Introduction et but de l’étude Le groupe pluridisciplinaire « Manger en réanimation pédiatrique : du soin au plaisir », au sein de la réanimation pédiatrique de Lyon, a comme objectif de réhabiliter l’alimentation orale au statut de soin, promouvoir le plaisir de manger chez le patient, de susciter également du plaisir pour la famille et les soignants à donner à manger à l’enfant. Ce projet s’inspire des « soins de développement » de la néonatologie et du « Mieux vivre la réanimation » de l’adulte, afin de réduire les syndromes post-traumatiques. Matériel et méthodes Nous avons réalisé une étude d’évaluation des pratiques professionnelles en trois phases. La phase pré-interventionnelle (janvier–mars 2014) avait pour objectif, d’une part, le recensement des moyens : matériel (vaisselle, couverts, etc.), installation (chaise hautes, tables, etc.), alimentation proposée (quantité, qualité), et d’autre part, de mener une enquête auprès de l’équipe soignante, des enfants et de leurs parents : questionnaires abordant le rapport des soignants à l’alimentation orale en tant que soin puis en tant que plaisir, et les rapports de l’enfant et de sa famille en tant que plaisir. Les questions portent sur des notions théoriques, sur le vécu et le ressenti des pratiques ainsi que sur les attentes. La phase interventionnelle (juin–octobre 2014) avait pour objectif la sensibilisation de l’équipe sur la base des résultats de la phase pré-interventionnelle. Enfin, en phase post-interventionnelle (mars–juillet 2015), une nouvelle enquête a été réalisée selon les mêmes modalités que lors de la phase pré-interventionnelle. Résultats Pour la phase pré-interventionnelle, 86 questionnaires soignants sur 95 ont été récupérés (91 %) ainsi que 55 questionnaires familles sur 58 (95 %) (40 % d’enfants de moins de 18 mois). Lors de la phase interventionnelle, dix soignants ont participés à la formation de l’institut Paul-Bocuse « Accueil et service des repas en unité de soins » spécifique aux services pédiatriques : Arts de la table, dimensions environnementales et sociales du repas, qualité du service, rôle du langage et des gestes dans la relation de service, comportement alimentaire de l’enfant et le développement du goût, notion de plaisir. Un classeur de soutien reprenant les moments forts de la formation, un livret humoristique « phrases chocs » a été mis en place pour les soignants. Un investissement matériel (vaisselle, chaises hautes,…), adapté aux enfants a été fait. Et une exposition photo d’enfants alimentés en réanimation pédiatrique a été organisée. En phase post-interventionnelle, 74 questionnaires soignants sur 84 ont été récupérés (88 %) ainsi que 39 questionnaires familles sur 40 (98 %) (20 % d’enfants de moins de 18 mois). Nous notons une augmentation de l’intégration de l’alimentation orale en tant que soin, chez les soignants, de 13 % ; du plaisir ressenti par l’enfant de 26 % selon les soignants et 29 % selon les parents ; du plaisir ressenti par les soignants de 50 % ; l’intégration de la famille dans le temps du repas de 22 % ; des scores de satisfaction globale de 24 % chez les soignants et de 10 % chez les enfants et leurs familles. Conclusion Notre étude confirme l’efficacité de ce type d’approche dans l’amélioration des pratiques et permet de redonner une dimension de plaisir à un soin habituellement technique auprès des soignants, des patients et de leurs parents. Cette méthodologie est transposable aux autres unités de soins pédiatriques. [ABSTRACT FROM AUTHOR]