Pendant une année, notre famille a été domiciliée au compound diplomatique, Munsundong, Taedonggang district, à Pyongyang.Nous avons pu soulever un coin du rideau, nous glisser dans le décor, et nous vous proposons de nous suivre dans cette exploration surréaliste et souvent drôle.Libres de conduire et de circuler seuls dans la capitale la plus mystérieuse du monde, nous rapportons dans nos textes des moments forgés par un choc culturel de puissance 12 sur l'échelle de l'absurde. Une banale partie de tennis, l'achat de nouilles, une réunion de travail, un cours d'anglais, une simple conversation… Tout prête là-bas à rire ou à désespérer.Notre petite histoire s'est également frottée à la grande, quand Kim Jong-il est mort, plongeant le pays dans un deuil « terrible ». Nous vous embarquons pour une traversée du miroir, au son des chants de soldats ouvriers, des mégaphones grésillants et des roues des trottinettes de Colin et Maxime, nos enfants, sur les pavés de Pyongyang.EXTRAITQuentin raccrocha tout doucement le téléphone et regarda autour de lui. Ses collègues coréens continuaient à vaquer à leurs occupations, ils hurlaient dans le téléphone « YOBOSHO!? » (« Allô!? »), imprimaient feuille sur feuille et buvaient du thé en produisant des sons peu ragoûtants. Tout était calme. L'ingénieur d'une trentaine d'années savourait du haut de son mètre quatre-vingt-cinq ce moment de flottement avec une impression d'être le dernier homme sur terre, une boule d'excitation au fond du ventre, son cerveau en ébullition qui échafaudait mille théories sur ce qui allait advenir dans un futur proche : guerre nucléaire, coup d'État, évacuation? Il sortit de l'open space, salon d'appartement transformé pour accueillir des bureaux et passa sa tête par l'entrebâillement de la porte de Yuri, son boss. [...] Quentin, sautillant, resta debout, et annonça : « Daniel vient de me le dire par téléphone. Comme ça! Tiens, au fait! Il est mort l'autre, comment qu'il s'appelle déjà? [...]CE QU'EN PENSE LA CRITIQUEDrôle et saisissant'On a marché dans Pyongyang'nous invite à un voyage hors-norme, entre rire et stupéfaction. - BidouilleB, BabelioÀ PROPOS DE L'AUTEURAbel Meiers (pseudonyme) a, avec son épouse et ses deux jeunes fils, été parmi les onze Français qui vivent et travaillent en Corée du Nord. Pendant une année, la famille a été domiciliée au Compound diplomatique, Munsundong, Taeddongang district, à Pyongyang. Il y travaillait pour une ONG. Il y était présent au moment du décès du leader Kim Jong-il (2011) et la période si particulière du deuil national. Pour nous faire partager cette expérience et découvrir ce pays plutôt que le récit il a choisi la forme romanesque : On a marché dans Pyongyang (2015).