Hiddou, A., Hamdani, H., Elmouaych, I., Zemmrani, Y., Ahroui, Y., Fouad, A., Bourrous, M., and Soraa, N.
Résumé Introduction Aux urgences pédiatriques, La pathologie infectieuse représente un motif d’admission fréquent, et par conséquent les antibiotiques sont fréquemment prescrits, ceci le plus souvent pour des infections respiratoires aiguës. Ces prescriptions ne sont pas sans conséquences cliniques et épidémiologiques, car même bien tolérés, les antibiotiques peuvent sur le plan individuel provoquer des effets secondaires indésirables et sur le plan collectif, Ils participent à la pression de sélection induisant l’augmentation de la résistance des bactéries aux antibiotiques les plus utilisées. Conscients de la problématique alarmante de l’antibiorésistance, ce travail a pour objectif d’évaluer la prescription d’antibiotiques aux urgences pédiatriques du CHU Mohamed VI de Marrakech. Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude prospective réalisée au service des urgences pédiatriques du CHU Mohamed VI de Marrakech sur une durée de 6 mois (juillet 2016–décembre 2016), incluant toutes les consultations pédiatriques qui ont amené à une prescription d’antibiotique. L’antibiothérapie a été considérée comme justifiée si le diagnostic établi avait une cause bactérienne ou le risque de surinfection était important en l’absence d’antibiothérapie. Une antibiothérapie était considérée abusive devant l’absence d’une infection ou quand elle est présumée non bactérienne ou devant l’absence de risque d’infection. La collecte des données a été faite à l’aide de fiches d’exploitation préétablies comportant des renseignements épidémiologiques, cliniques et microbiologiques. Résultats Durant la période de l’étude, 112 fiches ont été remplies. L’âge moyen était de 2 ans (1 j–15 ans), le sex-ratio F/M était de 1,07, un bon niveau socio-économique était retrouvé dans 65 % des cas. Le prescripteur était un résidant dans 76 % des cas. Parmi les consultants, 87,5 % n’avaient pas d’antécédents pathologiques particuliers. Le motif de consultation a été dominé par la fièvre (86 %) suivie par la gêne respiratoire (39 %). L’infection néonatale a représenté le motif le plus fréquent de prescription d’une antibiothérapie dans 34 cas (C3G + gentamicine) suivi par les infections respiratoires dans 20 cas (amoxicilline [ n = 12], amoxicilline acide clavulanique [ n = 6] macrolide [ n = 2]), les méningites dans 19 cas (C3G dose méningée) et l’infection urinaire dans 14 cas (C3G + gentamycine [ n = 10], C3G seul [ n = 3], ciprofloxacine [ n = 1]). Les C3G ont été prescrites dans 69 % des cas. La base de la prescription de l’antibiothérapie était dans 92 cas en suivant les recommandations et les protocoles du service, dans 16 cas en suivant l’avis d’un senior et dans 4 cas en suivant les résultats de l’antibiogramme. La ponction lombaire a été faite dans 23 cas, l’ECBU dans 41 cas, la numération formule sanguine et la CRP dans 104 cas, l’étude cytobactériologique d’un liquide de ponction dans 6 cas, et dans 8 cas aucun bilan n’a été demandé. Discussion/Conclusion Le choix de la molécule d’antibiotique a reposé le plus souvent sur une logique probabiliste car les éventuels résultats bactériologiques n’étaient pas encore disponibles au moment de la prescription. Cette étude a montré que la prescription des antibiotiques aux urgences pédiatriques était généralement bien cadrée vue que l’établissement de l’étude est d’ordre universitaire où les bonnes démarches sont exigées, d’autre part, les prescripteurs se sont référés à des protocoles bien codifiés reposant pour la plupart sur des conférences de consensus ou en cas de difficulté après l’avis d’un senior. En effet, la population pédiatrique comme conséquence de la prématurité du système immunitaire constitue un lit adéquat pour l’implantation des infections bactériennes souvent d’évolution sévère en l’absence d’une antibiothérapie précoce et bien adaptée. La prescription d’une antibiothérapie aux urgences pédiatrique doit résulter d’un raisonnement médical qui doit être très rigoureux du fait des implications pronostiques potentielles ou immédiates et devant conduire à une forte suspicion clinique d’infection bactérienne. Summary Introduction In pediatric emergencies, infectious pathology is a frequent reason for admission. Consequently, antibiotics are frequently prescribed, most often for acute respiratory infections. However, these prescriptions are not without clinical and epidemiological consequences, because even well tolerated, antibiotics on an individual level can cause unwanted side effects, and on the collective level that may exert a selective pressure leading to an increase in the prevalence of resistance. The aim of this study was to evaluate antibiotic prescription practices in the pediatric emergency department at the university hospital of Marrakech. Material and methods This was a prospective study carried out in the pediatric emergency department at the university hospital of Marrakech for a period of 6 months (July 2016–December 2016), including all pediatric consultations leading to an antibiotic prescription. Antibiotic therapy was considered to be justified if the established diagnosis had a bacterial cause or if the risk of bacterial superinfection was high. Antibiotic therapy was considered inappropriate in the absence of bacterial infection or when it is presumed to be not bacterial or if there is no risk of bacterial superinfection. Epidemiologic, microbiologic and clinical data were collected using pre-structured questionnaire. Results A total of 112 questionnaires were completed during the study period. The mean age was 2 years (1 day–15 years), the sex ratio F/M was 1.07, a good socioeconomic status was found in 65% of cases. The prescriber was a resident physician in 76% of cases. Among the consultants, 87.5% have no medical history. The reason of consultation was dominated by fever (86%) followed by respiratory problems (39%). The neonatal infection was the most common reason for prescribing antibiotic therapy in 34 cases (third-generation-cephalosporin + gentamicin) followed by respiratory tract infection in 20 cases [amoxicillin ( n = 12), amoxicillin/clavulanic acid ( n = 6), macrolide ( n = 2)], meningitis in 19 cases (third-generation-cephalosporin) and urinary tract infection in 14 cases [third-generation-cephalosporin + gentamycin ( n = 10), third-generation-cephalosporin alone ( n = 3), ciprofloxacin ( n = 1)]. The third-generation-cephalosporin was prescribed in 69% of cases. The antibiotic prescription was based on the recommendations and protocols of the service in 92 cases, acting on the advice of an expert in 16 cases, and on the antibiogram results in 4 cases. The lumbar puncture was performed in 23 cases, Bacteriological examination of urine BEU in 41 cases, blood count and CRP in 104 cases, cytobacteriological study of a puncture fluid in 6 cases, and in 8 cases no biological check-up was requested. Discussion/Conclusion The choice of the antibiotic molecule was based mostly on a probabilistic logic because the bacteriological results were not yet available at the time of the prescription. This study showed that the antibiotic prescription practice in the pediatric emergency department was generally well structured, probably because the establishment studied was a university hospital where good procedures are required and controlled. On the other hand, prescribers referred mostly on well-defined protocols based on consensus conferences or after consulting an expert in event difficulty. In fact, the pediatric population as a consequence of the prematurity of the immune system is a target of bacterial infections with a severe evolution in the absence of an early and well adapted antibiotherapy. The prescription of antibiotic therapy in pediatric emergencies must result from a medical reasoning, which must be very rigorous and must lead to a strong clinical suspicion of bacterial infection. [ABSTRACT FROM AUTHOR]