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Dans un contexte culturel marqué par le désenchantement du sujet et par le souhait barthésien de la mort de l’auteur, mais aussi par la fin de règne des Grands Récits annoncée par Lyotard, et par conséquent par l’entrée de tout récit dans l’ère du soupçon, l’exercice même de l’écriture de soi semble compromis, pris dans le feu croisé d’une double crise du sujet et de l’écriture. Parmi les jeunes romanciers mexicains, nombreux sont ceux qui se prêtent pourtant à ce jeu, de façon plus ou moins assumée, plus ou moins dévoyée. Dans l’œuvre de Mario Bellatin, Cristina Rivera Garza ou Jorge Volpi pour ne citer que les plus connus, l’écriture – discontinue, fragmentaire, proche du balbutiement – reflète aussi bien les failles du sujet que celles de l’univers qui l’entoure, faisant écho à la perte de sens qui affecte le monde contemporain. Plus qu’au récit de soi, leurs textes font la part belle aux béances et aux vertiges intérieurs de sujets dont la cohérence et l’identité, jamais abouties, sont en permanence menacées de désintégration. Ce travail tentera d’exposer de quelle façon ce renouvellement des modalités de l’écriture de soi se place sous le signe d’une hybridité générique et discursive qui met en déroute les formes et les limites établies et constitue un terreau fertile pour l’expérimentation de pratiques scripturales innovantes.