1. Les migrations internationales en mal de gouvernance mondiale
- Abstract
Le monde est entré dans une nouvelle ère de migrations de masse. La précédente s’était terminée il y a un siècle, après avoir façonné la démographie des Amériques. Alors que les grandes migrations de la première ère s’étaient déroulées dans un ordre du monde encore largement impérial, fait d’espaces ouverts, les nouvelles migrations internationales prennent place dans un monde cloisonné en États souverains et dominé par le modèle de l’état-nation, une forme sociale et politique qui se définit par la coïncidence entre un territoire, un peuple et un récit, et qui instaure des frontières géographiques, politiques et identitaires. Les migrations dépendent désormais non seulement de l’économie, des facteurs ‘push and pull’ (ceux qui poussent le migrant hors d’un lieu et l’attirent dans un autre) mais également des États, celui d’origine et celui de destination, de la vision politique que chacun a de l’identité et du lien national ainsi que des relations qu’ils entretiennent entre eux. Autrefois largement confinée à l’ordre économique, la migration est entrée dans le domaine politique, celui de la politique interne et celui des relations internationales. Tandis qu’elles occupent une place grandissante dans le débat politique des démocraties et dans les négociations entre états, les migrations internationales sont toutefois encore privées du cadre universel qui permettrait leur gouvernance à l’échelle mondiale.
- Published
- 2012