Presle, N., Deng, C., Guillaume, C., Mainard, D., Pottie, P., Bianchi, A., and Kempf, H.
Bien que l'association entre le syndrome métabolique (SMet) et l'arthrose soit désormais classiquement acceptée, une meilleure compréhension des rôles respectifs et combinatoires de ses différents composants dans l'initiation et/ou la progression de l'arthrose est nécessaire pour établir de nouveaux concepts thérapeutiques. Dans ce contexte, nous avons étudié le phénotype articulaire de rats SHHF qui développent un SMet bien caractérisé. Nos travaux ont ainsi mis en évidence une arthrose sévère chez ces rats porteurs d'un SMet. Ils révèlent par ailleurs que le récepteur aux minéralocorticoïdes (RM) est un acteur essentiel dans le développement d'une arthrose métabolique puisqu'un traitement chronique par l'éplérénone, un antagoniste du RM, est capable de prévenir l'apparition des lésions articulaires dans ce modèle d'arthrose [1]. Basés sur ces résultats, nous avons cherché à établir la contribution du RM aux modifications phénotypiques des chondrocytes induites par 2 composants du SMet: la dyslipidémie et l'hyperglycémie. Des chondrocytes primaires isolés à partir de têtes fémorales de rats Wistar ou de cartilage humain obtenu après une arthroplastie totale de genou ont été stimulés par un acide gras saturé l'acide palmitique (AP, 0,1 à 0,5 mM) en présence de concentration normale (1 g/L) ou élevée (4,5 g/L) de glucose. Une stimulation à l'IL1ß a également été réalisée à titre de comparaison. La réponse chondrocytaire a été évaluée par l'étude de l'expression de marqueurs inflammatoires (COX2, mPGES, iNOS, IL1) et du remodelage de la matrice extracellulaire (TGFß, MMPs). Nos travaux montrent que l'AP induit de manière dose-dépendante l'expression de marqueurs inflammatoires et dégénératifs. La présence simultanée d'un taux élevé de glucose accroît les effets délétères de l'AP. Après avoir mis en évidence l'expression du RM dans les chondrocytes de rats, le traitement des chondrocytes avec l'éplérénone (3,10 et 30 μM) démontre les propriétés inhibitrices de cet antagoniste du RM sur l'effet inflammatoire de l'AP dès la concentration de 3 μM. Cette activité est déjà observée après seulement 6 heures de traitement et se maintient jusqu'à 24 h. Elle est cependant moins efficace pour s'opposer à l'effet pro-inflammatoire de l'IL1ß puisqu'une concentration de 30 μM est nécessaire pour réduire très transitoirement l'expression de COX-2 induite par l'IL1ß. La réponse des chondrocytes humains à l'AP et au glucose est identique à celle observée chez le rat, mais reste inchangée après un traitement à l'éplérénone. Grâce au financement par la SFR, nous avons démontré la présence du RM dans les chondrocytes de rats, suggérant ainsi un rôle local du RM dans le développement des lésions articulaires. Les effets bénéfiques de l'éplérénone sur la réponse inflammatoire et dégénérative induite par 2 composants du SMet confirment, d'une part, les données observées in vivo chez les rats porteurs d'un SMet et indiquent, d'autre part, que le RM pourrait également contribuer au développement de l'arthrose par des effets no seulement systémiques, mais également locaux. L'absence d'effet de l'éplérénone sur des chondrocytes stimulés à l'IL1ß suggère que le RM serait impliqué dans les formes d'arthrose uniquement associées au SMet. Chez l'homme, les effets de l'éplérénone ne sont pas retrouvés, indiquant qu'il existe une différence d'activité selon le phénotype des chondrocytes (sains vs arthrosiques) et/ou selon l'espèce (rat vs humain) liée ou non à une différence d'affinité de l'éplérénone pour le RM. [ABSTRACT FROM AUTHOR]