Pham, C.N., Chirayath, T.W., Castelli, F., Fenaille, F., Latourte, A., Lioté, F., Richette, P., Bardin, T., and Ea, H.K.
L'inflammation induite par les cristaux d'urate monosodique (UMS) et de pyrophosphate de calcium (PPC) dépend de l'interleukine (IL)-1β activée par l'inflammasome NLRP3. La réaction inflammatoire peut être modulée par l'alimentation, le jeûne et la restriction calorique. Déterminer si le jeûne intermittent réduit l'inflammation induite par les cristaux d'UMS et de PPC. In vivo, l'inflammation microcristalline a été évaluée dans le modèle de poche à air chez des souris mâles sauvages âgées de 8 semaines qui avaient soit un régime alimentaire normal ad libitum, soit un jeûne intermittent (JI) de deux jours non consécutifs pendant une semaine. La production de cytokines inflammatoires (IL-1β, de CXCL-1) a été dosée dans le liquide de lavage des poches et l'infiltrat cellulaire analysé par FACs et histologie (coloration H&E). Des analyses métabolomiques ont été effectuées par chromatographie en phase liquide haute performance sur des prélèvements des poches, des sérums et des foies. Les modifications des métabolites associées aux régimes alimentaires ont été analysées par le programme metaboanalyst. In vitro, les monocytes de la lignée humaine THP-1 ont été stimulés par les cristaux synthétiques stériles d'UMS et de PPC et la production de cytokines inflammatoire quantifiée par ELISA. L'inflammation induite par les cristaux d'UMS et de PPC était drastiquement diminuée par le JI par rapport au régime normal : baisse de la production de l'IL-1β (UMS 0,0 vs 30,0 pg/mL ; PPC 0,0 vs 47,5 pg/mL p < 0,0001) de CXCL-1 (UMS 67,5 vs 186,8 pg/mL, PPC 156,1 vs 549,5 pg/mL, p < 0,005) et de l'infiltrat cellulaire (nombre de cellules dans le liquide de lavage (UMS 0,2 × 10e6 vs 1,1 × 10e6 ; PPC 0,4 × 10e6 vs 2,9 × 10e6 ; p < 0,0001) et score histologique des membranes (UMS 0,6 vs 3,0 ; PPC 0,8 vs 2,7 ; p < 0,0001). La réduction de l'inflammation par le JI était associée à des modifications importantes des métabolites des membranes, du sérum et du foie. Le JI augmentait les corps cétoniques (l'acide hydroxybutyrique) ainsi que l'acide cholique, l'acétylglycine, l'acide hydroxy caproïque. En revanche, le JI diminuait les métabolites des carbohydrates (maltotriose, raffinose, mannitol), du glutamate et du semi-aldéhyde succinique. De nombreuses voies métaboliques étaient modifiées par le JI avec un enrichissement des métabolites du métabolisme de la galactose, de l'amidon, du saccharose, de l'aspartate, du glutamate, de l'alanine et de l'arginine. In vitro, la production de cytokines inflammatoires induite par les cristaux a été diminuée par une privation de sérum pendant la nuit (IL-1β : UMS 1446 vs 5464 pg/mL ; PPC 3670 vs 7797 pg/mL, p < 0,005 ; TNF-α : UMS 7,0 vs 47,0 pg/mL ; PPC 15,6 vs 89,3 pg/mL, p < 0,05 ; IL-8 : UMS 2896 vs 9781 pg/mL ; PPC 3984 vs 6820 pg/mL, p < 0,01). L'inhibition de la production d'IL-1β induite par les cristaux par la privation de sérum a été abrogée lorsque les cellules ont été traitées par 3-MA (UMS 1446 vs 4912 pg/mL ; PPC 3670 vs 9367 pg/mL, p < 0,005), un inhibiteur de l'autophagie. Le jeûne intermittent atténue l'inflammation microcristalline en modifiant de nombreuses voies métaboliques, en particulier celles associées au lipide et au glutamate. Celui-ci est un acide aminé important dans l'alimentation du cycle de Krebs en période de déplétion glucidique. Il module aussi l'inflammasome NLRP3. Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer comment les cristaux modulent son métabolisme et ses effets anti-inflammatoires potentiels. [ABSTRACT FROM AUTHOR]