memories and pamphlets nourished by pornographic or romantic intertextuality, the spectrum of literary genres represented is thus very broad – as are the generic and formal constraints that play a role in the process of figuration.Drawing on this vast corpus, the thesis examines certain modalities of representation of these characters, focusing on three themes that seem particularly important: homosexuality, the collective anguish of women's seizure of power (gynecocracy), and dehumanization. These different points of entry, which also imply the use of a conceptual apparatus derived from gender studies, make it possible to account for the constitution of an imaginary enemy figure, the aristocrat, which takes on its full importance at the time of the Revolution by embodying the archetypal enemy. They also provide an opportunity to deploy a discourse of exceptionality in favor of the nobility. Finally, this work constitutes a contribution concerning the study of a formal element characteristic of the social imaginary of the nobility: the anecdote. Whether serving to nourish a historiographical renewal of critical history or as a bargaining chip in the court system, the anecdote is an essential unit of the narrative culture of the time. Rewritten particularly in forms that borrow from the biographer, it can also be used to produce a true memorial to the nobility of the Ancien Régime, which, after the Revolution, helps to maintain its power of fascination., Si la noblesse perd, avec la Révolution, sa position prédominante d’un point de vue politique et social, la situation est différente sur le plan symbolique. Elle continue en effet d’exercer, au moins durant un long XIXe siècle, une véritable fascination qui lui permet de conserver son influence et son prestige. Cette thèse entend examiner les modalités de cette situation paradoxale, en s’intéressant à l’imaginaire social de la noblesse à la fin de l’Ancien Régime. Il s’agit d’étudier cet objet d’un point de vue littéraire, à partir de la figuration de trois personnages de nobles de la fin du XVIIIe siècle : le baron de Besenval, la duchesse de Polignac et le maréchal de Richelieu. La figuration littéraire s’effectue suivant des trajectoires largement différentes pour ces trois cas. Lorsque l’un choisit de prendre la plume pour rédiger ses propres Mémoires (Besenval), l’autre n’est ressaisie que par des textes rédigés par autrui et plus ou moins mal intentionnés (Polignac). Pour le troisième, la situation est encore plus complexe puisqu’un certain nombre de projets éditoriaux concurrents sont lancés au moment de sa mort, certains protégés par sa famille, d’autres non, ce qui aboutit à un corpus de texte particulièrement polarisé. Entre les Mémoires, pseudo-Mémoires et les pamphlets nourris par une intertextualité pornographique ou romanesque, le spectre des genres littéraires représentés est ainsi très large – de même que les contraintes génériques et formelles qui jouent un rôle dans le processus de figuration.En s’appuyant sur ce vaste corpus, la thèse s’attache à examiner certaines modalités de représentation de ces personnages, en s’intéressant à trois thématiques qui paraissent particulièrement importantes : l’homosexualité, l’angoisse collective d’une prise du pouvoir par les femmes (la gynécocracie) et la déshumanisation. Ces différents points d’entrée, qui impliquent par ailleurs l’utilisation de tout un appareil conceptuel issu des études sur le genre, permettent de rendre compte de la constitution d’une figure d’ennemi imaginaire, l’aristocrate, qui prend toute son importance au moment de la Révolution lorsqu’il incarne l’ennemi archétypal. Elles donnent aussi, malgré tout, l’occasion de deployer un discours de l’exceptionnalité en faveur de la noblesse. Enfin, ce travail constitue un apport concernant l’étude d’un élément formel caractéristique de l’imaginaire social de la noblesse : l’anecdote. Qu’elle serve à nourrir un renouvellement historiographique de l’histoire critique ou bien de monnaie d’échange dans le système de cour, elle est une unité essentielle de la culture narrative de l’époque. Ressaisie notamment sous des formes qui empruntent au biographème, elle peut aussi permettre de produire un véritable mémorial de la noblesse d’Ancien Régime, qui permet d’entretenir, après la Révolution, son pouvoir de fascination.